Nous ne sommes pas en milieu rural au fond d'un "désert médical" mais en pleine ville de plus de 100 000 habitants. Au bout du téléphone une patiente un peu angoissée son père sans médecin traitant (suivi uniquement par des spécialistes hospitaliers) doit revenir à domicile, en HAD [1]:
« Allo Docteur je cherche un médecin généraliste qui accepterait de venir à domicile pour suivre mon papa dans le cadre d'une HAD et j'ai beaucoup de difficultés à en trouver; j'ai demandé à la pharmacie qui m'a donné une liste avec seulement 11 médecins qui acceptent encore de se déplacer ... »
« Je suis vraiment désolé Madame, je suis un fervent défenseur du maintien à domicile mais mon planning pour ce type de suivi "explose" et je ne peux accepter de nouveaux patients d'autant plus que la municipalité ne nous facilite pas la tâche, nous avons beaucoup de difficultés pour nous déplacer et stationner et nous sommes très fréquemment verbalisés en exercice ! »
Sur la partie de cet arrondissement de Lyon nous sommes 4 généralistes de moins qu'il y a 25 ans alors que la démographie est plutôt à la hausse: c'est un quartier résidentiel et chaque villa qui disparaît est remplacé par un immeuble.
Il suffit de regarder la pyramide des âges des médecins généralistes en exercice et le rapport installation en libéral/MG thèsés pour se rendre compte de la catastrophe sanitaire qui se profile:
- Le plus grand nombre de MG ont entre 50 et 60 ans
- En 20 ans le rapport installés/Thésés est passé de 8/10 à à 2/10, les jeunes médecins préférant le salariat beaucoup plus tranquille et lucratif.
Un Confrère résume la situation ainsi: « nous fonçons droit dans le mur, et en klaxonnant » se plaît-il à répéter !
[1] HAD: Hospitalisation A Domicile.