Jean TRAMUSET

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Sur la monnaie

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Billet de blog 20 janvier 2015

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LA monnaie internationale : à l'origine de ''la crise de la dette'' (II)

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Avant-propos

La ‘’politique  éducative’’ des obscurantistes n’en étant pas la moindre des justifications, évidemment, pas question de cesser d’argumenter contre l’ignorance. Venant après celui daté 6 janvier, voici donc, commençant comme promis la dernière fois par éclairer le véritable jeu de la monnaie dans les paiements monétaires nationaux, le 2ème de la série des 4 articles que l’édition ‘’Sur la monnaie’’ a décidé de consacrer à la question de LA monnaie internationale.

1° Les paiements monétaires nationaux

Commençons par revenir sur ce que, minutieusement, les 8 premiers articles de ‘’Sur la monnaie’’ ont établi. La ‘’production monétaire’’, savoir la production des biens avec un prix, ceci dès avant marché, c’est, par les ‘’BANQUES’’ (le pôle B du circuit) ‘’la monétisation du changement du travail en son produit, ce changement se jouant entre les deux autres pôles du circuit : E (pour les ‘’ENTREPRISES’’) et T (pour les ‘’TITULAIRES DE REVENUS’’).

Schématiquement, la production monétaire peut donc être vue comme tenant dans le schéma suivant :

Schéma n° 1 

Le problème étant donc de comprendre le jeu de la monnaie dans la production monétaire, soit alors l’argumentation suivante : 1° le substratum économique de la production monétaire tenant dans le changement du travail en son produit (ce sont les deux flèches de sens contraires entre les deux pôles E et T), 2° la dimension monétaire de ce changement tenant, littéralement (et à vrai dire : ‘’topologiquement’’), dans son ‘’enveloppement’’ par la monnaie comme ce qui flue (‘’instantanément’’ !) de B à B , alors, c’est l’évidence, 3° la solution la plus fautive de ce problème serait de voir la monnaie comme terme de ce changement[1].

Que, la monnaie n’étant pas un actif (ceci pour la raison décisive qu’encore une fois, elle est un… actif/passif –là-dessus, cf. ‘’La monnaie internationale : à l’origine de la crise de la dette (I))‘’, que donc, en économie telle qu’elle fonctionne (et non pas comme il est tellement plus facile de se représenter qu’elle fonctionne !), la monnaie ne joue pas comme contrepartie dans les paiements (ce que le schéma n° 1 de la ‘’production monétaire’’ montre éloquemment), cela, voyons-le maintenant à propos des paiements monétaires nationaux.

Imaginons donc que, par un paiement monétaire national, c'est-à-dire un paiement effectué en la monnaie MA de l’Economie EA du pays A, le titulaire de revenus t de EA achète, au prix p (préexistant à cette transaction -sur ce point, une fois de plus, cf. toute la problématique de ‘’la production monétaire’’), un bien réel b à l’entreprise e de la même économie EA du pays A.

Cet achat signifiant l’inverse de la formation, à hauteur du prix p, au profit de t, de droits sur une part du produit réel de l’économie EA (à ce sujet -cf. une fois encore la ‘’production monétaire’’, et ‘’Sur la monnaie : le retour (VI)’’), tout ce qui a été dit sur l’écoulement du produit après sa production avec un prix, ce en quoi cet achat consiste réellement est donc,

1° du côté de t,

a. dans la perte à hauteur de p de droits sur un dépôt bancaire existant au nom de t dans les livres du système bancaire de l’économie EA,

b. dans le gain du bien réel b que t a acheté à e,

2° du côté de e,

c. dans le gain par e des droits perdus par t sur le dépôt bancaire existant à son nom dans  les livres du système bancaire de EA, ceci de telle manière que, désormais, ces droits soient ceux de e,

d. dans la perte par e au profit de t du bien réel b que t a acheté à e.

Sauf que cet achat est le résultat d’un paiement monétaire. L’analyse ne pouvant donc en rester là, et la contrainte étant que, répétons-le sans craindre de lasser le Lecteur/la Lectrice, la monnaie n’est pas un actif (elle est un actif-passif, impossible, donc, qu’elle puisse venir comme contrepartie dans un paiement), soit alors le schéma suivant :

Schéma n° 2 

Que ce schéma montre en quoi la monnaie n’est pas un actif (ceci signifiant une fois encore qu’elle est un actif-passif, savoir, un paiement monétaire étant effectué, qu’elle tient dans l’écriture de débit/crédit qui, en banque -en B dans le schéma n° 2- est l’expression de ce paiement), que donc, en toute rigueur, la monnaie soit ce qui fait qu’un paiement monétaire est un échange monétisé ou ‘’enveloppé’’ par la monnaie (et non pas un échange dont, encore une fois, la monnaie serait l’un des –deux- termes) cela, posons qu’ici, on pourra nous l’accorder[2]. Et qu’en conséquence (nous y voilà !), on nous accordera de pouvoir passer au cas particulier de la monnaie internationale.

2° La monnaie internationale comme actif-passif.

La monétisation des échanges entre les pays

Ne venons-nous pas de le montrer encore, la monnaie est l’instrument de la monétisation des paiements. Plus rigoureusement, la monnaie est l’instrument de la monétisation des échanges réciproques que sont les paiements.

Mutatis mutandis, la monnaie internationale sera l’instrument de la monétisation des paiements réciproques (autant d’échanges !) entre les pays.

Alors,

1° la monnaie internationale (entendons-nous, la vraie !) ne sera la propriété d’aucun pays,

2° c’est, conceptuellement, qu’elle relèvera d’une banque située ‘’au-dessus’’ des pays ; d’où le concept de ‘’Banque Internationale’’ (‘’BI’’),

3° la fonction de cette monnaie étant d’assurer, en monnaie internationale, la monétisation des échanges entre les pays, évidemment, penser cette monnaie comme pouvant être la propriété de la BI sera irrémédiablement fautif.

L’argument à cet égard ?

Mais, un paiement du pays A au pays R étant observé, le jeu de la monnaie internationale dans ce paiement ne pourra-t-il pas être schématisé de la manière suivante :

Schéma n° 3 

Ici, ne disons que cela : 1) la flèche rouge de BI à BI matérialisant le débit/crédit instantané de la BI en monnaie internationale, 2) cette flèche ‘’enveloppant’’ la vente/l’achat de A à R, ou, identiquement, l’achat/la vente de R à A, c'est-à-dire le parfait échange intervenant entre A et R, 3) cet ‘’enveloppement’’ signifiant que cet échange sera de tant d’unités de monnaie internationale, en conséquence, 4) comment mieux dire la monnaie internationale comme actif/passif ?

Sauf qu’aujourd’hui, l’évidence est que la monnaie internationale est très loin (à mille lieues !) d’être ainsi pensée. Ainsi, s’agissant de la façon dont, aujourd’hui, ‘’on’’ fait jouer la monnaie internationale dans les paiements internationaux, ce que l’on doit dire n’est-il pas que ce qui est présupposé, c’est que la monnaie est la contrepartie de ce qui est payé, bref, qu’elle est un actif ?

Hélas, trois fois hélas… Si, en tout domaine, l’impossible est de pouvoir se tromper impunément, en économie, l’impossible est que, lorsque l’on bafoue les LOIS de l’économie, l’harmonie prévale.

Sauf que, par-delà la lénifiante sémantique, ce sera vraiment douloureux : la monnaie internationale étant considérée ainsi qu’elle l’est aujourd’hui, savoir comme un actif, le résultat en sera ni plus ni moins que la (très douloureuse -non ?) crise ‘’de la dette’’.

Cependant, s’agissant de la monnaie internationale considérée ainsi qu’elle devrait l’être (donc, ne nous lassons pas de le répéter, comme un actif-passif), un ultime préalable s’impose ici : celui de rétablir les prêts internationaux dans leur statut d'authentiques échanges entre les pays ; c’est par là que, la prochaine fois, nous commencerons…

JT


[1] Sans compter que cela (la monnaie comme terme dans le changement travail/produit), la sémantique l’exclut : le ‘’changement travail/produit’’, n’est-ce pas le passage du travail à ce que ce travail produit ? 

[2] Attention, nous ne sommes pas ici en train de laisser entendre qu’il n’est plus aucune objection que Le Lecteur et/ou La Lectrice pourraient faire valoir à l’encontre de la caractérisation de la monnaie comme actif/passif. Sauf que, si tel n’est pas le cas, si en d’autres termes, cette caractérisation, Le Lecteur et/ou La Lectrice la contestent encore pour telle ou telle raison, cette contestation, il leur reste à l’argumenter !      

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