Médecins, soignants, directeurs et fonctionnaires de la fonction publique hospitalière avaient ce matin un premier rendez-vous sur le salon professionnel Hôpital Expo avec la toute nouvelle ministre des Affaires sociales et de la Santé. Pour ce premier tour de piste Marisol Touraine, a choisi de réaffirmer la valeur du service public hospitalier en rappelant que « l'égalité d'accès aux soins, la non-sélection des patients, l'offre de qualité pour tous et la réponse à l'urgence » seront au cœur de son action.
Au-delà des grands principes, Marisol Touraine qui n'a pas la réputation de contourner les difficultés, a clairement posé son diagnostic et la manière dont elle allait s'y atteler. Sa priorité : l’épineux dossier des dépassements d'honoraires excessifs et incompatibles avec les valeurs du service public, pratiqués dans le privé voire parfois dans le public. « Le premier engagement que je porte est celui de l'accès aux soins dont aucun de nos concitoyens ne doit être privé », a scandé la nouvelle ministre qui prône un système de santé plus juste, l'un des engagements du nouveau chef de l'État. Des dépassements jugés « insoutenables pour les patients » et qui « conduisent à des renoncements aux soins » comme l’affirmait François Hollande pendant sa campagne. En promettant d’encadrer « fermement par spécialité et par région » ces dépassements, le nouveau gouvernement entend aussi limiter l’installation des médecins de secteur II dans les régions où les praticiens sont déjà les uns sur les autres. Mettre d’accord l’assurance maladie, les médecins et les mutuelles avant l’automne ne va pas être une mince affaire.
Un terrain miné pour Marisol Touraine qui démarre courageusement sur un sujet où plus d'un gouvernement s'est cassé les dents. Les âpres négociations sur les dépassements d'honoraires menés ces dernières années par le gouvernement Fillon avec notamment les médecins spécialistes de bloc opératoire n'ont pas réellement abouti. L'ancienne équipe n'est pourtant pas bredouille. Un décret publié le 22 mars dernier oblige désormais les mutuelles à rembourser des dépassements plafonnés. La Mutualité française et plusieurs organisations syndicales avaient alors estimé que « le gouvernement faisait clairement le choix de légitimer la logique inflationniste des dépassements d’honoraires », après avoir rappelé que « les dépassements d’honoraires médicaux représentent un coût de 2,5 milliards d’euros […] et [que] le renoncement aux soins concerne plus de 20% de nos concitoyens ».
Le nouveau gouvernement change de braquet et décide de s'attaquer aux symptômes refusant de se limiter à panser les plaies. La justice sociale invite aussi les médecins et notamment les chirurgiens à devenir plus raisonnables dans leurs rémunérations. Les traitements existent : la formule homéopathique par voie d’accord conventionnel lorsque les négociations sont possibles et que la bonne volonté est établie de part et d'autre, ou bien le traitement de choc avec un principe actif qui a déjà mainte fois démontré son efficacité : le fameux projet de loi de financement de la sécurité sociale qui permet au législateur de décider des objectifs, fixant d'une année sur l'autre les nouvelles règles du jeu. L’été sera chaud pour les syndicats médicaux !