Nicolas Chapelle (avatar)

Nicolas Chapelle

Abonné·e de Mediapart

Billet publié dans

Édition

Silence

Suivi par 57 abonnés

Billet de blog 19 septembre 2008

Nicolas Chapelle (avatar)

Nicolas Chapelle

Journaliste - Pigiste

Abonné·e de Mediapart

EXPérience en est encore là…

Grosse déception. EXPérience n’arrive pas a dépasser les tares de ses deux premiers albums sur ce nouvel opus.Nous (en) sommes encore là. Quel titre aurait malheureusement mieux convenu que celui-ci à ce disque sans surprises et au discours rabâché ?

Nicolas Chapelle (avatar)

Nicolas Chapelle

Journaliste - Pigiste

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Grosse déception. EXPérience n’arrive pas a dépasser les tares de ses deux premiers albums sur ce nouvel opus.

Nous (en) sommes encore là. Quel titre aurait malheureusement mieux convenu que celui-ci à ce disque sans surprises et au discours rabâché ?

[Pour bénéficier d'un confort de lecture optimal avec notamment, tous les liens hypertextes, et une mise en page maitrisée, vous pouvez consulter cet article sur NoiseNews, son support d'origine. ]

EXPérience avait peiné à convaincre avec ses deux premiers albums Aujourd’hui, maintenant (Lithium 2001) et Hémisphère gauche (Labels 2004). Mais en 2005, les toulousains ont sorti un disque de reprises assez éclectiques (NTM, Shellac, Gil Scott Heron, Ol’Dirty Bastard…) et plutôt bien foutu, Positive Karaoke with a gun (accompagné du DVD Negative Karaoke with a smile - Boxson 2005). Il était donc permis d’espérer quand à l’avenir du groupe.

EXPerience : Michel Cloup, Patrice Cartier, Francisco Esteves

Malheureusement, dés les premières mesures, le disque retombe dans les travers des deux premiers albums. Une écriture un peu lourde, un peu naïve. Une révolte d’ados qui semble en décalage total avec l’austérité de Michel Cloup, ou l’image de groupe intello que trimbale EXPérience. Injustice de la langue d’André Breton, la monotonie de la prononciation doit être paliée par des textes qui font sens. Lorsque l’on veut traiter des problèmes sociaux, il faut jouer la carte de la poésie violente, à la manière d’une Colette Magny ou d’un Hamé (La Rumeur), ou celle de l’agressivité brute, comme Berurier Noir ou NTM dans le passé. L’espèce d’entre deux très middle-class de Cloup sonne un peu… nunuche.

Du temps de Diabologum, la voix plus douloureuse, et les textes plus durs d’Arnaud Michniak donnaient sa profondeur au groupe. Ce rôle est un peu assumé dans ce disque par Arm de Psykick Lyrikah en featuring sur La république invisible. Incontestablement l’un des meilleurs morceaux du disque.

Coté musique, le groupe reste sur ses références, notamment Sonic Youth, mais surtout Shellac. On y retrouve même du Pixies par touche avec la voix de Mary Jane (qui serait la compagne de Michel Cloup) qui évoque celle de Kim Deal, surtout sur Something broken. Tout est là, les batterie sèches, les riffs aux mélodies mélancoliques qui cheminent vers la dissonances, les samples et autres effets… mais le soufflé ne monte pas.

La plupart des morceaux semblent bâclés, leur structures illisibles, et donc leurs dynamiques inefficaces. À l’exception notable de la dernière piste, Nous (en) sommes encore là, irréprochable.

Diabologum #3

Un petit tour du coté de l’histoire n’est pas inutile pour comprendre pourquoi ce disque déçoit. EXPérience est en quelque sorte la moitié du groupe Diabologum que Michel Cloup a emporté lors de la séparation d’avec Arnaud Michniak à la fin des années 1990. Or les deux hommes trainent un lourd fardeau, celui d’avoir pondu avec Diabologum l’un des meilleurs disques de Rock en français (et non pas de rock français) des années 1990, et aussi un de ceux qui a le mieux vieilli : #3 (Lithium, 1996). Ce fait est d’autant plus notable que les albums précédents de Diabologum ne laissaient rien augurer de bien exceptionnel à venir de là.

#3 était un disque novateur, mêlant noise-rock, trip-hop, hip-hop, textes sombres, surréalistes, engagés, dépressifs… le tout parfaitement dosé. Puis le groupe s’est séparé. Michniak emportant avec lui dans Programme la part sombre, le trip-hop dépressif, et Cloup héritant du coté le plus difficile à manier, car celui qui peut le plus être comparé, le noise-rock engagé.

Programme - L’enfer tiède

Sans Cloup, Michniak a pondu des disques difficiles à écouter, (Mon cerveau dans ma bouche - Lithium 2000 ; L’enfer Tiède - Lithium 2002), propres à déprimer un régiment de marin en goguette dans le port de Macao. Force est donc de constater qu’il lui manquait… Michel Cloup.

Si aucune reformation de Diabologum n’est à l’ordre du jour, de récentes collaborations scéniques laissent envisager un retour aux affaires des deux hommes ensemble.

Alors, on va se presser de passer l’éponge sur ce Nous (en) sommes encore là, et on va se dire que Tout (n’)est (peut être pas) perdu.

Crédit Photo : ©d.didier

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.