Billet de blog 13 juin 2014

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Stéphane Alliès

Journaliste

Journaliste à Mediapart

Pays-Bas : où sont les “Van” ?

Les Pays-Bas ont livré une démonstration somptueuse face aux Espagnols. Mais peuvent-ils raisonnablement nourrir un quelconque espoir pour la victoire finale, avec un seul “Van” dans leur sélection ?

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Les Pays-Bas ont livré une démonstration somptueuse face aux Espagnols. Mais peuvent-ils raisonnablement nourrir un quelconque espoir pour la victoire finale, avec un seul “Van” dans leur sélection ?

La Hollande a beau être entrée magistralement dans la compétition en corrigeant l'Espagne (5-1), l'auteur de ces lignes, qui a pronostiqué les Oranje en demi-finale, est saisi d'un doute. Surprise potentielle de la compétition, les Bataves ont désormais le profil des arrogants qui se voient déjà arrivés et se font éliminer par surprise dès les huitièmes. Et surtout, cette équipe manque trop cruellement de "Van". Il y a quatre ans, les Pays-Bas se hissaient déjà jusqu'en finale, battu de peu par ces mêmes Ibères. Mais des quatre “Van” de son onze de départ (Van Persie, Van Bommel, Van der Wiel, Van Bronckhorst), seul Van Persie est encore dans l'équipe…

Auteur de deux buts, le brillant attaquant n'a pas semblé diminué par son choc avec un kite-surf (!) sur une plage brésilienne, qui aurait pu le priver de Brésil. Au moins a-t-il eu plus de chance que le classieux Rafael Van der Vaart, qui lui s'est blessé à l'entraînement, quelques jours avant d'embarquer pour Rio. Et a rejoint la cohorte des “Van” qui ont pris un vent. Van Rihjn, Van Ginkel, Van Wolfswinkel… Tous écartés au dernier moment par, comble de l'ironie, un entraîneur nommé Van Gaal.

Or, une sélection Oranje avec un seul “Van”, ça n'est plus tout à fait pareil. Car on peut toujours s'enflammer sur Johan Cruyff, Johnny Rep, Ruud Gullit ou Dennis Bergkamp, mais perso, les Hollandais qui m'ont toujours fait le plus rêver sont des “Van”. Et ce, en grande partie, par la seule grâce de leur patronyme et de cette particule qui fleure bon la tulipe et le port altier. Ce fameux “Van” qui se décline footballistiquement à l'infini, de John Van't Schip à Gerald Vanenburg, en passant par Paul Van Vossen, Adri Van Tiggelen, Berry Van Aerle ou les frères Van de Kerkhof. Bref, disais-je, les “Van” ont toujours été mes préférés…

Comme Marco Van Basten, et sa volée en finale de l'euro 88 contre l'URSS…

Vidéo La volée légendaire de Marco van Basten - Le 10 Sport - Sports

Ou l'imposant Ruud Van Nistelrooy, susceptible renard orangé des surfaces, doté d'un talent humoristique à nul autre pareil (ici lors d'un match amical contre l'Andorre)…

Sans parler de Mark Van Bommel, l'immense milieu défensif qui a sublimé la méchanceté comme rarement à ce niveau (et a même réussi à prendre un carton rouge lors de son match d'adieu)…

Mark van Bommel; Fouls, Cheatings, Elbow Checks, ... © krausi001

Mais aussi, et enfin, le grand Hans Van Breukelen, bien plus beau gardien que le surfait Van der Sar…

Hall of Fame: Hans van Breukelen © psveindhoven

En y réfléchissant, pourquoi donc cette fascination inconsciente envers une telle marque aristocratique ? Est-ce parce qu'elle se mêle au jeu de football (je n'ai aucune mémoire d'un “De” célèbre en équipe de France, ni d'un “Von” ayant marqué l'histoire de la Mannschaft allemande) ou qu'elle ne se restreint pas à une élite blanche (pensons ainsi à Giovanni Van Bronckhorst, Pierre Van Hooijdonk ou Gregory Van der Wiel) ? Impossible à savoir en l'état, pas le temps de lire des thèses d'histoire sur les spécificités et les prolongements de la noblesse batave, ainsi que sur ses nuances sémantiques (van, van der, van de, van't…) complexes. Car, comme le dit l'ami Michaël H. : « Ça reste surtout une vanne… »

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Merci à Dieter Wolff d'apporter cette précision dans les commentaires:

"Van" n'a rien avoir avec "la noblesse batave". En néerlandais, la présence d'un mot intercalaire entre le prénom et le nom (tussenvoegsel)  est plus fréquente qu'en français. Le mot intercalaire (van, de, aan, bij, 't, 's, ...) indique une localisation ou une origine. Ce n'est pas, et cela n'a jamais été, un marqueur de noblesse. Les "van"  oranges  sont des roturiers comme les autres.

On respire…