AVANT PROPOS
Cet article étant le sixième de l'édition ‘'Ressourcer la révolution'', pensons au lecteur qui ‘'débarque'' : commençons donc par résumer ce qui précède.
D'abord, pourquoi ‘'Ressourcer la révolution'' ?
La réponse est assez évidente : 1917 ayant (entre autres !) accouché d'un Poutine, mai 68 d'un Sarkozy... ; bref, l'histoire de la révolution étant aussi celle de toutes ces navrantes histoires qui épouvantent tous ceux qui veulent vraiment changer le monde, ce qui en effet s'impose aujourd'hui à la révolution est de se ‘'ressourcer''.
C'est-à-dire ?
Or, oui ou non,
1° ceci sauf à défendre l'‘'idée'' qu'en toute chose, ce peut être à quelques uns (par exemple un ‘'Bureau Politique'', un ‘'Comité Scientifique'', un ‘'Conseil d'Experts'', un ‘'Parti''...) de décider pour la société TOUT ENTIERE (comme ce fut le cas en URSS de 1917 à 1989, et -jusqu'à aujourd'hui- en Tunisie, en Egypte, en Libye ; et comme c'est toujours le cas en Chine depuis 1949) ;
2° ceci sauf à DEMONTRER que le marché (entendons-nous, le marché comme instrument de l'expression de la VOLONTE GENERALE) n'est pas la ‘'formule'' la mieux à même de permettre la gouvernance PAR ELLE-MÊME de la société TOUT ENTIERE ;
3° ceci sachant qu'en économie capitaliste de marché, la production c'est ‘'la production monétaire'', savoir la production des biens avec un prix, ceci DES AVANT MARCHE (et ceci pour logiquement permettre le jeu de l'offre et de la demande sur le marché -l'une et l'autre étant en effet toutes deux des fonctions de la variable ‘'prix'') ;
4° ceci sachant en outre qu'en l'état actuel de leur MECONNAISSANCE (voyez l'état de la ‘'science économique'' !), ‘'la production monétaire'' c'est des LOIS qui condamnent l'économie au chômage MASSIF (d'où TOUS les problèmes économiques qui aujourd'hui, DE L'INTERIEUR, ravagent les économies de TOUS les pays) ;
oui ou non disions-nous donc, la révolution du capitalisme n'étant conçue que comme cela : 1) l'''éradication'' des ‘'capitalistes'', 2) l'appropriation du produit par ses seuls producteurs, qui peut croire qu'à elle seule (et quand bien même ce qui soit justifié soit qu'on puisse la dire telle) cette REELLE moralisation du capitalisme signifiera qu'on aura DEFINITIVEMENT rompu avec lui ?
Précisément, LE problème de la révolution étant donc AUJOURD'HUI de la ‘'ressourcer'', c'est justement à la connaissance des LOIS de ‘'la production monétaire'' que ‘'Ressourcer la révolution'' se propose de contribuer.
A cet égard, ce que ‘'Ressourcer la révolution'' a montré à partir de l'exemple de la crise de 2008 étant successivement que : 1) la Crise c'est ‘'le n'importe quoi de la monétisation du réel'', 2) le n'importe quoi de la monétisation du réel, c'est la dichotomie réel/monétaire, 3) la bonne monétisation du réel c'est (justement) le respect des LOIS de ‘'la production monétaire'',
ce que ‘'Ressourcer la révolution'' va maintenant montrer est que :
- la bonne monétisation du réel, c'est la neutralisation des profits ‘'rémanents'' des entreprises,
- la neutralisation des profits ‘'rémanents'' des entreprises, c'est la REFORME des banques.
*
Commençons par cette définition : les profits engagés par les entreprises dans l'amortissement de leur capital fixe, profits qu'elles... reconstituent à l'instant même où elles les... dépensent ! (d'où le chômage, d'où... la crise -cf. le 4° du précédent article), ces profits sont leurs profits ‘'rémanents''.
Aussitôt, la solution de la crise systémique du capitalisme est... évidente. Ainsi, si l'on dit que pour mettre un terme au chômage (et donc à la Crise), ce qu'il faut faire, c'est neutraliser les profits ‘'rémanents'' des entreprises, cette neutralisation se traduisant pour les entreprises par la possibilité de former dans la même mesure des salaires supplémentaires, n'en résultera-t-il pas en effet qu'alors, elles pourront employer tous les ‘'travailleurs'' qu'auparavant (aussi longtemps que leurs profits ‘'rémanents'' n'étaient pas touchés) elles pouvaient laisser ‘'en jachère'' ? De proche en proche, sans le moins du monde intervenir sur le marché, le chômage et la Crise ne seront-ils pas exactement (avant marché !) comme tués dans l'œuf'' ?
Sauf qu'à cet endroit, la difficulté ne tarde pas à rebondir...
Soit la totalité des profits des entreprises. Très clairement, la question qu'ils posent est la suivante : comment faire le départ entre ceux qu'elles détiendront légitimement et ceux qu'elles détiendront abusivement, ceci au motif qu'ils ne seront que l'anormale reproduction de ceux de leurs profits qu'elles auront dépensés pour amortir leur capital fixe (justement, leurs profits ‘'rémanents'') ? C'est qu'en effet, les productions des entreprises relevant de l'amortissement de leur capital fixe ne peuvent pas être détectées ‘'par lecture directe'' : quand bien même une entreprise ne produirait que des profits (puisque, amortissant du capital fixe, elle ne produit que pour elle-même), évidemment, cette entreprise, formant des ‘'salaires'' ‘'contre'' cette production, les droits au produit qu'elle aura formés seront des droits qu'elle partagera avec tous les autres ‘'titulaires de revenus'' (au premier rang desquels, les salariés) !
Tout cela veut dire que si l'on veut accéder aux profits ‘'rémanents'' des entreprises, ça n'est qu'indirectement que l'on pourra le faire...
A cet égard, le ‘'principe'' sera ‘'évident'' : les entreprises ne pouvant pas elles-mêmes se prononcer sur la nature de leurs profits (sont-il légitimes ? ne le sont-ils pas ? -cette question se posant du fait de la ‘'perverse'' mécanique de l'amortissement du capital fixe), les titulaires de revenus ne le pouvant pas non plus (en la matière -celle de la fixation des prix, et donc des profits- leur pouvoir est ‘'par construction'' nul), en effet, il n'y aura pas d'autre solution : il faudra se tourner du côté des BANQUES.
(à suivre)
Jean Tramuset