Jean TRAMUSET

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Sur la monnaie

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Billet de blog 20 janvier 2012

Jean TRAMUSET

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La production monétaire : l'instantanéité des circuits de la monnaie et des revenus

Jean TRAMUSET

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Avant propos

Cet article étant le deuxième de l’édition intitulée : ‘’Sur la monnaie’’, commençons par résumer le premier.

La monnaie n’est-elle pas l’instrument de la monétisation du réel, c'est-à-dire (ainsi que nous l’avons dit –pardon pour le franglais !) de sa ‘’pricisation’’ ?

Alors, la monnaie est (ceci au sens de ‘’doit être’’) ‘’un fait de production’’ : elle est au cœur de ‘’la production monétaire‘’, c’est à dire de la production des biens avec un prix, ceci dès avant que le marché ne fonctionne.

(Sinon, la monnaie n’étant alors qu’ ‘’un fait d’échange’’, impossible de voir l’économie autrement que comme  toujours ‘’en équilibre’’. N’est-ce pas, imaginons que ce que l’on dise soit que les prix soient ‘’trop hauts’’ ou ‘’trop bas’’. Mais, n’y a-t-il pas toujours… des prix ? Et que des prix existent toujours, cela ne veut-il pas dire que, toujours, l’économie peut être considérée comme… en équilibre !)

Sauf que si, par la monnaie qui est la condition sine qua non de la production monétaire, il y a prix (ceci dès avant marché !), c’est que (dès avant marché !), nécessairement, il y a bien plus qu’ ‘’égalité’’ de l’offre et de la demande des biens (étant entendu que parler d’égalité, c’est parler d’ ‘’égalisation’’, c'est-à-dire, en l’occurrence, d’un processus d’ajustement dans le temps de l’offre à la demande, par et sur les marchés).

 Ce qu’il y a de ‘’bien plus’’ ? Ben oui, ça ne peut être que cela : l’identité de l’offre et de la demande !

Aussitôt, étant entendu que la monnaie (l’instrument de l’offre et de la demande  –identiques !- des biens produits avec un prix) et les revenus se portent l’un l’autre, c’est :

1°… l’instantanéité (l’instantanéité !) du circuit de la monnaie : aussitôt qu’elle est émise par les ‘’BANQUES’’ sur les ‘’ENTREPRISES’’ et, au-delà d’elles, sur les ‘’TITULAIRES DE REVENUS’’ (respectivement –ainsi que nous l’avons montré- les trois pôles ‘’fonctionnels’’ du circuit économique), la monnaie est reprise par elles (les ‘’BANQUES’’) ;   

2°… l’instantanéité (l’instantanéité !) du circuit des revenus : à l’instant même où on les voit comme gagnés par les ‘’TITULAIRES DE REVENUS’’ sur les ‘’ENTREPRISES’’, les revenus doivent être considérés comme dépensés par eux (les ‘’TITULAIRES DE REVENUS’’).

Evidemment, c’est avec le commentaire de ces  deux ‘’aberrations’’ (c’est bien le mot qui vous est venu à la bouche ? –cela dit, rassurez-vous, c’est ce que moi aussi je pensais quand je croyais… ce que vous croyez !) que ‘’Sur la monnaie’’ va maintenant continuer son petit bonhomme de chemin.

I - L’instantanéité des circuits de la monnaie et des revenus :

une vraie (très) bonne question !

L’instantanéité des circuits de la monnaie et des revenus (!!!!) ?

‘’- Mais… laissez nous rire !’’, vont s’esclaffer de concert (et de conserve !) les professeurs de marché, et ceux que ces derniers atterrent (naturellement, tout le monde aura ici reconnu les ‘’atterrés’’, et -en espérant que cela contribuera à les ‘’désatterrer’’ un peu- on aura une pensée pour eux !). ‘’Et si, au lieu de délirer, continueront-ils avec un bel ensemble, vous nous laissiez travailler en paix ; à faire en sorte, diront les premiers, que les marchés ne soient plus jamais encadrés comme les « dirigistes » clament qu’ils doivent l’être ; à faire en sorte (diront cette fois les seconds) que les marchés ne soient plus jamais libéralisés comme les « libéraux » s’époumonent à rabâcher qu’ils doivent l’être ; ceci, argumenteront-ils, pour que le monde n’ait plus à endurer les tragiques conséquences du dirigisme et du libéralisme (par exemple, diront les premiers, celles de l’échec historique des révolutions ‘’socialistes’’ du XXème siècle ; et, diront cette fois les seconds, celles de l’effondrement historique du capitalisme que le monde est en train de vivre)’’.

Sauf que voilà, le libéralisme n’étant pas la preuve du dirigisme (‘’c’est… l’inverse !’’, clamaient les ‘’dissidents’’ d’hier), et le dirigisme n’étant pas la preuve du libéralisme (‘’c’est… l’inverse !’’, s’indignent les ‘’indignés’’ d’aujourd’hui), le plus sûr est que si l’économie ne peut être la recension des ‘’arguments’’ en faveur du libéralisme, de la même manière, elle ne peut être la recension des ‘’arguments’’ en faveur du dirigisme.

Ce qu’elle doit être ?

Or si nous disons que, l’enjeu aujourd’hui étant de comprendre les vraies raisons pour lesquelles l’humanité se trouve aujourd’hui dans le mur, ceci pour qu’un jour l’humanité ait quelque chance de savoir ce qu’il convient qu’elle fasse pour que cela ne lui arrive plus, il n’est pour elle (et pour nous !) aucune autre solution : au lieu de se ridiculiser à se condamner à ne pouvoir être que la creuse paraphrase du réel, l’économie doit s’imposer de se construire pour être une science. Ce que cela implique ? En premier lieu qu’elle s’en tienne aux faits expérimentaux, et non pas aux faits tels que, les observant (quand on les observe !), spontanément, on les lit compte tenu du fatras de ses préjugés idéologiques.

Soit alors ce fait que le capitalisme tel qu’il fonctionne tous les jours donne à tous la possibilité d’expérimenter : lorsqu’ils se présentent sur le marché pour y être écoulés (à un prix qui sera dit ‘’de marché’’, c'est-à-dire à un prix résultant du jeu, sur le marché, de l’offre et de la demande de ces biens), d’abord (d’ABORD !), AVANT que le marché ne fonctionne, déjà, les biens ont un prix.

Quoi alors ? Le capitalisme étant LE système économique dont (du haut du fatras de ses préjugés idéologiques) ce que tout le monde dit est que là où le réel acquiert un prix, c’est… sur le marché, que la réalité soit exactement… le contraire (!!!!), savoir que dans le capitalisme, les prix viennent… d’avant marché (d’avant marché !), cela (qui, de proche en proche, implique l’instantanéité des circuits de la monnaie et des revenus –cf. l’avant propos ci-dessus), cela ne serait pas une bonne question, cela au sens d’une vraie (très) bonne question ????    

II - L’instantanéité des circuits de la monnaie et des revenus ?

1° l’instantanéité du circuit de la monnaie

Cf. l’article précédent de ‘’Sur la monnaie’’, soit donc le circuit économique comme tenant entre les 3 pôles des ‘’BANQUES’’ (le pôle B), des ‘’ENTREPRISES’’ (le pôle E) et des ‘’TITULAIRES DE REVENUS’’ (le pôle T) ; comment admettre que, décidément, c’est dès avant marché que le produit à un prix ? Que c’est dès avant marché que le produit est de x € (ou y $, ou z Yens…) ?

Or si l’on dit que, ceci une fois passé le temps incompressible de la seule production (ce temps étant fixé conventionnellement pour être par exemple d’un mois calendaire), c'est-à-dire à l’instant même où les ‘’rapports de production’’ entre les ‘’ENTREPRISES’’ (E) et les ‘’TITULAIRES DE REVENUS’’ (T) s’achèvent (un nouveau produit P existant donc dans l’ ‘’ECONOMIE MOINS LES BANQUES’’ –l’ensemble {E + T}), par conséquent, avant marché :

1° les ‘’BANQUES’’ comme institution extérieure (‘’supérieure’’) à {E + T}, lui lancent x € (ou y $, ou z Yens…) qu’instantanément (instantanément !), elles lui reprennent ;

2° que, suite à cette opération, exhaustivement, le nouveau produit P se partage entre une part allant aux ‘’TITULAIRES DE SALAIRES’’ et une autre part allant aux ‘’TITULAIRES DE PROFITS’’, le produit P est dit être de x € (ou de y $, ou de z Yens…),

… tout n’est-il pas aussitôt comme si, en effet, l’instantanéité du circuit de la monnaie ‘’donnait’’ la monétisation du produit avant marché ?

Sauf qu’ici, convenons-en, deux objections sont pertinentes :

1° ne faut-il pas appeler les choses par leur nom : la création de la monnaie étant instantanément sa reprise (et donc… sa destruction !), logiquement (et… économiquement !) que peut-il bien rester de l’une et de l’autre ?

2° bien entendu, la monnaie est portée par les revenus ; comment alors concevoir qu’aussitôt entre les mains des ‘’TITULAIRES DE REVENUS’’ les salaires et les profits puissent être considérés comme dépensés ? Pour le moins ici, sans conteste, une démonstration est nécessaire.

Or, la monnaie étant créée ex nihilo (ne préexistant pas à sa création – évidemment !- en effet elle ne peut être vue que comme tirée du néant), ne faut-il pas logiquement que son circuit s’achève (instantanément !) sur sa… destruction ? Sinon, comment expliquer qu’à partir du néant, quelque chose (a fortiori de la monnaie !) puisse être créé ? Ne serait-ce pas justement cela (que quelque chose puisse être créé  à partir de rien) qui, pour le coup, serait réellement problématique ?

D’ailleurs, eu égard à la question posée (la monétisation avant marché du produit), si la solution est l’instantanéité du circuit de la monnaie, c’est à dire la création/destruction de la monnaie… ‘’où est le problème ?’’ : ce qui subsiste du circuit instantané de la monnaie n’est-il pas, avant marché… un prix, savoir celui du produit nouveau ? Et que le produit nouveau soit avant marché, doté d’un prix, n’est-ce pas précisément cet objectif que, parfaitement, la création/destruction de la monnaie permet d’atteindre ?

On peut maintenant passer au circuit instantané des revenus, c'est-à-dire à la dépense instantanée par les ‘’TITULAIRES DE REVENUS’’ des revenus (salaires et profits) formés sur eux par la production monétaire.

Sauf que, ne le dit-on pas (sans compter que nous avons tout notre temps –les Mayas ne nous ont-ils pas dit : ‘’jusqu’au 21/12 de cette année), ‘’à chaque jour suffit sa peine’’ ? Ce sera donc pour la prochaine fois…

Jean Tramuset

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