Billet de blog 19 mai 2025

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François Lanstroffer

Conférencier et penseur en résilience dans un contexte de crise systémique mondiale

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Municipales 2026 : Analyse des résultats

Ces élections en France viennent confirmer la vague réactionnaire observée dans de nombreux pays. Tu peux pleurer charmante Elvire. Les loups ont envahis le pays.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

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Bilan de campagne pour les principaux partis (*)

  • Le RN et LRetaillaud -en surfant sur la montée des anxiétés et les ressentiments- raflent la mise. Ces élections consacrent la banalisation des idées réactionnaires
  • LFI bénéficie de son positionnement de gauche de rupture avec les politiques libérales et du profil de ses candidats issus des rangs des premiers de corvée
  • Le PS perd nombre d’élus et paie en cela son image de parti de notables. Les socialistes élus l’ont été grâce au soutien de LFI et des écologistes (accords locaux)
  • Les écologistes conservent les métropoles conquises en 2020 mais ne progressent pas dans le reste du pays
  • Les candidats Renaissance et Modem -associés au bilan d’Emmanuel Macron- sont laminés

(*) De nombreux candidats ont choisi de se présenter en candidats libres que ce soient pour des motifs idéologiques (LR) ou tactiques (PS et centristes)

Éléments de contexte. La poussée réactionnaire et populiste s’observe depuis plusieurs années dans de plus en plus de pays : USA, Israël, Autriche, France, Allemagne, Inde, Turquie, Roumanie… et c’est sans compter les dictatures éprouvées : Chine, Russie, Corée du Nord, Iran…

Comment expliquer cette poussée ?

Le vote réactionnaire -lorsqu’il est librement exprimé- peut résulter de plusieurs facteurs cumulables : Dégradation objective des conditions d’existence, perte d’identité, porosité aux fake news…

Deux causes semblent pourtant récurrentes et universelles.

L’anxiété. De plus en plus de nos contemporains se sentent en panne d’avenir avec la conviction que demain sera pire qu’aujourd’hui pour soi et ses proches. Ce sentiment s’observe surtout dans les pays les plus développés ; livrés à une mondialisation libérale et à une culture qui tendent à les déclasser.

Pire, la crise systémique (écologique, géopolitique, économique, sociale, démocratique) qui apporte chaque jour son lot d’angoisses et d’anxiété supplémentaires est mondiale.

Le ressentiment. Le vote réactionnaire s’explique également par un ras le bol vis-à-vis des gouvernements qui pratiquent répression, humiliation, mépris, novlangue et fake news pour traiter les oppositions (*). Des gouvernements technocrates qui multiplient les règlements déconnectés de la réalité (port du masque obligatoire dans des déserts, ZFE, taxe carbone…). Et pendant ce temps, la multiplication des affaires de corruption et les conflits d’intérêts, le pantouflage.

(*) Restent en mémoire de nombreux épisodes de mépris : Gilets jaunes, antivax, réforme des retraites, résultats des législatives, confinement total et indiscriminé pendant la pandémie, Sainte Soline, cahier des doléances, convention citoyenne pour le climat…

Ce ressentiment légitime des peuples peut aussi être détourné par les politiques et les médias vers des communautés expiatoires (en France, les musulmans, les basanés d’une manière générale et de plus en plus les gays, les lesbiennes, les militants écologistes, les syndicalistes).

Comment aurions-nous pu éviter cette vague réactionnaire ?

Les candidats qui ne se réclament pas de cette vague auraient dû mettre à profit les mois précédents l’élection pour :

  • Proposer un cap et une trajectoire porteuse d’avenir permettant de sublimer les conflits et de mobiliser l’ensemble des énergies locales. Au lieu de cela, ils se sont contentés le plus souvent de défendre un bilan famélique (il faut dire que la pause Covid ne les a pas aidés à concrétiser leurs promesses de campagne), d’invoquer le pacte républicain pour faire barrage et d’écumer les marchés pour serrer des mains et tracter… encore et encore
  • Impulser la création de collectifs citoyens pour définir leurs priorités de campagne
  • Éviter de se présenter sous la bannière de partis repoussoirs ou de mettre en avant des projets clivants
Illustration 2

Good night and good luck

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