Mise en bouche
Ah bon,
-‘’la monnaie est un actif, c'est-à-dire quelque chose qui, dans les paiements, est la contrepartie de ce qui est payé’’ ? ; et
-‘’la monnaie internationale peut n’être pas une monnaie qui DOIT être d’un autre ordre que les monnaies nationales des pays –ainsi qu’aujourd’hui le <<démontre>> le jeu du $, ou de l’€ dans les transactions internationales ?’’
Mais si, ainsi que ‘’Sur la monnaie’’ l’a démontré, en particulier dans ses trois derniers articles (cf. ‘’LA monnaie internationale : à l’origine de la crise de la dette (I), (II), (III)’’),
1° tout paiement monétaire étant fondamentalement un authentique échange (= un échange bien contre bien), la monnaie n’est que ce qui permet de dire que les échanges (= les paiements monétaires) sont de tant d’€ (ou de tant de $, de £, de Yuans…) ; bref, si ce que l’on DOIT dire de ‘’la’’ monnaie (= toutes les monnaies nationales, et LA monnaie internationale), c’est qu’elle est… un ACTIF/PASSIF ?,
2° la monnaie internationale DOIT être la monnaie des monnaies nationales ; à ce titre, c’est conceptuellement qu’elle doit relever d’une Banque Internationale (BI) ?
Alors, répétons-le, si, en général, l’impossible est de pouvoir se tromper impunément, en économie, l’impossible est que, lorsque l’on bafoue les LOIS de l’économie, l’harmonie prévale.
Concrètement ?
Eh bien, si, en économie, il est éminemment FAUTIF de penser la monnaie internationale comme, en particulier, le jeu du $ et de l’€ dans les transactions internationales permet, hélas si facilement, de le faire , alors, logiquement, ce sera ‘’la crise de la dette’’.
1° La monnaie internationale comme actif :
la duplication (instantanée !) de l’endettement international des pays
Soit donc le schéma d’un prêt de 100 de R à A sans BI, sachant de surcroît qu’un tel prêt se fera en monnaie de R (et non pas en la monnaie internationale que, répétons-le, la mondialisation logiquement requiert). C’est l’évidence, ce schéma ne pourra qu’être très différent du Schéma n° 3 de l’article précédent de ''Sur la monnaie''.
R, en sa monnaie, dotant A à hauteur de 100, et, en contrepartie, A souscrivant une reconnaissance de dette de valeur 100 (en monnaie de R) au bénéfice de R, le schéma du prêt de R sera le suivant :

Schéma n° 1
Ce prêt étant ainsi conçu, ne répétons pas pourquoi il n’est absolument pas un échange (sur ce sujet, cf. l’article précédent de ‘’Sur la monnaie’’). Mais insistons sur le fait que, R dotant A en espèces sonnantes et trébuchantes, c’est au-delà de toute contestation : il donne plus à A que ce qu’ ‘’en échange’’, ce dernier lui donne.
La conclusion (imparable !) est donc que, quand R prête à A, en toute rigueur, R fait un don (un DON !) à A.
Question : R faisant un don à A, quel est le gain de A ?
Là aussi, la réponse est au-delà de toute controverse : A gagne ce que R lui donne et, en plus, (EN PLUS !), ce qu’il ne donne pas à R pour avoir ce que R lui donne.
D’où la conclusion : quand R prête pour 100 à A, en réalité, il lui donne… 200 (le DOUBLE) !
Sauf que R « prêtant » à A, ce qui, contractuellement, est convenu entre eux est que ce que R a donné à A, A s’oblige à le lui rendre ; d’où l’endettement de A vis-à-vis de R.
Or, ne venons-nous pas de le voir : R prêtant 100 à A, en réalité, R lui a donné… 200.
La conclusion ne peut donc être que la suivante : R prêtant 100 à A contre sa promesse (celle de A) de lui redonner ce que, par son prêt, R lui a donné, ce à quoi, instantanément, A s’obligera vis à vis de R, sera donc de lui rembourser… 200 (DEUX cents) !
2° La monnaie internationale comme actif :
la duplication (instantanée !) du paiement des intérêts internationaux des pasys
A amortissant le prêt qu’en sa monnaie (celle de R), R, ‘’hier’’, lui a accordé, ne parlons plus du remboursement du capital auquel A devra faire face ; ne parlons que des intérêts qu’au titre de cet amortissement A devra en outre payer à R.
A chaque échéance des intérêts qu’il aura à payer à R au titre de l’amortissement du prêt qu’il a contracté auprès de lui (mettons que leur montant soit de 10), A, avant qu’il ne paye, et ceci quoi qu’il en soit des devises en monnaie de R dont, à chacune des échéances de ces intérêts A disposera (ceci au motif de ses exportations de toute nature vers R –y compris celles de titres à ce qui, alors, constituera sa dette extérieure), A, face à R, se trouvera, conceptuellement, dans la position schématisée immédiatement ci-dessous :

Schéma n° 2
Caractérisons cette position de A comme, sa ‘’situation avant paiement’’ de sa dette d’intérêts.
C’est clair, toute dette en intérêt étant une dette nette (sans contrepartie en devises), A, sauf à mettre à ‘’découvert’’ l’exportation lui ayant apporté les devises qui lui permettraient de payer cette dette (ce qui ferait que cette exportation ne lui serait plus payée –ceci faisant que sa dette extérieure serait majorée d’autant), ne pourra la payer qu’en empruntant.
D’où le fait que, A ayant emprunté pour payer ses intérêts (mettons qu’ils soient de 10), et A ne les ayant pas encore payés, sa ‘’nouvelle situation avant paiement’’ serait la suivante :

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Schéma n° 3
Imaginons maintenant que ses intérêts, A les paye. C’est clair, ce faisant, il aura diminué son endettement net.
Déduite du schéma n° 3, la situation de A ‘’APRÈS paiement de ses intérêts’’ sera donc la suivante :

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Schéma n° 4
Conclusion ?
Que l’on compare avec le schéma n° 2 ! : alors même que le paiement de A l’aura désendetté vis-à-vis de R, son endettement sera resté… le même !
Alors, A ayant payé 10 d’intérêts,
1° A aura perdu 10 en monnaie de R,
2° alors même que A aurait dû voir son endettement net diminuer de 10 (n’aura-t-il pas payé 10 d’intérêts ?), A verra cet endettement rester… inchangé ; alors, son paiement de 10 lui ayant fait ‘’gagner’’ (et en l’occurrence : perdre –PERDRE !) un endettement net (c'est-à-dire sans devises) de 10, il aura donc aussi perdu les 10 que, dans le même mouvement, le ‘’gain’’ de cet endettement net lui aura fait perdre.
Bref, A payant 10 d’intérêts à R, en réalité, sur R, A aura perdu… 20 (DEUX fois 10) !
Qui, à cet endroit, n’admettra que la conclusion certaine de tout cela, est que, DE TOUTE URGENCE, il FAUT mettre en place un nouveau système monétaire international bâti autour d’une véritable monnaie internationale et d’une véritable Banque Internationale. Et si l'on dit que le système monétaire européen DOIT être la préfiguration du système monétaire international dont la mondialisation a besoin, alors, ce qu'il FAUT à l'échelle de l'Europe (vous entendez Yanis Varoufakis et Alexis Tsipras !), c'est refondre l'€ et refondre la BCE.
Sauf que, qui dit tout cela (''il FAUT une monnaie internationale qui soit la monnaie des monnaies nationales''), doit, en même temps dire la construction et le fonctionnement du système de change que ‘’tout cela'' requiert.
On se dit donc ‘’au prochain article de ’’Sur la monnaie’’ (intitulé : LA monnaie internationale : le modèle des changes ABSOLUS (I)’’) ?
JT