La bonne idée du GRM, cette institution fondée par Pierre Schaeffer, dirigée actuellement par Christian Zanési et qui fête ses 50 ans cette année, est d'avoir cherché depuis quelques années à se renouveler en invitant des compositeurs et musiciens à venir en résidence, tester ses machines et logiciels. Ces résidences donnent surtout lieu à un festival, Présences Electroniques, qui permet de découvrir quelques oeuvres classiques du GRM et de voir les invités s'ouvrir à d'autres perspectives. Il y a quelques années, on avait ainsi pu écouter les travaux électroacoustiques d'Arnaud Rebotini (alias Zend Avesta et Black Strobe, projets qui oscillent entre rock et techno) ou ceux de Robert Hampson (venu du rock par l'intermédiaire de ses groupes Loop, puis Main). L'an dernier, Matmos y avait donné un concert. Et le duo américain est de retour cette année. Mais cette fois-ci, il aura passé du temps, deux semaines, dans les locaux du GRM à préparer une pièce spécialement pour l'occasion : Sympathetic Magic for Pierre Schaeffer. Voici ce que Matmos dit de son projet : «Pour notre concert à l’Ina-GRM nous avons essayé de réfléchir à la question de l’héritage de la musique concrète livrée au monde par Pierre Schaeffer : une pratique toujours enserrée dans l’interface entre la rencontre matérielle spécifique avec “l’objet”, en tant que source sonore, et l’ouverture poétique du résultat musical lorsqu’on commence à manipuler, tordre, dénaturer et transformer ce son. La musique concrète nous enseigne la manière de nous souvenir des évènements acoustiques et de les mémoriser sans les laisser tels quels mais en les altérant, les sélectionnant, les changeant : un repli s’opère toujours, qui mène à une sorte de travestissement créatif.
Dans les semaines qui précèderont le concert, nous nous attaquerons à des matériaux bruts, des enregistrements effectués dans la rue et rassemblés par Schaeffer. Nous tenterons ensuite, dans les studios du GRM à Radio France, d’établir un frottement entre ces matériaux jusqu’à ce que s’établisse entre eux une friction productive, semblable à une lente cuisson au feu de bois. En choisissant la magie sympathique comme cadre de travail, nous espérons garder ouverte la possibilité d’une rencontre intime avec l’agathodémon ou l’esprit protecteur de Schaeffer, malgré l’écart du temps, de la langue, et de la nationalité. ».
Au même programme, qui démarre ce soir, il y aura aussi la très attachante française Colleen. Les infos sont par là : http://www.ina.fr/sites/ina/medias/upload/grm/presences-electronique-2008.pdf