Jean TRAMUSET

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Sur la monnaie

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Billet de blog 23 janvier 2015

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LA monnaie internationale : à l'origine de ''la crise de la dette'' (III)

Jean TRAMUSET

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Nouveau point d’ordre

C’est entendu, cf. les deux précédents articles de ''Sur la monnaie'' (et, en tout cas depuis que  nous l’avons DÉMONTRÉ, nous n’avons pas entendu le moindre ARGUMENT justifiant que cette conclusion doive, sinon être révisée, du moins reconsidérée) la monnaie N’est PAS un actif : elle EST un ‘’actif/passif’’. Dit autrement, elle N’est PAS ce qui, dans les paiements monétaires nationaux et internationaux, vient en contrepartie de ce qui est payé. Au ‘’contraire’’ ! : instrument de ‘’l’ enveloppement'' monétaire des échanges réciproques que sont TOUJOURS tous les paiements nationaux et internationaux (c’est que tous les paiements –nationaux et internationaux- tiennent en des écritures de débit/crédit de comptes qui sont TENUS –et NON PAS ALIMENTÉS ou FINANCÉS !!!!- par les banques), la monnaie nationale est donc ce par quoi, les paiements nationaux sont dits être de tant d’€ (ou de $, de £, de Yens, de Yuans…), et la monnaie internationale (SI ELLE EXISTAIT !) ce par quoi, alors, les paiements internationaux seraient dits être de tant d’unités de cette monnaie.

Le rapport avec l’origine de la crise de la dette ?, puisqu’aussi bien, ceci en passant à la question de LA monnaie internationale, ce que s’est explicitement proposé de faire ‘’Sur la monnaie’’ en 4 articles, c’est de remonter ‘’à l’origine de la crise de la dette’’.

Or quand on parle de l’endettement international d’un pays, ce dont on parle en même temps, n’est-ce pas de ses emprunts internationaux ? Et pour un pays qui emprunte en une monnaie considérée comme un actif, pour lui, une telle opération ne revient-elle pas à ‘’échanger’’ une promesse de rembourser (= de simples mots !), contre des espèces sonnantes et trébuchantes ? Bref, pour lui, une telle opération ne revient-elle pas, EN TOUTE RIGUEUR, à faire un ‘’échange’’… qui, ABSOLUMENT, N’EN EST PAS un ?

Nous le vérifierons dans le prochain article de ''Sur la monnaie'' consacré à LA monnaie internationale : que la monnaie soit considérée comme un actif, telle est bien AU PLUS PROFOND l’origine de la crise de la dette.

Pour l’instant, commençons par vérifier que, la monnaie étant considérée ainsi qu’elle DOIT l’être, c'est-à-dire comme un actif/passif, aussitôt, ce qui est bien possible, c’est qu’un emprunt international peut bien relever de la (seule) catégorie dont il doit pouvoir relever, c'est-à-dire celle des échanges entre les pays.

La monnaie internationale comme actif-passif.

Le rétablissement des prêts internationaux dans leur statut

d’authentiques échanges entre les pays

R prêtant 100 à A, et la monnaie internationale étant fautivement (fautivement !) considérée comme un actif, soit l’ ‘’échange’’ qu’alors, on croit voir intervenir entre R et A : de R à A, 100 en espèces sonnantes et trébuchantes ; de A à R, réciproquement, une reconnaissance de dette (dans la suite on parlera de ‘’Je Vous Dois’’ –en abrégé : JVD) pour un montant de 100.

Sauf que l’erreur est gravissime ; sans compter qu’elle est universellement partagée (par les ‘’experts’’, les ‘’responsables’’, et (si encore il n’y avait que ces derniers !), tous les ‘’honnêtes’’ hommes et femmes d’aujourd’hui).

L’argument (décisif !) ?

Mais, en l’occurrence bien plus sage que la sagesse des économistes (quand bien même, à les entendre, ceux-ci ‘’ne font jamais que se conformer aux enseignements d’icelle’’ !), la sagesse populaire ne le dit-elle pas ? : ‘’jamais, deux « tu l’auras » n’égaleront « un (bon) tiens »’’.

C’est donc imparable : R prêtant 100 à A, et A, en contrepartie de ce prêt, ne pouvant que dire à R : ‘’Je vous dois’’, il n’est qu’une chose que R puisse dire pour que son prêt soit un échange : c’est… ‘’Je vous dois’’.

C’est là où, immanquablement, l’objection à cette objection sera la suivante : « mais, R ‘’prêtant’’ 100 à A, si ce que R ne peut que faire, c’est dire à A : ‘’je vous dois’’, où peut-on voir que, R prêtant à A, étant bien entendu qu’aussitôt, il existe… un prêt de R à A, il puisse y avoir… un prêt de R à A (!!!!) ? ».

Sans compter, ajoutera-t-on, que, R prêtant à A, A disant à R : ‘’Je vous dois’’, comment concevoir que, même si ce qu’il faut soit qu’entre A et R, il y ait un véritable échange, R, lui aussi, dise : ‘’Je vous dois’’ » ?

Or (commençons par la deuxième de ces deux objections), si ce que l’on dit est que, R prêtant à A, ce que R est absolument fondé à dire à A, ceci pour la raison absolument décisive que c’est purement et simplement… la vérité, c’est : ‘’Je vous dois de pouvoir vous dire que vous me devez’’ ?

Sauf que cette deuxième objection étant ainsi écartée, ce qu’il reste maintenant à comprendre, c’est… le parfaitement incompréhensible : si, R prêtant 100 à A, ce que, au ‘’Je vous dois’’ de A, R ne peut que répondre un ‘’Je vous dois (de pouvoir vous dire… etc.’’), comment peut-on dire que, R ayant ‘’prêté’’ 100 à A, ceci alors même qu’il n’y a qu’un échange entre eux, on puisse maintenir qu’il y a un prêt de 100 de R à A ?

Or, on l’a vu :

- un prêt du pays R au pays A étant une opération qui relève de l’économie ‘’internationale’’,

- la monnaie de l’économie internationale devant être une monnaie gérée par une BI (sur cette thématique, cf. -schéma n° 3 compris, le précédent article de ‘’Sur la monnaie’’), soit le nouveau schéma ci-dessous :

min-44 

Schéma n° 1

Alors,

1° ceci sans même parler des contraintes auxquelles doit satisfaire un échange entre R et A pour en être véritablement un (sachant que, cette fois, cet échange… y satisfait !),

2° ceci sans non plus parler de la monétisation de cet échange par le jeu de la monnaie internationale (circulant instantanément de BI à BI, pour un montant de 100, cette monnaie ‘’enveloppe’’ cet échange ; d’où la valorisation de cet échange en monnaie internationale à hauteur de 100[1] unités de cette monnaie),

3° n’a-t-on pas ici, de R à A, mais ATTENTION (!), seulement par l’intermédiaire de BI (ceci signifiant : 1) que A n’est pas endetté vis-à-vis de R : il l’est vis-à-vis de BI (!), et de surcroît en monnaie internationale (non pas donc en monnaie de R), 2) que R n’est pas créancier de A : il l’est de BI (!), et de surcroît en monnaie internationale (non pas donc en sa monnaie !),

le transfert, au bénéfice de A, de droits de R sur son produit national (ces droits étant évalués en monnaie internationale[2], et le produit national de R étant bien entendu une fraction du produit international, ce dernier, pour sa part, consistant dans la somme des produits nationaux de tous les pays) ? ; et ce transfert contre un endettement en monnaie internationale de A sur la BI, n’est-ce pas une opération (internationale) entre R et A dont ce que l’on peut assurément dire est que, ce prêt étant évalué en monnaie internationale, elle définit en effet un prêt international de R à A ?

Qu’ici, la monnaie internationale soit (ceci au sens de ‘’doit être’’) un actif-passif, convenons qu’au minimum, on puisse commencer à comprendre ce que cela veut dire…  

Sauf qu’aujourd’hui, telle est la réalité, ‘’la’’ monnaie internationale (c'est-à-dire, concrètement, les monnaies des économies dominantes –le $ des Etats-Unis, l’€ de l’ ‘’Europe’’… ) est universellement analysée comme un actif ; qu’en conséquence, c’est universellement que, dans les transactions internationales concrètes (les paiements concrets, les prêts concrets…), ces opérations étant conçues comme ne requérant pas de BI (ceci, entre autres misérables prétextes, au ‘’motif’’ de ‘’la souveraineté nationale’’ des pays –comme si, à l’heure de la mondialisation, un pays quel qu’il soit, pouvait encore sérieusement se dire ‘’souverain’’ !), les monnaies internationales jouent[3] comme si elles étaient autant d’actifs… 

C’est ce que nous verrons la prochaine fois : hélas ! trois fois hélas !…

JT


[1] Ici, évidemment, ce dont nous ne parlons pas non plus, c’est du système de change qui (c’est une autre évidence !) doit exister entre les monnaies nationales des pays et la monnaie internationale qui, en cette monnaie, valorise l’échanges entre R et A ‘’à hauteur de 100’’. C’est que cette question relève de ‘’l’économie internationale sous couvert de la question du change’’. Pour nous, cette note sera donc l’occasion d’annoncer que, après avoir traité la question de LA monnaie internationale ainsi qu’elle l’a fait, c’est non sans traiter la question du change de cette monnaie avec toutes les monnaies nationales qui (évidemment !) DOIVENT continuer d’exister que ‘’Sur la monnaie’’ ira au terme de son petit bonhomme de chemin.

[2] Cf. la note ci-dessus.

[3] … et plus exactement : ‘’sont jouées’’…

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