Billet de blog 21 avril 2008

Dominique Dupagne
Médecin généraliste
Abonné·e de Mediapart

La médecine générale, c'est fini.

Dominique Dupagne
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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Cet article n'est pas un cri pour obtenir une quelconque faveur ni même justice. C'est un constat, un triste constat.

Les coups de boutoir successifs de Philippe Douste-Blazy, Xavier Bertrand et Roselyne Bachelot contre la médecine générale ont obtenu sa disparition programmée. C'est terminé, les généralistes actuels, surtout ruraux, sont en voie d'extinction(1).

Et ce n'est pas pour une question de rémunération, de considération, ni même de statut. Certes, continuer à faire reposer sur les seuls généralistes la charge de la gestion de l'urgence en ville constitue un repoussoir efficace pour les jeunes générations élevées aux 35 heures.

Le moteur principal est la formation initiale, comme souvent : les généralistes n'ont obtenu, depuis 20 ans, que des strapontins à l'université : pas d'enseignants titulaires, quelques postes de similiprofesseurs. Les moyens attribués à l'enseignement de la médecine générale, qui représente 50% des effectifs, ne constituent que 10% de ceux de chacune des autres spécialités médicales ou chirurgicales. Les étudiants, exclusivement formés à l'hôpital, ont de la médecine générale l'image peu gratifiante qui leur a été transmise par les spécialistes hospitaliers.

La médecine générale n'a pas l'exclusivité des promesses ministérielles non tenues, mais il y a une donnée incontournable : il faut environ 10 ans pour former un généraliste. Or faute d'enseignement, de possibilité de carrière universitaire susceptible d'attirer les élites, la médecine générale est fuie par les étudiants qui trouvent des moyens divers pour contourner cette spécialité : redoublement, activité professionnelle alternative, validation d'un diplôme qui ne sera finalement jamais utilisé.

Quand bien même la ministre tiendrait-elle ses promesses ce jour, qu'il serait déjà trop tard. D'ailleurs, les enseignants en CDD démissionnent. Contrairement à d'autres universitaires pas beaucoup mieux lotis, ils ont un autre métier qui peut les faire vivre.

Si j'écris cet article, ce n'est pas pour demander à s'apitoyer autour d'un cercueil. C'est pour dire que certains ne baissent pas les bras : il faudra reconstruire cette spécialité sur ses ruines, utilisons les 15 ans que durera l'agonie pour réfléchir à la forme que pourrait prendre la médecine générale de demain, car il ne peut y avoir de médecine efficace sans praticiens au coeur des familles et à la croisée des autres spécialités. Ceux qui sont intéressés peuvent en discuter ici.

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