Jean TRAMUSET

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Sur la monnaie

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Billet de blog 6 janvier 2015

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LA monnaie internationale : à l'origine de la crise de la dette (I)

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Avant-propos

C’est clair : entre ce qu’aura gagné la révolution du capitalisme quand elle saura ce que devrait être LA monnaie internationale, et ce qu’elle a gagné à ‘’savoir’’ que l’idéologie de Zemmour est ‘’meurtrière’’…

Sans autre circonlocution, soit donc, ainsi qu’annoncé à la fin de son précédent article (cf. ''Sur la monnaie'' : le retour (VI) ), la 1ère des quatre contributions que ‘’Sur la monnaie’’ s'est proposée de consacrer à la question de LA monnaie internationale.

Introduction

C’est une évidence, la mondialisation a besoin d’une monnaie ‘’internationale’’.

A cet égard, considérons la ‘’solution’’ de l’utilisation du $ (la monnaie nationale des Etats-Unis) comme monnaie ‘’universelle’’[1].

Soit alors la question de la ‘’valorisation’’ du $. Ne doit-on pas constater que ni son ‘’administration’’, ni sa fixation par les marchés (cette dernière à compter d’août 1971) n’ont mis l’économie internationale à l’abri des crises financières[2] ?

Mais, passons outre…

La ‘’difficulté’’ alors (un euphémisme !) est que la ‘’meilleure’’ valorisation du $ jamais ne pourra dissoudre l’ ‘’anomalie’’ (un autre euphémisme !) qui, dans l’organisation actuelle des paiements internationaux (celle héritée de Breton-Woods), permet aux Etats-Unis de s’endetter sans réelles contraintes (n’ont-ils pas la possibilité de rembourser leur emprunts internationaux… en leur propre monnaie ?[3]). Et… c’est en copiant le modèle du $ (par exemple en cautionnant l’€ Comme Monnaie Unique –l’€CMU) que la communauté internationale prétend assainir les paiements internationaux !

C’est entendu, ni le $, ni l’€CMU (l’euro trivialement conçu comme le concurrent du $, donc, sa réplique, son double, son clone… bref son ‘’singe’’), jamais, ne pourront prétendre au statut de monnaie internationale. La question de la conception de LA monnaie dont la mondialisation a besoin est donc bien totalement pertinente.

Qui pourrait bien y trouver à redire ? : l’empirisme ayant fait étalage de ses évidentes et insupportables limites (une fois de plus, voyez l’état du monde, voyez l’état de l’Europe !), c’est à la théorie que, maintenant (il en est grand temps !), la parole doit revenir.

Nous commencerons par ‘’réviser’’ les fondamentaux de la monnaie nationale. C’est de proche en proche que nous verrons à quoi, logiquement, ces fondamentaux conduisent…

1° La monnaie nationale (rappels) :

le sine qua non de l’Economique

Souvenons-nous du 1er article de ‘’Sur la monnaie’’ : sans la monnaie, ‘’tout simplement’’… pas de production au sens strict, c'est-à-dire (soyons parfaitement clairs), rien de ce qui, évidemment, est quelque chose de plus que la somme des ingrédients (les matières ‘’premières’’ et le travail –les inputs) de ce qui est produit. A cet égard, que l’on médite cette idée qu’en toute rigueur, une production, c’est (ceci au sens de : ‘’ce doit être’’), une création. Et en effet, si une production n’était que cela : la simple addition d’inputs, ce qu’alors on pourrait soutenir, c’est que produire n’équivaudrait qu’à réarranger un réel déjà donné, c'est-à-dire déjà existant, et donc, un réel… déjà produit ! ; sauf qu’alors, produire ne signifierait plus créer ; bref, produire… ne signifierait plus produire !

Rallions nous donc à cette vérité qu’une production, c’est une création. Sauf qu’aussitôt, tout reste à dire. Ainsi, soit une production quelconque : concrètement, que peut bien vouloir dire que, si cette production est bien ‘’strictement’’ une production, c’est (cf. supra) en raison du ‘’jeu’’ de la monnaie ?

Or si ce que l’on dit est que, la monnaie étant ce par quoi, au terme de n’importe quelle période de production, le produit nouveau se trouve doté d’un prix, savoir de quelque chose qui, avant la production de ce produit n’existait pas[4] ? ; et si l’on ajoute que la monnaie est la condition sine qua non du prix (cf. toute la ‘’problématique’’ de la ‘’production monétaire’’, et à nouveau le 1er article de ‘’Sur la monnaie’’), ce qui s’ensuit n’est-il pas que la monnaie est bien ce qui fait qu’une production nouvelle peut, effectivement, être dite… ‘’nouvelle’’ ?

Quant à maintenant rappeler ce qu’il en est du ‘’jeu’’ de la monnaie quand elle concourt à ‘’la production monétaire’’, pourquoi faire compliqué ? Sur ce sujet, ne faisons donc, mot pour mot, et schéma pour schéma, que reprendre ce que ‘’Sur la monnaie’’ (cf. son 2ème et son 3ème article) a déjà dit et schématisé : 

<<… Soit donc le circuit économique comme tenant entre les 3 pôles des ‘’BANQUES’’ (le pôle B), des ‘’ENTREPRISES’’ (le pôle E) et des ‘’TITULAIRES DE REVENUS’’ (le pôle T) –à ce sujet, voyez le schéma immédiatement ci-dessous ; comment admettre que, décidément, c’est dès avant marché que le produit à un prix ? Que c’est dès avant marché que le produit est de x € (ou y $, ou z Yens…) ?

Or si l’on dit que, ceci une fois passé le temps incompressible de la seule production (ce temps étant fixé par convention par exemple au mois calendaire), c'est-à-dire à l’instant même où les ‘’rapports de production’’ entre les ‘’ENTREPRISES’’ (E) et les ‘’TITULAIRES DE REVENUS’’ (T) s’achèvent (un nouveau produit P existant donc dans l’ ‘’ECONOMIE MOINS LES BANQUES’’ –c'est-à-dire dans l’ensemble {E/T}), par conséquent, avant marché :

1° les ‘’BANQUES’’ comme institution extérieure (‘’supérieure’’) à {E/T}, lui lancent x € (ou y $, ou z Yens…)[5] qu’instantanément (instantanément !), elles lui reprennent[6] [7];

2° que, suite à cette opération, exhaustivement, le nouveau produit P se partage entre une part allant aux ‘’TITULAIRES DE SALAIRES’’ et une autre part allant aux ‘’TITULAIRES DE PROFITS’’, le produit P est dit être de x € (ou de y $, ou de z Yens…).

Bref, si l’on dit ce que dit le Schéma ci-dessous, savoir :

min-10-1 

… tout n’est-il pas aussitôt comme si, en effet, l’instantanéité du circuit de la monnaie ‘’donnait’’ la monétisation du produit avant marché ?

Sauf qu’ici, convenons-en, deux objections sont pertinentes :

1° ne faut-il pas appeler les choses par leur nom : la création de la monnaie étant instantanément sa reprise (et donc… sa destruction !), logiquement (et… économiquement !) que peut-il bien rester de l’une et de l’autre ?

2° bien entendu, la monnaie est portée par les revenus ; comment alors concevoir qu’aussitôt entre les mains des ‘’TITULAIRES DE REVENUS’’ les salaires et les profits puissent être considérés comme dépensés ? Pour le moins ici, sans conteste possible, une démonstration est nécessaire.

Or, la monnaie étant créée ex nihilo (tirée du néant), ne faut-il pas logiquement que son circuit s’achève (instantanément !) sur sa… destruction ? Sinon, comment expliquer qu’à partir du néant, quelque chose (a fortiori de la monnaie !) puisse être créé ? Ne serait-ce pas justement cela (que quelque chose puisse être créé  à partir de rien) qui, pour le coup, serait réellement problématique ?

D’ailleurs, eu égard à la question posée (la monétisation avant marché du produit), si la solution est l’instantanéité du circuit de la monnaie, c’est à dire la création/destruction de la monnaie… ‘’où est le problème ?’’ : ce qui subsiste du circuit instantané de la monnaie n’est-il pas, avant marché… un prix, en l’occurrence, celui du produit nouveau ? Et que le produit nouveau soit avant marché, doté d’un prix[8], n’est-ce pas précisément cet objectif que, parfaitement, la création/destruction de la monnaie permet d’atteindre ? >>[9]

2° De la vraie nature de la monnaie

Ce rappel étant fait, qui, ici, ne le ‘’comprendra’’ aussitôt :

1° la monnaie n’est pas un fait d’échange[10] ; ‘’au contraire’’, elle est un fait de production  ;

2° la monnaie n’est pas un actif ; ‘’au contraire’’, ceci dans la mesure où, par nature, elle tient rigoureusement dans une écriture de débit/crédit  des ‘’BANQUES’’, elle est… un ACTIF-PASSIF.

Que peut-il alors bien en être du ''jeu'' de la monnaie dans ce que, sans discussion, l’on est fondé à voir comme au cœur de nos économies monétaires, nous voulons parler des paiements monétaires ?

Cela, si vous le voulez bien, nous le verrons dans le prochain article.

JT


[1] ‘’Solution’’ à laquelle (cf. ci-dessous) les ‘’Européens’’ opposent d’utiliser… leur monnaie ‘’nationale’’ (l’€CMU) !

[2] Un autre argument (un de plus !) en faveur de cette idée (une vérité !) selon laquelle -certes !- le ‘’problème’’ de l’économie n’est pas que les marchés soient ‘’dirigés’’ ou, inversement, ‘’libéralisés’’…

[3] Tout ceci sans compter qu’aujourd’hui, ce que tous les pays adjurent les Etats-Unis de faire de toute urgence, c’est… de bien vouloir décider d’accroître leur endettement vis-à-vis d’eux !!!!

[4] Que voudrait bien dire que le prix (profit compris !) du produit après sa production pût être considéré comme input de ce produit ? (!).

[5] Cela voulant dire (cf. le schéma ci-dessous) que, de ces ‘’x’’ €, {E/T} s’en trouve crédité par le débit de B.

[6] Cela voulant dire (cf. le même schéma ci-dessous) que, de ces ‘’x’’ €, B s’en trouve (re)crédité par le débit de {E/T}.

[7] Ces deux écritures (cf. les deux notes précédentes) illustrant les principes élémentaires de la comptabilité bancaire ‘’en partie double’’ : à tout débit d’un compte situé au crédit du bilan d’une banque correspond le crédit d’un compte situé au débit du bilan de cette banque (et inversement : à tout crédit  d’un compte situé au crédit du bilan d’une banque correspond le débit d’un compte situé au débit du bilan de cette banque).

[8] Ceci (l’ ‘’habillage’’ monétaire de la production avant marché) est la réponse définitive à la fameuse question de l’homogénéisation du produit : la monnaie homogène émise par les ‘’BANQUES’’ à l’issue de la production du produit ‘’transmet’’ son homogénéité au produit… 

[9] Quant à la question centrale de l’instantanéité du circuit des revenus (aussitôt gagnés par les titulaires de revenus, ils sont dépensés par eux), rappelons au Lecteur qu’il peut à volonté en retrouver tous les aspects en se reportant à ‘’Sur la monnaie’’ : le retour (I), (II), (III), (IV), (V).   

[10] Ainsi qu’imperturbablement, tous les professeurs de marché continuent de l’enseigner dans toutes les facultés dites ‘’de sciences’’ (sic) économiques du monde (‘’la monnaie est ce qui brise le troc’’ les y entend-on psalmodier mécaniquement), c'est-à-dire là où, semestre après semestre, ronronnent les chaînes de production de la (modeste) pensée unique.

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