Pour les aides- soignants, pour les femmes de ménages des hôpitaux, le confinement confine à la barbarie. Nous sommes à mille lieux des bureau des éditorialistes patentés qui pourchassent les internautes soi-disant populistes-poujadistes, entre deux relevés de compteur du nombre de morts et contaminés.
Ce confinement qui confine à la barbarie.
Les personnels soignants de certains hôpitaux n’ont pas de masques. Pour chaque soin, ils doivent revêtir une combinaison. Ils entendent les cris des personnes agonisantes qui n’ont pu être soulagés par des piqûres. Ils découvrent des malades pris dans leurs excréments. Quant aux femmes de ménage, elles ne font pas partie du personnel hospitalier. Depuis plusieurs années, elles sont salariées d’entreprises de nettoyage plus ou moins esclavagistes[1]. Toutes et tous sont exposés à la contamination. Ceux qui ont un mandat syndical cessent de prendre leurs heures de délégation ou de décharge syndicale afin de palier comme ils peuvent le manque hurlant d’effectifs. Pendant leur service, pas de casse-croûte pendant douze heures de rang. En rentrant chez eux, en banlieue, ils croisent les sans-abri et discutent avec eux. Besoin de parler, plus que jamais. Ils remercient chaleureusement le vendeur de casse-croûte, au pied de l’hôpital : « nous faisons partie de la même chaîne ».
Cette chaîne qui, du Professeur au patient ou du soignant sans-grade au médecin urgentiste ou au chirurgien.
« Gestion à flux tendu », « Tout ambulatoire »
Cela fait bien trop longtemps que les hôpitaux sont gérés comme des trusts ; Le critère de rentabilité a supplanté toute notion de service public au service du public. Du coup, le secteur hospitalier n’est plus à même de faire face aux épidémies les plus courantes, aux effets des grandes canicules. La règle d’or est le « flux tendu » et le « tout ambulatoire ». Sous la haute surveillance des Agences régionales de Santé, gendarmes de la santé. Macron n’aura fait qu’amplifier ce phénomène en soi catastrophique. Il ne lui reste, à ce cannibale, qu’à s’obstiner à faire des soignants des héros. [2]
Sur le plateau de BFM, le porte-parole de l’Association des médecins urgentistes- Christophe Prudhomme, fustige la « gestion de crise » du pouvoir : « il faudra que les grands responsables passent à la caisse et payent », il poursuit
« A quoi sert l’Europe aujourd’hui ? Aucune coordination des pays européens, les frontières se ferment » « c’est la réalité, nous choisissons les patients qu’il faut mettre en réanimation, et ça, c’est dû à l’incurie du gouvernement et il y a des responsables politiques, des responsables médicaux, des responsables administratifs qui nous ont mis dans cette situation aujourd’hui. » Il rappelle encore que 100 000 lits ont été supprimés en 15 ans.
Le perroquet de Macron, Christophe Barbier, se répand en justifications foireuses. Son message est : laissons la commission d’enquête parlementaire ad-hoc faire le « retour d’expérience » (sous l’égide de Ferrand !) et surtout, ne recherchons pas les coupables. Ce vilain Barbier peut arguer que les opposants de sa Majesté ne veulent surtout pas que l’on remonte la chaîne des responsabilités : tous les gouvernements depuis au moins 15 ans, tous les ministre successifs de la santé seraient incriminés. Oui, il faudra qu’ils payent !
N’hésitons pas à signer la pétition pour les 600 et à la partager
A SUIVRE, A DEBATTRE
[1] Auparavant, le personnel de nettoyage était intégrés à l’APHP, comme « agents des services hospitaliers » ASH.
[2] Référence à avant-dernier couplet de l’Internationale : « Appliquons la grève aux armées /Crosse en l'air et rompons les rangs ! /S'ils s'obstinent ces cannibales/ A faire de nous des héros/Ils sauront bientôt que nos balles/Sont pour nos propres généraux ».