Billet de blog 5 mars 2020

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AUTOUR D’UN « 49-3 » DEVASTATEUR

billet de rameur qui paraîtra selon son humeur

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le  49-3 occasionne plus de remous que des crotales en furie emmêlés dans leur nid et que des hyènes romantiques en proie aux échecs amoureux. Le Premier ministre en est l’auteur fort dépourvu et la première victime, lui qui tablait sur une réforme en douceur dont aucune des étapes ne serait précipitée.

Comme le Capitaine Haddock au prise avec le crabe aux pinces d’or se demandant toute une  nuit si sa barbe devait être placée sous la couverture de ses draps ou sur celle-ci, les nuits du gouverneur Philippe ne sont pas des « nuits magiques » mais des veilles grinçantes.

Nous avons pu croire que ce 49-3 a été mis en branle par le calendrier électoral. Que nenni !

Cette fois, nous devons donner raison au député Quatennens ( c’est la seconde en fois en deux mois, serions-nous attiré par la sirènes insoumises ?)

Qui a poussé E. Philippe au 49-3 ?

Réécoutons ce député LFI du nord :

- « le 49-3, ça n’a jamais été une arme destinée à museler l’opposition, c’est une arme destinée à museler la majorité, c’est quand le gouvernement n’a pas de majorité à l’assemblée, quand il n’est pas sûr de faire adopter un texte par l’assemblée qu’il utilise le 49/3 » ces mots, monsieur le Premier ministre, ne sont pas les miens, ce sont les vôtres, datés de 2016. Puisque vous parlez d’une arme, ce LBD d’une cinquième république à bout de souffle, c’est vous qui le dégainez ! (…)[1]

. « Depuis le début de l’année, on assiste à une multiplication en cascade des démissions de parlementaires en marche. Ne sont-ce pas plutôt ces départs qui vous ont poussé au 49-3 ? »[2]

Mélenchon, sempiternel directeur de conscience.

Bien senti ! Nous aurions su mieux dire. Bien sûr, nous ne prenons pas, quant à nous, la logique d’amendement de la réforme, saupoudrée d’obstruction qui a été celle de son groupe, et encore moins, la dernière homélie mélenchonique, lequel assure : « Je me réjouis de cette immense école civique qu’aura été cette lutte depuis le 5 décembre. »[3]

Avant et après un 5 décembre

Toujours la même rengaine : le 5 décembre 2019 aurait marqué le début d’un affrontement de classe historique. Ainsi le présentait cette grève programmée trois mois à l’avance, les forces politiques « plus à gauche » qui ne jurent que par le débordement et les incantations ultimatistes. Comme Mélenchon dans un autre registre qui pensent p

Non, si on doit « dater » la dynamique ouvrière et populaire, elle a débuté en novembre 2018, en gilet jaune, en dehors de la « lutte de classe classique », c’est-à-dire, la lutte de classes encamisolée par de mauvais dirigeants confédéraux. Que ce mouvement n’ait pas été « chimiquement pur », qu’il ait commencé par un front hybride de mécontents est une chose. Sa réappropriation, par approximations, des méthodes de la lutte de classes sur son terrain direct en est une autre, à un degré supérieur. 

La réalité n’est jamais pure, prévenait Lénine[4]. C’est d’ailleurs l’ABC du réalisme, de la pratique consciente, à ne pas confondre avec le pragmatisme sans rivage, procédant d’un empirisme tout aussi « critique » que borné, du genre : « est vrai ou juste, ce qui réussit ».[5]

Les grévistes, eux, se sont battus comme des lions, contre les vents contraires de la concertation au sommet des bureaux confédéraux et des architectes de la réforme unie. C’est grâce à eux si60% des sondés veulent le retrait de la réforme, c’est encore grâce à eux si la conférence de financement explose. Ce qui ne dissipe en rien leur sentiment d’écœurement et d’amertume légitime. Ils n’ont cure de l’école de civisme dont Mélenchon voudrait être l’omnichiant directeur.

La conférence de financement explose

Dans la conjoncture immédiate, nous constatons qu’à la suite du départ des délégations FO puis CGT de l’infâme conférence de financement et de corruption, la négociation collective est arrachée aux griffes de l’État.

La réunion des seuls représentants syndicaux et patronaux n’est pas une fin en soi, mais un retour au cadre paritaire des relations sociales, selon le principe « négocier quand c’est possible, passer à l’action quand c’est nécessaire ».

Le tout serait de s’y tenir et de ne pas transformer ces réunions paritaires en une « autre conférence de financement », en sachant que dans ce dialogue social là, il y a la « charitable » et « réformatrice » direction de la CFDT, sempiternel cheval de Troie.

Ce réalignement du dialogue social interprofessionnel est-il la rançon du 49-3 ? Nous ne le pensons pas. C’est la moisson de l’explosive tension sociale à tous les niveaux de la société. Cela peut encourager tous les syndicalistes à ne point relâcher leur surveillance sur leurs bureaux confédéraux.

Nous sommes pris dans le tourbillon d’un suspens.

Rien ne peut nous griser, mais rien ne saurait nous distraire de notre volonté politique : destituer et/ou renverser Macron et toutes les réformes, nous  frayer un chemin vers une politique ouvrière démocratique au service de la population et de ses besoins vitaux. Que vive la république des travailleuses et des travailleurs, que vive la démocratie la plus complète.

Haut les Cœurs !

[1] https://youtu.be/NDbbYSgFYrs Le 49-3 : seul contre tous ! | Adrien Quatennens-  0’03’’

[2] Idem : 1’48’’

[3] «Vous ne viendrez jamais à bout de nous» - Motion de censure contre le gouvernement  https://youtu.be/Gzhv0ylYuwY  7’38’’

[4] Lénine affirmait :« ni dans la nature, ni dans la société, les phénomènes purs ne peuvent exister »-6 Dans la brochure « La faillite de la deuxième internationale ». Editions sociales, Paris 1953. Page 37.

[5]  Nous nous inspirons ici librement d’une brochure de vulgarisation de Jean-Marie Brohm – « Qu’est-ce que la dialectique ? ». Editions Savelli, 1976. Page 141

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