Billet de blog 19 janvier 2011

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Marcel Garrigou-Grandchamp

Médecin Spécialiste en Médecine Générale

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Manifeste pour la dignité en fin de vie

Je me permets De diffuser ci-dessous le "MANIFESTE CITOYEN POUR LA DIGNITE EN FIN DE VIE" ( coordonnées internet du site du Collectif «Plus Digne la Vie») en réponse à l'adoption par le Sénat en commission mardi 18 janvier 2011 d'un texte visant à légaliser l'euthanasie active (article d'Alexandra Guillet sur LCI) En avril 2008, j'avais écrit ceci: « "suicide assisté" cette expression qui alimente la confusion»

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Je me permets

De diffuser ci-dessous le "MANIFESTE CITOYEN POUR LA DIGNITE EN FIN DE VIE" ( coordonnées internet du site du Collectif «Plus Digne la Vie») en réponse à l'adoption par le Sénat en commission mardi 18 janvier 2011 d'un texte visant à légaliser l'euthanasie active (article d'Alexandra Guillet sur LCI)

En avril 2008, j'avais écrit ceci: « "suicide assisté" cette expression qui alimente la confusion»

Avec mon expérience de médecin de terrain, je pense que cela reste en grande partie d'actualité et je le constate tous les jours dans mon exercice:

> Les patients en fin de vie et ou en phase terminale ont besoin d'accompagnement et d'accompagnants,

> La législation est mal connue y compris dans le corps médical qui ne s'est pas suffisamment approprié la Loi dites Leonetti.

> Il faut sûrement améliorer la formation notamment juridique des soignants qui en dehors des services spécialisés ne connaissent les textes en profondeur.

> L'accès aux services de soins palliatifs ou aux réseaux de soins palliatifs n'est pas toujours très rapide et le spécialiste en médecine générale se trouve confronté à la gestion du temps et de l'évolution de la maladie ou du bon moment pour solliciter leur intervention.

> Je défends aussi la notion de lits réservés aux soins palliatifs dans tous les services recevant des patients souffrant d'affections potentiellement létales: cancérologie, réanimation, gériatrie ...

Tout cela pour dire qu'il n'y a pas forcément urgence à encore légiférer mais déjà à bien se servir de l'existant.

Je laisse la parole au collectif:

« Le Manifeste

Manifeste citoyen pour la dignité de la personne en fin de vie

Nous sommes des citoyens attachés à la dignité de l’être humain telle qu’elle est affirmée dans l'article premier de la Déclaration universelle des droits de l'homme : « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité. »
Nos convictions politiques, philosophiques ou religieuses sont aussi variées que représentatives de la diversité d’opinion de notre société. Mais nous sommes convaincus que tout dispositif législatif visant à reconnaître un droit à une injection létale et/ou à un suicide assisté constituerait un contresens grave faisant courir des risques aux plus vulnérables et aux plus démunis d’entre nous. À ce moment ultime de la fin de vie, ce droit présenté comme une liberté ignore que l'approche de la mort bouleverse souvent les anticipations les plus radicales.
Alors que notre pays s’apprête à débattre du financement de la dépendance, de l’effort qu’elle va représenter pour les plus jeunes et les générations futures, notre vigilance est un impératif. Elle commande de ne pas se donner des moyens législatifs qui pourraient être détournés à des fins de pression sur des personnes dépendantes, auxquelles on présenterait la mort choisie comme une solution citoyenne généreuse. De plus, confier aux professionnels de santé la fonction spécifique de pratiquer des injections mortelles sur les lieux mêmes où ils soignent, s’avère contraire à leur mission. Une telle position les exposerait au risque de substituer le pouvoir de faire mourir à celui d’un acharnement thérapeutique si redouté. Les médecins y ont sagement renoncé. Aucun motif ne saurait autoriser quiconque à décider qu’une vie ne vaut pas la peine d’être vécue. Dans l’expérience unanime des soignants, la personne en fin de vie sollicite plus que tout, une présence humaine partagée.
Nous considérons que la France, en se dotant de lois reconnaissant le droit à mourir soulagé et accompagné (loi du 9 juin 1999 visant à garantir le droit à l’accès aux soins palliatifs) et le droit à mourir sans subir d’obstination déraisonnable (loi du 22 avril 2005 relative aux droits des malades et à la fin de vie), répond de manière adaptée à de légitimes besoins. C’est notamment le cas pour des personnes en phase avancée ou terminale d’une affection grave et incurable, ainsi que pour des patients maintenus artificiellement en vie dans des situations parfois provoquées par les avancées des techniques biomédicales. Le législateur a également pris en compte le désir des malades qui ne sont pas en fin de vie et refusent tout traitement, les laissant juges de ce qui leur convient.
En sauvegardant la dignité des malades et en garantissant des procédures d’arrêt de traitement transparentes et collégiales, la législation française est la plus avancée au monde. Ouvrir un droit à la mort serait la remettre en cause et constituerait une régression éthique, sociale et médicale .
Nous considérons que le dispositif français actuel (notamment la loi du 22 avril 2005 relative aux droits des malades et à la fin de vie), bien qu’ayant pour vocation d’inspirer de nombreux autres pays, n’est malheureusement pas suffisamment connu et mis en œuvre en France même. Plutôt que de vouloir légaliser des pratiques euthanasiques, nous affirmons que la priorité et le devoir des décideurs politiques devraient être de favoriser l’application de la loi en assurant un égal accès de tous les malades qui en éprouvent le besoin aux soins palliatifs, ainsi qu’une meilleure prise en charge spécifique des situations les plus complexes. 12 janvier 2011 »

Adresse pour signer le manifeste

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