I – Le change des monnaies :
l’esbroufe du marché
Les mesures étant adoptées qui feront que les relations économiques entre les pays ne seront plus ‘’gravissimement’’ faussées par la Duplication de l’Endettement International des Pays et la Duplication du Paiement des Intérêts Internationaux des Pays (sur ces deux duplications -cf. le précédent article de ‘’Sur la monnaie’’- qui ne verra qu’au minimum, elles ont une lourde responsabilité dans ‘’la crise de la dette’’ ?), sera-t-il pour autant assuré qu’enfin, les relations entre les pays pourront être égalitaires ? Qu’en conséquence, la concurrence et la guerre économique à mort de tous contre tous pouvant être dépassées, et l’hydre de l’économisme pouvant enfin être terrassée (des échanges égalitaires entre les pays ne feront-ils pas qu’en commerçant, c’est à dire en échangeant, aucun pays ne pourra plus s’en subordonner aucun autre), l’économie internationale pourra n’être plus qu’ ‘’un long fleuve tranquille’’ ?
Hélas, trois fois hélas ! …
Et en effet, si :
1° ceci allant à l’encontre des représentations ‘’négatives’’ que s’en font ‘’les professeurs de morale’’, le marché est, sans aucune contestation possible, LE moyen de l’expression de la société tout entière,
2° ceci allant cette fois à l’encontre des représentations ‘’positives’’ que s’en font les ‘’professeurs de marché’’, l’économie par le marché ne peut conduire qu’à… l’économisme,
aussi désespérant que cela puisse paraître, la (sinistre) conclusion n’est-elle pas que le monde n’est pas à la veille de pouvoir rompre avec… l’économisme !
Sauf que, fort heureusement, il est quelque chose d’autrement plus convaincant que la contestation du marché et de ses thuriféraires par les seuls professeurs de ‘’morale’’ ! C’est que, n’en déplaise cette fois aux ‘’professeurs... de marché’’, ceci est absolument sans appel : aussi indépassable qu’il soit pour dire la volonté générale, le marché n’est pas ce qui fait l’économie. En particulier, il n’est certainement pas ce qui fait le change des monnaies ; c'est notre propos d’aujourd’hui…
1° Le change des monnaies et l’esbroufe du marché :
première approche
Soit le cas des relations économiques entre le pays R (dont la monnaie est, disons, le $) et le pays A (dont la monnaie, par exemple, sera le Peso –Ps).
A réalisant une exportation de valeur 10 $ vers R, n’est-il pas absolument limpide que le gain de 10 $ en réserves gagnées par A dans cette opération (savoir la valeur ‘’réelle’’ que, contre ces 10 $, ceci en les dépensant sur R, A, finalement, gagnera) dépendra du change $/Ps ? ; dit autrement, ceci dans le langage de tous les jours : « le Ps se trouvant mesuré en $, la (très) bonne question, et à vrai dire la seule qui soit ici pertinente, ne sera-t-elle pas la suivante : ‘’face au $, le Ps est-il une monnaie ‘’forte’’, ou, au contraire, le Ps est-il une monnaie ‘’faible’’ ? ».
Le lecteur/la lectrice l’auront bien perçu : à cet endroit, on est en effet face AU problème des relations (économiques) internationales.
A cet égard, écoutons les ‘’professeurs de marché’’.
‘’- Ben quoi, vont-il ‘’argumenter’’ sûrs de soi et dominateurs : le problème étant celui de l’expression de telle monnaie en telle autre, est-il concevable qu’il soit une autre solution que celle du marché ? ; ben quoi, insisteront-ils benoîtement, le problème étant (par exemple) de valoriser le Ps en $, est-il une autre solution que de se reporter au change $/Ps qui, sur le marché des changes, équilibre l’offre et la demande de $ contre Ps ! Décidément, concluront-ils non sans un haussement d’épaules, où est la difficulté ?’’.
La difficulté ?
Mais elle est comme ‘’le nez’’ dans la fameuse nouvelle de Gogol (cf. ‘’Le nez’’) : l’offre et la demande de ce qui est offert et demandé sur n’importe quel marché étant toutes deux des fonctions du prix (de ce qui est offert et demandé), si, sur n’importe quel marché, à l’instant t, le prix (de ce qui est offert et demandé) est ce qui fait que l’offre et la demande (de ce qui est offert et demandé) sont tels qu’à cet instant t elles sont, l’objection n’est-elle pas celle de ‘’la première enchère’’ ?
Très clairement, tout ceci étant donc adressé aux ‘’professeurs de marché’’ :
« - Messieurs, si (ce que vous dites, matin, midi et soir), le marché est le lieu où se forment tous les prix, ceci par l’ajustement de l’offre à la demande de ce dont le prix est recherché, si (ce que vous dites aussi selon les mêmes modalités) est que cette offre et cette demande sont des fonctions… du prix (donc, de ‘’quelque chose’’ qui, ‘’dans l’équation’’, est précisément… l’inconnue !), et si (enfin !), vous nous disiez comment tout cela peut ‘’fonctionner’’ ? »
Dit autrement (aux mêmes) :
« - Le problème étant donc celui de la détermination par le marché du taux de change $/Ps, soit le premier taux de change $0/Ps0, dont la fonction sera de lancer l’ajustement sur le marché d’une offre en $ contre une demande en Ps, cet ajustement étant censé s’achever au moment où cette offre et cette demande s’équilibreront au taux (recherché) $eq/Pseq : ce premier taux de change $0/Ps0, d’où vient-il ? ».
2° Le change des monnaies et l’esbroufe du marché :
deuxième approche
Soit à nouveau la question de savoir comment le change entre les monnaies M1 et M2 peut être déterminé.
Imaginons alors que, maintenant, la réponse soit celle-ci :
‘’- Ben, c’est tout simple ! : ne suffit-il pas de rapporter le prix du bien B exprimé en monnaie M1 au prix du même bien B exprimé cette fois en monnaie M2. Ainsi, le bien B exprimé en $ valant 100 ($), et ce même bien exprimé en Pesos, valant 1 000 (Ps), le $ vaudra 10 Ps (et, ‘’réciproquement’’, le Ps vaudra 0,1 $) ?’’
Mais, ceci pour retrouver l’hypothèse que le monde se trouve partagé entre le pays R (dont la monnaie, M1 sera toujours le $) et le pays A (dont la monnaie, M2, sera encore le Ps), ce qu’alors on doit dire n’est-il pas que le bien B est, ou bien un bien produit par l’économie R, ou bien un bien produit par l’économie A ? Et en admettant qu’il soit un bien produit par l’économie R (évidemment, l’hypothèse inverse, savoir qu’il serait un bien produit par l’économie A ne changerait rien à l’argumentation), ne savons-nous pas (cf. les premiers articles de ''Sur la monnaie'', savoir tous ceux qui ont trait à ‘’la production monétaire’’) qu’un bien produit par l’économie R ne peut qu’être un bien produit avec un prix exprimé en la monnaie de cette économie ? ; que donc, si un bien est produit par l’économie R dont la monnaie est le $, ce bien sera un bien avec un prix en $ ?
Comment, alors, imaginer que, mis sur le marché avec un prix en $, un tel bien puisse, sans ‘’contradictions’’, être l’objet d’une demande en… Ps ? Et si l’on veut que tel soit effectivement le cas, ne faudra-t-il pas que, préalablement, ceci pour qu’une telle offre puisse dialoguer avec une telle demande, on sache ce que le Ps vaut en $ ?
Sauf que ce que cela veut dire quand (ce qui est ici le cas !), on recourt au marché (en l’occurrence celui des changes) pour connaître ce que vaut une monnaie en une autre, c’est ni plus ni moins que, ‘’pour connaître ce que l’on cherche, ce qu’il faut au préalable, c’est que ce que l’on cherche, on le… connaisse’’ (!!!!).
Et sauf que, s’agissant des ‘’capacités’’ du marché à être, pour ainsi dire ‘’par définition’’, ce à partir de quoi, le réel peut relever d’une approche économique, ceci parce que le marché aura fait que, juxtaposition de valeurs d’usage par nature incomparables, ce réel soit, ceci par le prix, dont, par le jeu de l’offre et de la demande sur lui, le marché aura doté chacune de ces valeurs d’usage, une juxtaposition de valeurs d’échange cette fois comparables (économiquement, ces valeurs d’usage incomparables ayant désormais un prix, n’existeront-elles plus qu’en tant que valeurs d’échange cette fois comparables ?) ce qui se confirme est bien qu’en réalité, ces (prétendues) ‘’capacités’’ du marché relèvent purement et simplement du fantasme.
C’est là où, le problème préjudiciel (premier) de l’Economique étant de faire que, d’abord, le réel puisse relever d’une approche… économique (une fois de plus, le monde n’a pas été créé avec un prix), par-delà la ‘’solution’’ du recours au marché (à proprement parler, une authentique escroquerie intellectuelle), ce qu’il est possible de comprendre est que, s’agissant de la question du change des monnaies… tout reste à dire...
On se dit donc à la prochaine fois ?
Espérant quant à moi que tel sera le cas,
JT