Ce texte est volontairement très détaillé afin de vous informer de l’évolution du projet de reconstruction de l’hôpital de Redon, et des mobilisations sociales pour refuser tout hôpital au rabais. Nous espérons que cet exposé sera utile à certains et certaines d’entre vous qui nous lisez si vous rencontrez de pareilles difficultés ailleurs.
L’Agence régionale de Santé de Bretagne (ARS) fait pression depuis de nombreuses années auprès des élus et de la population du Pays de Redon pour qu’elle accepte un nouvel hôpital au rabais, avec une superficie réduite et une perte de lits d’hospitalisation, alors même que l’ARS avait défendu l’idée de la reconstruction d’un nouveau bâtiment de 14 000 m² il y a quatre ans. Pour contester ce projet, un comité d’appui de l’Hôpital rassemble les élus locaux, les parlementaires, des représentants des personnels et des usagers. La population dans son ensemble s’est fortement mobilisée pour montrer son refus unanime de ce projet d’hôpital au rabais, en recourant à une diversité de modes d’action (pétition, manifestations, Randos militantes, photographies des associations avec une banderole, Chanson filmée des agents hospitaliers, etc.).
Comment en-est-on arrivé là ?
L’Hôpital de Redon (Centre Hospitalier Intercommunal de Redon-Carentoir, CHIRC) est un hôpital possédant des bâtiments sur 7 sites différents, et dans deux villes différentes, Redon et Carentoir. Le bâtiment principal, situé au cœur de la ville de Redon, est très vétuste, puisqu’il a été construit au début des années 1970. Cette vétusté génère des conditions de vie difficiles pour les personnels et les patients, des surcoûts importants en termes de dépenses énergétiques, mais aussi des dépenses supplémentaires de sécurité incendie (800 000 euros par an dans le recours à une équipe de sécurité incendie privée) car ce bâtiment central ne devrait plus accueillir depuis plusieurs années de lits d’hospitalisation de nuit. Cette vétusté du bâtiment central était connue depuis longtemps, et une rénovation avait été au départ envisagée, avant que l’on ne découvre que le bâtiment actuel ne respecte pas les conditions de sécurité et qu’il est donc impossible de maintenir les lits d’hospitalisation de nuit. Il est donc urgent de planifier la reconstruction d’un hôpital neuf, moderne et économe en énergies, répondant aux normes de sécurité et de bien-être pour les usagers et les professionnels.
Comme beaucoup d’hôpitaux publics, celui de Redon connaît un problème de recrutement de professionnels médicaux, dans un contexte de pénurie du personnel médical et paramédical. En 2023, l’Hôpital a connu des fermetures provisoires des urgences, et des menaces de fermetures de services, temporaires ou non, de services de soins tel qu’en anesthésie réanimation, maternité, l’unité de soins continus, le bloc opératoire, l’unité d’hospitalisation de psychiatrie.
L’Hôpital de Redon, comme l’ensemble des hôpitaux publics, est en déficit, et devra emprunter plusieurs dizaines de millions d’euros pour financer la reconstruction du futur bâtiment, alors qu’il accumule chaque année des déficits importants (près de 1,6 millions d’euros pour 2022).
En 2020, et jusqu’à l’été 2023, l’Agence régionale de Santé avait approuvé le projet de construction d’un nouveau bâtiment central pour l’Hôpital (14000 m²), sur un terrain à quelques centaines de mètres de l’Hôpital actuel, pour un coût estimé en 2020 à 47 millions d’euros. Au départ, l’ARS avait consenti à délivrer une subvention de 9 millions d’euros, puis 12 millions d’euros, puis finalement 20 millions d’euros, pour la reconstruction de cet Hôpital.
En septembre 2023, l’Agence Régionale de Santé décide de rejeter ce scénario. D’une part, l’envolée des coûts de la construction amène une augmentation de près de 20% du coût de construction. D’autre part, une nouvelle étude sur l’adaptation des surfaces de l’Hôpital aux besoins médicaux du territoire est réalisée au début de l’année 2023, montrant deux choses : (1) le premier cabinet chargé de l’étude avait mal évalué la superficie de l’Hôpital actuel (une erreur de 2000 m²) ; (2) il est nécessaire de faire évoluer les surfaces envisagées : nécessité d’une salle d’endoscopie supplémentaire, doublement des salles de consultation, agrandissement de la cuisine. L’étude de l’assistant à la maîtrise d’ouvrage montre qu’il est nécessaire de reconstruire un bâtiment de 22 000 m² (soit un budget équivalent à 107 millions d’euros). Incité par l’ARS à proposer des solutions alternatives, rentrant dans le cadre budgétaire imposé, l’assistant à la maîtrise d’ouvrage propose une version dite « optimisée » de 16 000 m², qui s’accompagne de la réduction du nombre de lits d’hospitalisation de nuit (de 134 à 117) avec un nombre de places d’accueil de jour similaires (25), et qui induit la suppression de l’Unité de soins palliatifs de 10 lits (considérée pourtant comme nécessaire), et l’externalisation d’autres services (comme la stérilisation, la cuisine).
Confrontée à des investissements supérieurs à ceux initialement prévus, l’ARS Bretagne décide de faire intervenir le Conseil National de l’Investissement en Santé (CNIS). Les experts du CNIS, après une visite rapide à l’Hôpital, proposent un nouveau scénario qui combine construction d’un bâtiment neuf de 5700 m², et rénovation partielle du bâtiment central (2500 m²), afin de limiter les dépenses à 40 millions d’euros (et la subvention de l’ARS à 20 millions d’euros comme initialement prévue). Une troisième phase de travaux est envisagée dans le futur, sans aucune garantie de financement ni planification temporelle. Cette proposition du CNIS, validée ensuite par l’ARS, avait de multiples conséquences concrètes :
- La superficie du bâtiment neuf (5700 m²) est largement insuffisante pour garantir le maintien du nombre actuel de lits d’hospitalisation. L’ARS indique que ce bâtiment pourrait accueillir 117 lits d’hospitalisation de nuit (contre 134 actuellement dans le bâtiment actuel, et 155 en 2020). La réduction du nombre de lits touche en particulier la chirurgie (qui passerait de 30 à 20 lits), et la maternité (qui passerait de 15 à 10 lits).
- Le maintien des services médicaux et annexes dans le bâtiment actuel n’était pas garanti, car seule la rénovation de 2500 m² était garantie par l’ARS dans la deuxième phase de travaux. De ce fait, le maintien d’un certain nombre de services, notamment des services annexes (pharmacie, cuisine, stérilisation) n’était pas garanti pour les prochaines décennies.
Les objectifs de l’ARS : Réguler la capacité d’hospitalisation complète à la baisse, et délivrer une subvention d’un montant faible, largement inférieur aux besoins, dans une logique de gestion de la pénurie.
Il faut reconnaître que l’Agence Régionale de Santé Bretagne a su déployer une multitude de stratégies pour atteindre son objectif : restreindre et cantonner dans des limites fixées arbitrairement les investissements nécessaires, dans un contexte où l’ARS souffre d’un sous-financement chronique : l’ARS Bretagne ne dispose que d’un budget de 416 millions d’euros pour financer la reconstruction de la vingtaine d’établissements hospitaliers bretons dans la décennie 2020-2030. Les besoins en financement nécessaires à la reconstruction des hôpitaux bretons nécessiteraient une multiplication au moins par trois du budget attribué dans le cadre du Plan Ségur (19 milliards d'euros sur 10 ans). Il est donc impératif d’augmenter les budgets dédiés à la santé à l’échelle nationale et inconcevable de les réduire sur ce sujet.
Lors de la délimitation des contours du futur projet hospitalier, l’objectif sanitaire poursuivi est encadré par la très forte contrainte budgétaire et l’absence de volonté d’investissement massif dans le secteur, et n’a pas vocation à satisfaire les besoins de santé locaux. Soulignons toutefois que l'ARS consent chaque année à délivrer à l’hôpital de Redon une subvention d’équilibre (de plusieurs millions d’euros parfois), ce qui lui permet de continuer à fonctionner.
Jusqu’en décembre 2024, l’ARS de Bretagne ne cesse de réaffirmer qu’elle ne dépensera pas plus de 20 millions d’euros pour le nouvel hôpital, tout en assumant le fait que le nouveau projet induit une réduction considérable du nombre de lits d’hospitalisation de nuit dans plusieurs services (maternité, chirurgie), et l’absence de création d’une unité de soins palliatifs. Ce nouveau projet hospitalier a été étudié et validé par le ministère de la santé en 2016/2017, quand tout nouveau projet devait supprimer 30% des lits. Cette politique de suppression des lits d’hospitalisation de nuit est poursuivie par les ministres de la Santé depuis plusieurs décennies, au nom d’une rationalité économique, de la dangerosité supposée des services des hôpitaux de proximité, et du recours plus fréquent aux soins ambulatoires de jour et à l’hospitalisation à domicile. Cette politique de réduction du nombre de lits d’hospitalisation de nuit est absurde, et conduit à des conséquences désastreuses : maintien de certains patients sur des brancards aux urgences pendant des dizaines d’heures (avec les risques de mortalité accrus pour les personnes âgées) ; admission retardée ou impossible dans certains services hospitaliers ; transfert de certains patients dans les hôpitaux d’autres régions ou pays (c’est le cas pour les soins psychiatriques sous contraintes actuellement, du fait de la fermeture de plusieurs milliers de lits en psychiatrie pendant les dernières années).
Cette politique de réduction massive du nombre de lits hospitaliers n’est plus du tout d’actualité. La crise du COVID et la saturation d’un grand nombre de services d’urgences a en effet montré la nécessité de conserver un nombre suffisant de lits en aval et l’inanité d’une politique de gestion en flux tendu des services hospitaliers. L'ex-ministre de la santé Aurélien Rousseau avait promis à l'automne 2023 de « rouvrir plusieurs milliers de lits d'ici la fin de l'année ». Le comité d’appui de l’Hôpital exige donc que le futur projet d’hôpital conserve l’ensemble des lits d’hospitalisation complète actuels, nécessaires pour répondre aux besoins médicaux du territoire dont la population ne cesse d’augmenter et de vieillir. Nous souhaitons conserver l’ensemble des lits en maternité et en chirurgie, obtenir le retour des lits en néonatologie, augmenter le nombre de lits en soins palliatifs.
Si nous analysons de manière critique ce qui s’est passé pendant les dernières années, nous pouvons constater que l’ARS Bretagne a eu recours à de multiples stratégies :
- Pendant la période 2020-2023, une stratégie autoritaire et anti-démocratique de pilotage du projet de nouveau bâtiment, en refusant de diffuser à toutes les parties prenantes (élus, responsables syndicaux, usagers) le contenu des études de maîtrise d’ouvrage sur le projet de reconstruction de l’hôpital, et en cantonnant les discussions sur l’avancée du projet au sein d’un comité restreint à quelques personnes.
- l’absence d’approfondissement des études sur le coût de fonctionnement du futur hôpital, et l’absence de construction d’un plan de financement de la construction du futur hôpital, deux éléments qui ont contribué et contribuent encore au ralentissement du processus et retardent le lancement définitif du projet.
- En septembre 2023 : En cas d’augmentation significative des investissements nécessaires, rebattre les cartes et dénoncer le projet initial comme infaisable (en n’hésitant pas à se contredire et à remettre en cause des documents administratifs officiels donc).
- Sur le plan du discours, minimiser les besoins médicaux, en se fondant sur des données démographiques erronées (la population de l’agglomération de Redon, soit 66000 habitants, et non la population concernée résidant à moins de 35 kms de Redon, équivalent à environ 160 000 habitants), et légitimer la baisse du nombre de lits d’hospitalisation par le recours amplifié à l’ambulatoire.
- Dissuader les élus locaux de se mobiliser et de mobiliser la population en amont des manifestations, par le biais de lettres au contenu rassurant (tout en restant très imprécis).
- Exiger des directeurs successifs de l’Hôpital qu’ils promeuvent le projet de nouvel hôpital dans la presse[1].
- Reconnaissons-le, l’ARS mène aussi des actions positives, pour renforcer les coopérations au sein du Groupement hospitalier de territoire, pour éviter l’aggravation de la situation. La nouvelle directrice nommée en 2024 a ainsi favorisé le recrutement de nouveaux médecins spécialistes.
La population, les élus et les professionnels de santé de l’Hôpital, tous unanimes à dénoncer ce projet d’un hôpital au rabais !
Depuis l’annonce par l’ARS qu’elle rejetait le scénario initialement prévu de la reconstruction d’un bâtiment principal, au profit d’une solution moins coûteuse (un bâtiment neuf de 5700 m² + 2500 m² rénovés), tous les acteurs locaux se sont mobilisés pour contester ce projet d’un hôpital au rabais.
Une manifestation devant l’hôpital de Redon le samedi 27 janvier 2024 a rassemblé près d’un millier de personnes, en présence de nombreux élu-e-s, député-e-s, sénateurs et sénatrices, maires de nombreuses communes, des représentants des syndicats des personnels de l’hôpital (CGT et CFDT) et des représentants des usagers, dont l’Association de Citoyens Contre les Déserts Médicaux.
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Une pétition qui a recueilli plus de 5000 signatures en ligne et plusieurs centaines sur papier et sur cartes postales, a été adressée à la ministre de la Santé. Les députés soutenant la mobilisation ont écrit à de multiples reprises aux ministres successifs de la santé pour avoir un entretien au sujet de l’hôpital (tout en délivrant symboliquement les pétitions et les cartes postale signées), sans succès jusqu’à aujourd’hui.
Dès le mois de février, un grand nombre d’associations du territoire se sont mobilisées, et se sont photographiées avec la banderole en soutien à la reconstruction d’un Hôpital à la hauteur des besoins. A la fin du mois de mars, une trentaine d’associations sportives, culturelles, de commerçants, s’étaient ainsi mobilisées[2].
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Dans le même temps, le Comité d’appui de l’hôpital a organisé des réunions publiques dans plus d’une quinzaine de villes du territoire, au cours desquelles toutes les catégories sociales et tous les âges ont exprimé leurs besoins et leurs attentes parfaitement légitimes de naître, bien vivre et bien vieillir dans le Pays de Redon.
Le samedi 23 mars, près de 4000 personnes ont manifesté dans les rues de Redon pour clamer haut et fort leur droit d’accéder à des soins de qualité sans être contraints de faire plus d’une heure de route. Cette mobilisation exceptionnelle à l’échelle du territoire, démontre de manière remarquable à quel point l’avenir du Centre hospitalier de Redon-Carentoir mobilise très largement les citoyens et les forces vives du territoire.
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A la fin de la manifestation du 23 mars, une délégation du comité d’appui a été reçue pendant 3 heures par le Sous-Préfet de Redon et par le directeur adjoint de l’ARS en Ille et Vilaine. Les membres de cette délégation ont réaffirmé la nécessité de respecter de manière impérative le projet médical et soignant, d’intégrer les services techniques et de conserver les lits d’hospitalisation dans le projet de futur hôpital. Le représentant de l’ARS et le sous-préfet se sont voulus rassurants, tout en n’apportant aucune garantie. Minuscule victoire, l’ARS et la sous-préfecture ont accepté de diffuser l’ensemble des documents de travail et études aux membres du conseil de surveillance du centre hospitalier afin de garantir la complète transparence des informations. Les membres du comité d’appui ont déploré qu’aucun plan de financement viable du projet n’ait été présenté par les directions successives de l’Hôpital. Le représentant de l’ARS et le sous-préfet ont indiqué que le financement des deux premières phases était acquis (avec une subvention de l’ARS à hauteur de 20 millions d’euros sur un total estimé à 40 millions d’euros), mais pas la troisième phase, évaluée globalement à 25 millions d’euros.
Au cours du mois de mai 2024, les syndicalistes de la CFDT du CHIRC ont fait une vidéo avec l’ensemble des professionnels de santé du Centre Hospitalier de Redon Carentoir, qui a rapidement fait un tabac sur les réseaux sociaux. Sur l’air de la Chanson des Restos du Cœur, ces professionnels réclament « un hôpital décent pour notre territoire » :
Je te promets pas le grand CHU/
mais juste de quoi te recevoir /
des m² et de la chaleur /
dans un hosto, un hosto du cœur /
Ce n’est pas vraiment ma faute si des lits ferment /
Mais ça le deviendra si on n’y change rien ! /
On mérite mieux qu’un hôpital au rabais !/[3]
Le samedi 25 mai 2024, environ 200 personnes ont participé à l’évènement « Bougeons-nous pour l’Hôpital ! A pied, à vélo, en tracteur ou en canoé… Tous mobilisés à Redon pour l’Hôpital », organisé par l’Association de Citoyens Contre les Déserts Médicaux. Deux convois de cyclistes sont partis de Peillac et de Langon, et un convoi de randonneurs à pied est parti de l’Île aux Pies. Un convoi de rameurs (en aviron et en canoé) a rejoint les cyclistes au Pont du Grand Pas à Sainte Marie, pour ensuite converger vers Redon. Ces randonnées, qui se sont déroulées dans une ambiance conviviale, ont été l’occasion de rencontrer des habitants, ainsi que des élus de plusieurs communes (Peillac, Saint-Perreux, Avessac, Langon, Bains-sur-Oust) et de sensibiliser la population sur la prochaine grande manifestation en défense de l’hôpital organisée le 13 juin par le comité d’appui de l’Hôpital. Arrivés à Redon, plusieurs représentants associatifs, syndicaux ou élus ont pris la parole, pour souligner le fait que le projet proposé ne permet en aucun cas de répondre aux besoins médicaux de la population concernée (160 000 Habitants), qui ne cesse d’augmenter. Ce projet aboutit à une diminution considérable du nombre de lits d’hospitalisation, ainsi qu’un fort risque de perdre des services médicaux et des services annexes (stérilisation, pharmacie, cuisine). Ils ont également insisté sur les revirements successifs de l’ARS, et son refus de financer l’hôpital à la hauteur des besoins de santé de la population et de garantir la réalisation de la troisième tranche des travaux. Ils ont déploré l’absence d’un véritable plan de financement pour le futur Hôpital.
Une nouvelle mobilisation réunissant plusieurs centaines de personnes a eu lieu le 13 juin en centre-ville de Redon. A la même période, une 3réunion est organisée avec le sous-préfet et des représentants de l’ARS, qui nous informent qu’un nouvel emplacement est à l’étude pour la reconstruction du futur bâtiment de l’hôpital (destruction d’un bâtiment existant, l’Hôtel Dieu), ce qui permettrait d’éviter toute une série de désagréments (suppression de parkings) et rapprocherait ce futur bâtiment de celui déjà existant. Toutefois, le projet de reconstruction conserve globalement la même dimension (désormais 2000 m² au sol), et l’ARS campe sur le montant de subventions de 20 millions d’euros. Le 25 juin, les membres du Conseil de surveillance de l’hôpital ont finalement émis un avis favorable avec des réserves sur le projet du nouveau bâtiment de l’hôpital, qui est désormais prévu à l’emplacement de l’Hôtel Dieu. Les réserves émises par les membres du conseil de surveillance sont de plusieurs ordres, en premier lieu l’absence d’un plan de financement, et l’insuffisance de la subvention de l’ARS ; et en second lieu le refus catégorique de toute réduction du nombre de lits d’hospitalisation de nuits (134 actuellement), notamment en maternité et en chirurgie.
En Octobre 2024, nous avons appris, à la suite d’une réunion avec la directrice de l’Hôpital et le président du Conseil de surveillance de l’Hôpital, que le projet, en l’état, n’était pas finançable par l’hôpital de Redon, qui se trouvait incapable d’investir le moindre euro dans la construction d’un nouveau bâtiment. En effet, les prévisions budgétaires tendent à indiquer que l’hôpital resterait déficitaire pendant les dix prochaines années. De plus, la direction de l’hôpital légitime la réduction du nombre de lits en maternité par le fait que le taux d’occupation des lits est d’environ 35% à l’année, et justifie l’absence de lits supplémentaires en soins palliatifs par le recours croissant à l’hospitalisation à domicile. Elle refuse de fournir des chiffres plus détaillés sur l’occupation quotidienne des lits dans ces services, et les taux des transferts de patients vers d’autres hôpitaux.
Suite à ces informations, l’Antenne des Pays de Vilaine de l’Association de Citoyens Contre les Déserts Médicaux s’est réunie en assemblée plénière le 12 novembre. Dans un communiqué, elle se dit « scandalisée par l’inertie des pouvoirs publics, qui refusent de financer la reconstruction du centre hospitalier de Redon Carentoir à la hauteur des besoins », et exige la conservation du nombre de lits d’hospitalisation complète dans le futur hôpital.
Cadeau de Noël 2024 : une augmentation – insuffisante - de la subvention de l’ARS pour faire accepter la perte de lits et l’absence de garantie de rénovation de l’ensemble des services.
Finalement, le mardi 17 décembre 2024, de nouvelles informations ont été délivrées au conseil de surveillance du centre hospitalier, sans communication des documents au préalable. Les membres du conseil de surveillance ont appris qu’un plan global de financement pluriannuel de l’établissement (conçu sur 15 ans) intégrait le projet de construction et rénovation de l’hôpital.
Lors de cette réunion, les participants ont appris que l’Agence Régionale de Santé Bretagne avait augmenté sa subvention à hauteur de 30 millions d’euros. Cette augmentation de la subvention de l’ARS était indispensable pour permettre le financement de la construction du nouveau bâtiment, mais le montant reste largement insuffisant pour garantir l’extension de la superficie du nouveau bâtiment, et la rénovation du bâtiment actuel. Aucune précision n’est apportée pour savoir qui finance, et comment, le reste des investissements nécessaires.
A la stupéfaction des membres du conseil de surveillance, aucun plan de financement crédible couvrant l’ensemble des travaux n’est présenté, alors même que des promesses avaient été faites en ce sens par les services de l’Etat. De plus, le plan proposé repose sur le report de la Seconde étape de réhabilitation (concernant les services supports) à la période 2036-2039, en contradiction complète avec le calendrier présenté en conseil de surveillance de juin 2024 indiquant une fin des travaux en 2029/2030. Cette proposition de report est un très mauvais signe, aucune garantie n’étant apportée sur la réalisation de cette seconde phase de travaux. Dans un communiqué paru le 20 décembre 2024, le comité d’appui de l’Hôpital réaffirme avec force qu’il n’acceptera pas le saucissonnage du projet, et exige des garanties sur le financement de l’intégralité du projet de modernisation de l’hôpital.
Après des mois de mobilisation, la direction consent à fournir au conseil de surveillance des chiffres sur le taux d’occupation des lits dans certains services, en arguant que ces chiffres montrent une sous-occupation des lits d’hospitalisation complète actuels. Mais ces chiffres fournis sont des moyennes mensuelles, et non les chiffres quotidiens, ce qui rend difficile leur interprétation et ne permet pas de connaître les pics d’accueil. De plus, comme ce ne sont pas les données brutes, la méthode de comptage de cette occupation mérite d’être discutée et analysée : les représentants syndicaux ont en effet indiqué que les lits ne sont pas comptabilisés si les patients partent le matin, ou arrivent en fin de journée, ce qui engendre une sous-estimation de l’occupation des lits d’hospitalisation complète. D’autres données ne sont pas fournies, comme les taux de transferts de patients et les périodes d’absence de certains professionnels, qui pourraient permettre de mieux interpréter ces chiffres. La direction n’a d’ailleurs pas transmis d’information sur l’occupation des lits de soins palliatifs, alors même que nous savons que les quelques lits disponibles et éparpillés sont systématiquement occupés. Ces informations partielles délivrées ne permettent donc pas de légitimer cette baisse de lits à l’échelle de l’hôpital, ni de garantir l’absence de saturation des futurs services médicaux.
Pour toutes ces raisons, la mobilisation des citoyens et des citoyennes doit se poursuivre, pour exiger de l’ARS le maintien de la capacité de soin actuelle dans le futur hôpital. Il faut impérativement que la superficie du nouveau bâtiment soit augmentée, et qu’un quatrième étage soit prévu, pour s’assurer de la préservation du nombre de lits d’hospitalisation complète. Nous exigeons également de l’ARS une subvention équivalente à 70% du coût total de la construction/rénovation de l’hôpital (préférable à un montant en euros, qui peut s’avérer largement moindre que le coût final des travaux). Nous exigeons de l’Etat le respect de notre droit d’accéder à des soins de santé de qualité pour tous et toutes !
Gildas Brégain, co-référent avec Sophie Baconnet de l’Antenne des Pays de Vilaine de l’Association de citoyens contre les déserts médicaux
[1] Par exemple, https://www.ouest-france.fr/bretagne/redon-35600/lhopital-de-redon-na-jamais-eu-un-projet-de-cette-importance-estime-le-directeur-6032a8bc-c9b2-11ee-bd89-65961cacb703 ; https://www.ouest-france.fr/bretagne/redon-35600/entretien-nous-ambitionnons-de-demarrer-le-chantier-de-lhopital-de-redon-en-septembre-2027-8a7ef5c2-8d5b-11ef-9d74-cdf49a297048.
[2] Pour plus de précisions sur l’ensemble des associations ayant soutenu l’initiative, voir les photographies sur le facebook du comité d’appui : https://www.facebook.com/people/Comit%C3%A9-dappui-de-lh%C3%B4pital-de-Redon-Carentoir/61557128660197/?sk=photos
[3] https://www.facebook.com/cfdt.chredoncarentoir/videos/les-professionnels-du-centre-hospitalier-intercommunal-redon-carentoir-chirc-don/819157493602524/