Comme quelques autres, j’avais entendu parler d’Expo 70 sur le site de la boutique américaine (San Francisco) Aquarius Records. A l’époque, il y a deux ou trois ans, j’avais commandé certains de ses CDR, contacté le guitariste se dissimulant derrière ce groupe et écrit un ou deux textes pour parler de tout cela, notamment du lien évident entre la musique d’Expo 70 et tout ce que j’aime : le Krautrock, Spacemen 3, La Monte Young, etc. Depuis Expo 70 a sorti beaucoup de choses et ce nouvel album, Black Ohms, pour le label Beta Lactam Ring, est une pure merveille tonale, évoquant un croisement plutôt bâtard entre Sunn et Durutti Column. Composé de longs moments de drones fabriqués à la guitare ou au moog, Black Ohms exsude quelque chose de bravement monolithique, impassible et confit dans un registre délétère qui ne peut que me plaire. Comme le KTL évoqué ici la semaine dernière, Black Ohms déploie une mélancolie inattendue, un amateurisme séduisant, qui hypnotise et rassure, endort et cajole. La beauté de ces disques est bien qu’ils ne tentent jamais d’être pop, mais parviennent tout de même à toucher droit au coeur, débordant d’une naïveté dont on ne veut surtout pas savoir si elle est feinte ou calculée. On ne veut croire qu’une chose, qu’une chose unique : qu’en écoutant ce disque, des démons et des apparitions et des fantômes et des anges finiront par surgir, juste là.