




Difficile de trouver des disques mieux habillés, qui donneraient plus envie d'être écoutés que ceux de ce label dont je ne sais pas grand chose, à part qu'il est en passe de détrôner toutes les autres maisons spécialisées en réédition (à part Honest Jon, qui fait de plus en plus, un vrai travail de fond, notamment avec sa compilation Life Is Hard). Chez Mississipi, il y a de tout et pour le moment j'ai trouvé cinq disques, tous mirifiques (et je n'emploie pas ce mot facilement, promis). D'abord, il y a le mythique second album de Phil Cohran, en hommage à Malcolm X. Cohran a joué avec Sun Ra dans les années 60, enregistré un grand album, On the Beach, de jazz aux limites du modal, du free et du spirituel, dont on commence à peine à saisir l'importance (je commence à voir ici et là des chroniques, bien tardives : le disque a été réédité il y a presque dix ans - et je crois bien l'avoir déjà chroniqué dans les inrocks au début des années 2000, sans que cela intéresse qui que ce soit...). Ce deuxième album de Cohran est peut-être meilleur que le premier, joué sur le fil, menant, comme son prédécesseur, une barque aux marges du jazz, n'explosant jamais entièrement, demeurant toujours sur un étrange fil coupant. Un vrai chef d'oeuvre. Ensuite, chez Mississipi, il y a le disque de l'Orchestre Régional de Kayes, un groupe de Bamako, dont je ne savais rien. J'ai acheté leur disque sur la foi d'une chronique lue sur le net. Et il est parfait d'intemporalité, d'espaces musicaux tout à la fois méditatifs et presque rock aussi, qui m'évoquent la première fois où j'ai entendu de la musique éthiopienne. Mais là, c'est l'aspect minimaliste, mélangé à un étrange sentiment de gospel, qui me plait d'abord.
Enfin, sur Mississipi, il y a des disques de blues. D'abord, deux compilations aux titres et aux pochettes parfaitement élaborés : Life is a problem (dont le titre évoque celui de Life is Hard, publié par Honest Jon - jy reviendrai) et I Don't Feel at Home in this World Anymore 1927-1948. On y retrouve notamment un de mes groupes préférés, les Blue Sky Boys. Mais qui ne sont rien comparés au grand Washington Phillips, dont la maigre poignée d'enregistrements, datant des années 1927-1929, sous inflence gospel illuminé et presque cosmique. J'avais acheté ce disque sur le net et il n'est jamais arrivé. Mais j'aime tellement les morceaux de ce grand musicien improbable, que je l'ai racheté à la première occasion - c'est-à-dire dès que j'ai pu le voir dans une boutique de disques. Les fans de Palace Brothers trouveront là un morceau intitulé I Had a Good Mother and Father qui fait écho à un morceau du même titre, enregistré par le groupe de Will Oldham sur son premier album. Les autres pourront juste tomber amoureux, ou en religion, en écoutant par exemple Lift Him up that All.
Je précise : ces disques ont été réédités par Mississippi en vinyle et ils sont beaux comme les objets des époques dont ils sont originellement issus, et qu'ils font revivre avec minutie et délicatesse.