Billet de blog 21 octobre 2010

Geneviève Sabathé

Abonné·e de Mediapart

Has been, la classe ouvrière ?

Geneviève Sabathé

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Ben mon cochon, dire qu’on la croyait morte et enterrée, cette bonne vieille classe ouvrière, sous les statistiques et la novlangue économique ! Et la voilà qui émerge du bitume dans une envolée de fumigènes rouges!

Blocage de ceci, blocage de cela. Une capacité de blocage, mes enfants… Maousse !

Eh oui, les ouvriers sont bien vivants ! Et ils travaillent ! Les inutiles s’avèrent indispensables ! Il y aurait bien quatre ou cinq millions de cols bleus en France. Bien sûr, on ne les voit guère sur les écrans des grands médias. Pas assez glamours avec « leurs fins de mois qui sonnent clair » comme chantait Ferrat.

Pas des gueules de rêve! Mais ces temps-ci, des gueules à faire rêver d’un autre monde ! Ils nous éclairent l’avenir, ces mectons, dans leurs gilets fluorescents. Ils nous montrent le chemin de la révolte et de la dignité.

Les repus, les satisfaits, les en-chapeautés des champs de courses, les pickpockets en col blanc, les députés avocats d’affaires n’en reviennent pas. La classe ouvrière ? Un produit périmé ! Invendaaâble !

Seulement voilà, quand la classe ouvrière se rebiffe, les rues sentent la poubelle, les voitures n’ont plus d’essence, les radiateurs n’ont plus de gaz, les hypermarchés n’ont plus de produits, les enfants n’ont plus de cantine, les espaces verts n’ont plus de jardiniers… Même les sénateurs n’ont plus de domestiques.

Franchement, elle revient de loin, la classe ouvrière ! Le milliardaire américain Warren Buffett, à CNN en mai 2005, ne lui laissait aucune chance : « Il y a une guerre des classes, c'est un fait, mais c'est ma classe, la classe des riches, qui mène cette guerre, et nous sommes en train de la gagner. »

C’est vrai, c’est la guerre ! En Angleterre, le gouvernement Cameron (droite dure associée à une sorte de doublure de notre Bayrou) vient d’annoncer le plan le plus violemment antisocial depuis Margaret Thatcher. En Espagne, en Italie, au Portugal, les fonctionnaires, les chômeurs, les familles, vont trinquer. En Irlande, le plan d’austérité mis en place, dès la menace de déclassement par les agences de notation, a mis le pays en faillite provoquant un véritable exode des jeunes irlandais diplômés sans emploi. Quant à la Grèce, elle n’en finit plus de lécher ses plaies. La guerre contre les pauvres gagne partout !

L’Europe des pauvres, à genoux, nous regarde et espère. Les Français, ces amateurs de révolution, sauront-ils tenir ? Redonneront-ils du courage au-delà des frontières ?

La classe ouvrière, la moribonde ressuscitée, détient une bonne partie des réponses. Les classes moyennes suivront-elles ?

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