Billet de blog 13 février 2025

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François Lanstroffer

Conférencier et penseur en résilience dans un contexte de crise systémique mondiale

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La démocratie pourquoi faire ?

… La démocratie est-elle la meilleure des réponses à la crise actuelle ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Ces questions peuvent sembler iconoclastes et pourtant elles s’imposent en ce début de crise systémique.

Car force est de constater que la maison Humanité doit combattre simultanément plusieurs départs de feux :

  • Effondrement écologique et multiplication des accidents climatiques
  • Montée des tensions internationales
  • Explosion des inégalités et des exclusions
  • Affaissement démocratique et arrivée au pouvoir de dirigeants de plus en plus autoritaires
  • Stagnation économique et paupérisation des services publics
  • Difficulté croissante à vivre ensemble

Face à toutes ces urgences, les palabres, les compromis d’appareils, les petits pas, les « en même temps » ne sont plus de mise. Il s’agit enfin de changer vite et radicalement de modèles de sociétés en apprenant à sublimer les égoïsmes. Le temps nous est compté.

Or, si une gouvernance démocratique semble théoriquement la plus indiquée en période calme pour mobiliser l’intelligence collective… Qu’en est-il en période de déferlantes ?

La France qui souffre notoirement d’un déficit de culture et de pratiques démocratiques (*) peut-elle subitement refaire son retard au moment de passer le cap Horn ?

(*) Voir le classement de la France selon l’indice de démocratie publié par the Economist intelligence unit

Ne vaut-il pas mieux s’en remettre à un leader charismatique, à un chef d’armée, à un Trump ?

La question peut sembler purement rhétorique mais reconnaissons qu’elle fait son chemin chez de plus en plus de terriens qui n’en peuvent plus de l’enfumage et de l’incurie des apparentés sociaux-démocrates.

Mais attention danger. Si les élus ont souvent du mal à prendre la sortie, il en va de pire avec les autocrates car ces derniers prennent toujours le soin de détruire les contre-pouvoirs qui les gênent.

Et une fois installé, difficile de se débarrasser d’un régime totalitaire.

Aujourd’hui, se poser la question de la démobilisation croissante des électeurs (notamment jeunes) et de cette lassitude démocratique, c’est accepter d’entendre « Pourquoi faire ? Puisque rien ne change ».

Alors, comment apporter des réponses radicales et quelque part brutales aux défis climatique, social, économique sans renoncer à l’idéal démocratique ?

Sur le principe, il s’agit d’arrimer les principes démocratiques à une vision et à une trajectoire, porteuses d’avenir et donc de sens qui s’imposent à tous non par la force mais par l’évidence.

Or, un projet de société fondé sur la recherche de résilience inclusive pourrait constituer cet eldorado stimulant, ce cap mobilisateur.

Car concrètement, une société fondée sur la résilience s’organiserait et se mobiliserait démocratiquement autour de 4 grands principes : Le bien-être collectif, la sobriété, l’autonomie et la solidarité. Qui n’adhérerait pas à cette promesse de valeur ?

Reste que pour être audible du grand public, cette vision devrait être portée par un collectif constitué de personnalités éclairées qui acceptent de mettre en commun leurs compétences et leur notoriété : Économiste, sociologue, climatologue…

En attendant Godot… Si l’union fait la force, constatons qu’aujourd’hui les bonnes volontés avancent en ordre dispersé ; chacune et chacun dans son couloir cherchant à pousser son agenda et à développer son fan club : Moi, c’est Salomé, moi c’est Camille, moi c’est Aurélien, moi c’est Cyril, etc.

Résultat, toutes ces belles pensées restent aux mieux largement inconnues du grand public et au pire cacophoniques. Quel dommage car pendant ce temps, le prénom Jordan fait fureur.

En ces temps tempétueux, la démocratie ne devrait plus être considérée comme un totem, un horizon indépassable, une finalité mais plutôt comme un formidable propulseur au service d’un cap, d’un horizon collectif. L’affirmation de cette vision porteuse d’avenir constitue la condition préalable de tout ressaisissement démocratique.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.