Ce soir, Catherine, une amie a partagé un post intitulé Faites du bruit, signé « La Chronique qui Pique » sur mon profil FB. En guise d'intro, elle m'écrit : « je sais que chez toi, cette page sera bien ! ». Tu m'étonnes ! L'article sur lequel elle attire mon attention concerne des familles à la rue pour lesquels les instits d'une école lyonnaise ont décidé de s'impliquer. Je fais donc un p'tit tour sur la toile et voici ce que j'y trouve : non pas une, mais plusieurs écoles impliquées aux côtés de l'association Jamais sans toit.
Ce jeudi, en cette journée internationale des droits de l'enfant, de nombreux établissements scolaires de l'agglomération lyonnaise sont occupés par des parents d'élèves, des enseignants, des éducateurs et d'autres membres de l'association initiatrice : "Jamais sans toit".
L'association "Jamais sans toit" avait, en effet, recensé 150 enfants scolarisés qui sont SDF et 100 enfants non scolarisés qui vivent dans des bidonvilles, dans l'agglomération lyonnaise. Cette mobilisation vise à alerter les pouvoirs publics sur la gravité des situations et permettre aux jeunes écoliers de dormir au chaud. Ainsi les écoles Gilbert Dru (7e), Michel Servet (1e), Gagarine, Jean Vilar et le collège Barbusse (Vaulx-en-Velin) sont occupées ce jeudi. D'autres actions sont menées comme des goûters solidaires ou des concerts dans les écoles Painlevé (3e), Victor Hugo (1e), Collège de la Tourette (1e) et école Courcelles (8e).
150 ENFANTS scolarisés dans l’agglomération lyonnaise sont sans domicile fixe, et plus de 100 non scolarisés vivent dans les bidonvilles. Des chiffres alarmants rappelés à l’occasion des 25 ans de la convention internationale des droits de l’enfant, célébrés le jeudi 20 novembre. Différentes actions seront menées dans les établissements scolaires, visant à “faciliter la compréhension des dispositions de la convention“, selon l’inspecteur d’Académie. Mais pour le collectif Jamais sans Toit (1), cette action de sensibilisation est loin d’être suffisante. Il a donc décidé d’occuper des établissements scolaires, de nuit, afin de permettre aux familles de dormir au chaud. “Certaines de ces écoles seront occupées tant qu'aucune solution d’hébergement ne sera proposée aux familles“, prévient le collectif. A Vaulx-en-Velin, sont concernées les écoles Gagarine, Jean-Vilar et Courcelles, ainsi que le collège Barbusse. Une chorba sera servie à 19 heures à Gagarine, tandis que l’école Courcelle sera le siège d’une exposition à 16 heures, avec goûter et chant choral. La veille, le 19 novembre, un rassemblement est prévu à 18 heures devant la préfecture du Rhône, pendant qu’une délégation y sera reçue. (1) Des citoyens regroupés au sein de Jamais sans Toit, aident des familles défavorisées : douches dans les écoles, dons de vêtements, collecte d'argent pour payer une nuit d'hôtel de temps en temps, lessive, hébergement chez eux, dons de nourriture, aide aux démarches administratives...
Une pétition du Réseau Education Sans Frontières à signer ET relayer
Elodie, La Chronique qui pique
« Il est rare que j’écrive deux billets coups sur coups . Aujourd’hui, il y a urgence. Il est rare que je vous demande de partager, ou de « liker » sur FB . Très rare même . Ce soir, je le fais , pour ceux qui sont de l’autre côté de la porte et qui vivent dans la rue . Surtout quand ils sont des enfants. Je connais une école à Vaulx-en-Velin, une école de couillus . Une école qui ne se contente pas d’enseigner, de cadrer, d’aimer, d’accompagner, de faire rêver, d’adoucir la vie des gamins et des familles qui la fréquentent. Une école qui va plus loin et qui mouille sa chemise , sa jupe et son soutif . Qui se mouille pour de vrai . Cette école , située en plein coeur de Vaulx-en-Velin, banlieue lyonnaise bien connue pour sa mauvaise réputation (malheureusement), accueille depuis quelques mois des familles qui sont dans des situations irrégulières . Et qui sont à la rue . Soyons précis tout de même : une d’entre elle enchaîne les systèmes D et trouve un toit , à droite à gauche , avec toute l’instabilité que cela implique. Deux autres familles vivent dehors . Alors ferme les yeux et imagine , je te plante le décor : tu enseignes . Tu prends ta classe le matin , normal . Et puis tu demandes aux gosses de sortir leur cahier du jour . Ou de maths . Puis, tu leur dis que tu vas vérifier leurs devoirs . Normal . Alors qu’un d’entre eux a dormi dans une gare , sur un banc ou même par terre . Transi de froid , peut-être de faim . Et toi , tu es là avec tes trucs à la con de gens normal qui demande des trucs normaux à des enfants . « Enfants = petits êtres qui ne devraient pas dormir dans la rue . Petits êtres qui devraient avoir une chambre , une SDB , un chiotte . Pourquoi pas même une TV , ou une console . Et du chauffage , tiens. » Donc les instits de cette école ont essayé des trucs pragmatiques , du genre « Tiens, pendant les vacances de Toussaint , je vais partir un peu avec mon mec et mes 3 gosses , comme ça je prêterai mon appart’ à une famille. » Ou encore : « Tiens , je vais déménager et je vais garder mon appart un mois de plus . Je vais proposer à cette famille d’y dormir. » Mais le pragmatique a une fin . Les vacances se sont terminées . Et il a fallu rendre les clés de l’appart’ . Et remettre tout le monde dehors , soi-même. En pleurant d’avoir le sentiment de les abandonner une deuxième fois . Il a fallu trouver une solution . Un truc imparable . Les instits ont donc invité les familles en question à venir habiter dans l’école . Pas dans les salles de classe , mais dans des salles moins utilisées , comme la bibliothèque . Et pour marquer leur engagement et leur contestation, ils habitent avec eux . Voilà . Depuis la semaine dernière , les instits de l’école Jean Vilar se relaient pour manger et dormir à l’école . Il occupent l’école , et demandent un hébergement d’urgence pour les familles . Pour pouvoir à nouveau dire « Sortez vos cahiers du jour » sans trouver ça bizarre. Cette école c’est la mienne. Enfin je n’y travaille plus, j’en suis même partie de moi-même . Mais elle restera à jamais gravée dans mon coeur. Et ce soir, j’aimerais que cette école soit aussi la tienne . Alors si leur action vous plaît , si elle vous paraît importante , faites du bruit. »
