Qui vint le premier de l'acide ou du psychédélisme? Au-delà du folklore, 13th Floor Elevator reste une énigme musicale. «Easter Everywhere», le second disque du groupe, sorti en 1967 s'avère moins brut que «The Psychedelic Sound Of...», plus pop diront les mauvaises langues. Il s'agît pourtant d'une expérience extrême dans les contrées du rock psychédélique.
13th Floor Elevator cherchait a éveiller la conscience de l'homme nouveau, de l'homme libéré de l'aliénation et des contraintes matérielles et sociales. L'homme nouveau est à l'homme ce que l'homme est au singe. Sa conscience doit atteindre un niveau supérieur de perception. Pour ce faire il lui est recommandé l'usage de drogues hallucinogènes afin d'altérer son état mental prisonnier...Pour autant, le groupe se refuse à toute interprétation fasciste de ce concept d'Homme Nouveau. Il est évident pour eux que cet Homme naîtra. Ils ne se considèrent que comme des éclaireurs.

Le rock psychédélique doit conduire à la transe, à la manière des chants rituels vaudous ou santeros, pour contribuer à l'éveil de l'homme. Tommy Hall, leader spirituel du groupe, crée, pour ce faire, un instrument de musique étrange : un cruche électriquement amplifiée. Le son de ce «Jug» est à la croisée du tambour d'eau et de la boite à rythme antique. Ses vibrations créent une son circulaire et envoûtant qui s'enroule autour du rock du groupe et lui confère son aspect mystique.
Bien avant que les insupportables intellos du rock progressif ne pourrissent la notion de psychédélisme, 13th Floor Elevator produit avant tout du rock. Du rock garage, toutes Fuzz en avant, confiné généralement dans de raisonnables espaces de 3 à 5 minutes à l'exception du premier et du dernier titre. Ce qui peut permettre à un cerveau sain d'apprécier la composition.
L'écoute de «Baby Blue», reprise de Bob Dylan peut permettre de comprendre l'influence que le son de ce groupe aura sur le rock à venir, et notamment sur les 2 premiers disques de Radiohead et sur Sonic Youth. Tant dans le son, dans la structure des compositions, que dans la volonté d'expérimentation.
Fort heureusement, le discours halluciné a lui, sombré dans l'oubli. Le destin du groupe n'ayant pas franchement révélé la supériorité de l'homme nouveau : Le chanteur Roky Erickson est sorti démolit du traitement aux électrochocs subit lors d'un internement psychiatrique. Le guitariste Stacy Sutherland a été tué d'un coup de fusil par son épouse.
Une des pierres angulaire du rock psyché, à écouter de préférence en vinyle, le Fuzz étant toujours plus réaliste quand il émerge dans les craquement du microsillon.