Le film de l'été est portugais, et accessoirement, chantant. Entrée en matière avec cet extrait de l'un des hits de variété ibère qui scandent Ce cher mois d'août, l'emballant deuxième long-métrage de Miguel Gomes, en salles ce mercredi 17 juin :

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On pourrait, pour rendre compte de ce film découvert à la Quinzaine des réalisateurs du festival de Cannes 2008, revêtir la combinaison du géologue, se coller à la paroi, et patiemment identifier les strates. Exercice a priori fructueux, puisque la datation des images de Ce cher mois d'août varie. Première époque : août 2006, Gomes vient d'apprendre que sa boîte de production manquait d'argent, il décide de tourner coûte que coûte, sans comédiens, avec une caméra 16 mm, et filme à la volée, en Arganil, dans l'intérieur verdoyant du Portugal, des bals et des enterrements. Deuxième période, en août 2007. Cette fois-ci, le compte y est et Gomes retourne en Arganil, sur les lieux de son enfance, tourner l'histoire qu'il avait imaginée, un grand mélo sur fond de fêtes populaires.

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Intuition du cinéaste, découvert avec La gueule que tu mérites (2004) : il choisit de réécrire, entre les deux étés de tournage, l'ensemble du film, pour conserver à l'écran la mémoire de ce premier tournage chaotique. Du coup, l'approche linéaire de l'œuvre, en géologue patient, ne tient plus. Ce cher mois d'août avance par touches et détours, inserts, pauses et ramifications, lives nocturnes et contes populaires. Au lieu des strates sages et superposées, un croisement serré de matières, qui évite au film les structures des mises en abyme déjà vues cent fois ailleurs. Il faut remonter loin dans les archives d'Imdb pour trouver un film aussi généreux dans ses recoins et échos, avec dédoublements de personnages et scènes rejouées (voir la séquence de la «nuit des couilles», rituel local filmé à deux reprises par Gomes, sans jamais basculer dans le pittoresque-carte postale).
On ne se lancera pas ici dans l'exercice casse-gueule de trouver les pères portugais dont Gomes serait l'héritier (Oliveira ? Costa ? pour quelques pistes, lire ici). On laissera plutôt se déployer sans références encombrantes ce film très neuf dans son écriture, pensé comme une mise en spectacle des amours d'été. Car Ce cher mois d'août, précisons-le sans trop en dire, narre l'histoire d'un amour estival impossible, entre une adolescente, qui passe des heures à scruter du haut d'une colline les tapis de forêts au loin pour prévenir du déclenchement d'incendies, et son cousin ténébreux, guitariste-hockeyeur (sur glace). Elle chante et lui l'accompagne. C'est le film de l'été, l'affaire est classée. Bande annonce :