C'est l'une des surprises de la sélection cannoise cru 2008, dévoilée mercredi 23 avril. Un an après le succès du Persepolis de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud, un autre film d'animation prétendra cette année à la Palme : Waltz with Bashir, de l'Israélien Ari Folman. Ce «documentaire animé», selon l'expression de son réalisateur de 44 ans, déroule les souvenirs d'un ancien appelé israélien, en poste à Beyrouth, en septembre 1982, lors des massacres de Sabra et Chatila par les milices chrétiennes. La Valse du titre fait référence à Bashir Gemayel, leader chrétien dont l'assassinat, le 14 septembre 1982, fut l'élément déclencheur de cet épisode noir.

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L'appelé israélien en question, c'est Ari Folman lui-même (l'homme sur l'image ci-dessus, jusqu'à présent connu pour quelques films d'animation pour la télé israélienne). A l'époque des faits, il se repose avec ses collègues sur l'une des plages de Beyrouth, lorsqu'il aperçoit des colonnes de fumée s'élever au loin, dans les quartiers ouest de la ville. Folman, natif de Haïfa, a choisi le dessin pour revisiter ce souvenir douloureux, qu'il a enfoui pendant plus de 20 ans.
Présenté comme le premier long-métrage animé de l'histoire d'Israël, Waltz with Bashir montre des personnages avec leurs traits de l'époque. Mieux : certains ont accepté de prêter leur voix d'aujourd'hui à leur corps d'alors. Ce bricolage de souvenirs et de sons, co-produit par Les films d'ici et réalisé avec, en toile de fond, la guerre entre Israël et le Hezbollah de l'été 2006, emboîte le pas d'un documentaire, Massaker (2006), qui, selon un autre point de vue, donnait la parole aux bourreaux des massacres de Sabra et Chatila.
A Cannes, Waltz with Bashir pourra dialoguer avec un autre film, section Un certain regard. Je veux voir, des Libanais Joana Hadjithomas et Khalil Joreige, est annoncé comme une déambulation de Catherine Deneuve sur les terres du Sud-Liban, filmée quelques semaines à peine après la fin du conflit de 2006.