Voilà 10 mois que le Ministère de la Santé s'agite à propos de ce virus et de la manière de la combattre, 10 mois que le Ministère à choisi de se passer de ses soignants de premiers recours avec au premier plan les pharmaciens, les infirmières libérales et les médecins généralistes, 10 mois pour comprendre l'échec de sa stratégie et demander, le dos au mur, aux professionnels de terrain de lui venir en aide: subitement il vont savoir partager les doses et respecter la chaîne du froid...
Mais il est trop tard, l'épidémie est passée et la deuxième vague attendue risque fort de ne pas se manifester; pour l'heure les spécialistes en médecine générale font face à une épidémie de gastro-entérites ! Certes le virus se rappellera à notre bon souvenir l'hiver prochain mais il sera pris en charge dans le cadre de la grippe saisonnière comme tous les ans, dans le calme et le professionnalisme des acteurs du premier recours où pharmaciens, infirmier(e)s et médecins généralistes participent à la vaccination de 20 millions de français.
Quand on contemple la gabegie pour ne pas dire l'énorme gâchis financier de cette campagne de vaccinations avec les commandes aux laboratoires annulées qu'il faudra pourtant bien indemniser, les millions de boîtes de TAMIFLU (on parle du tiers du stock mondial) achetées, les milliards de masques, les millions de français déplacés parfois à plusieurs dizaines de kilomètres de leur domicile, les files d'attentes de plusieurs heures, les personnels réquisitionnés, la location des salles, les frais de publicité dans tous les médias ... pour arriver dans la souffrance et le désordre à ne vacciner que 5 millions de français. Et encore les plus fragiles, tous ceux qui ne peuvent se déplacer ont été initialement écartés pour secondairement envisager de les amener aux centres en ambulance aux frais de la sécu pour un coût au moins 6 fois supérieur à une visite de généraliste que certains syndicalistes, personnalités politiques et journalistes salissent à cette occasion dans leur honneur ...
Toute cette agitation pour n'assurer la protection que du quart de la population habituellement vaccinée tous les ans sans "tambours nitrompettes" par les soignants de premiers recours: pour une somme dérisoire chez les infirmier(e)s et souvent gratuitement chez leur généraliste la vaccination faisant partie d'une consultation pour le renouvellement d'un traitement chronique !
Il est facile de comprendre alors l'écœurement des acteurs du premier recours, et notamment quand il sont de surcroît diffamés comme ce matin sur une radio nationale où la journaliste santé (Hélène CARDIN) déclarait que les généralistes avaient réclamé de vacciner dans leurs cabinets ayant «réalisé le manque à gagner» de la vaccination en centres dédiés. Elle faisait là écho à un leader syndical (François CHEREQUE) qui lui avait dit que les médecins généralistes voulaient le faire « pour le pognon ».
J'attends l'éventuelle enquête parlementaire (La Sénatrice Muguette DINI de la commission des affaires sociales s'y est engagée) qui évaluera les responsabilités et les coûts des divers acteurs de ce psychodrame habituel au pays des Shadocks et de l'irréductible village Gaulois !
Dr Marcel GARRIGOU-GRANDCHAMP, UNION GENERALISTE
Voir aussi:
- La grande cacophonie de la vaccination contre la grippe A H1N1 en France
- Ne pas associer les généralistes, « une faute très lourde » selon François Bayrou
- et le communiqué du PS en fichier attaché.