Billet de blog 30 décembre 2023

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#15 [Calendrier de l'après] Sapphistries / La belle saison / Dibby

Notre série "sur la table de chevet des inverti·e·s" nous permet de vous proposer régulièrement des films, bouquins, chansons, vidéos, expos et autres choix culturels. Entre Noël et le Nouvel An, nous vous proposons sept jours de Calendrier de l'Après : On invertit tout ! Nos choix culturels du samedi 30 décembre 2023 :

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Sapphistries: A Global History of Love Between Women, Leila J RUPP, 2009

Ce n’est un secret pour personne : de tout temps et à tout endroit sur notre planète, les femmes se sont aimées, désirées, touchées et explorées entre elles, et c’est pourquoi Sapphistries : A Global History of Love Between Women est sur notre table de chevet.

Sapphistries est un grand et long travail de recherche porté par Leila J Rupp, qui retrace l’histoire des amours entre femmes à travers le temps et à travers les continents. Allant des mythes qui datent de plusieurs dizaines de milliers d’années et des classiques poèmes de Sappho, jusqu’aux temps présents, tout en passant par le Moyen Âge et les diverses révolutions, Leila J Rupp offre une histoire riche et multiculturelle des amours entre femmes.

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Sapphistries: A Global History of Love between Women © Leila J Rupp

Avec une magnifique plume, Sapphistries raconte notre histoire, celles des lesbiennes et saphiques, et décrit la diversité des façons dont les sociétés ont façonné les sexualités féminines à travers le temps et l'espace.

À mon avis, c’est l’œuvre la plus complète et la plus poussée concernant les amours lesbiennes, saphiques, entre femmes, et tout autre adjectif allant dans ce sens. Bémol pour nos lecteurs qui ne pratiquent pas l’anglais : il n’a pas encore été traduit en français… 

Petite touche personnelle : j’ai croisé ce livre (parce que je travaille sur un pan de l’histoire lesbienne en Amérique latine) dans la seule et unique librairie, Gay’s The Word, à Londres, là où le mouvement Gays and Lesbians Support the Minors est né – comme quoi, tout est lié.


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La Belle Saison, Catherine Corsini, 2015

En 1971, Delphine (Izïa Higelin) fille de paysan, vivant donc à la campagne, dans une petite commune rurale, vit sa relation avec une autre jeune femme, de façon cachée. Mais lorsque cette dernière y met fin pour se marier à un homme, Delphine décide de quitter la campagne pour devenir indépendante et aller étudier à Paris. Là, elle rencontre Carole (Cécile de France), militante du MLF, et cela va changer leur vie à elles deux. Delphine va donc participer au activités du MLF et se rapprocher de Carole, même si cette dernière à un copain, qui bien que militant de gauche à un peu de mal avec les combat féministes.

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La belle saison © Catherine Corsini

Mais lorsque son père fait un AVC, Delphine est obligée de quitter sa vie parisienne pour rentrer dans sa commune rurale pour prendre la responsabilité de s’occuper de la ferme familiale à la place de ce dernier.

Ce film nous plonge dans l’époque des débuts du féminisme au sein du MLF, avec le point de vue de Delphine qui découvre tout ça en arrivant à Paris et en rencontrant Carole. On voit aussi la difficulté d’être une femme et d’être lesbienne dans le milieu rural de cette époque quand Delphine doit revenir s’occuper de la ferme à la place de son père. On y voit ses difficultés dans un monde paysan contrôlé par les hommes fermiers de la commune, et comment Delphine cache qu’elle lesbienne, qu’elle a une copine, pour s’éviter plus de soucis dans un milieu rural, patriarcal et homophobe. Cela se voit notamment avec la mère de Delphine qui à du mal à comprendre quand Carole, venue voir Delphine, essaye de lui parler de féminisme, d’émancipation des femmes. On voit bien que les principes de la société patriarcale et lgbt-phobe, sont bien ancrés chez la mère de Carole qui reste très soumise à son mari. On y voit un vrai décalage entre la ville de paris où Delphine est plus libre au seins du MLF et la campagne où elle vit en cachant des parts d’elle et de sa vie, et doit se battre pour s’imposer en tant que femme dans un monde d’hommes. 

La belle saison (2015) © Luvena cynthia hedi

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ALEXANDERPLATZ, Dibby, 2023

Si vous êtes fan de rap et que vous êtes un TPG, parfois vous avez une petite impression de dédoublement d’identité on va pas se mentir, heureusement de temps en temps il y a une pépite à l’image de Dibby, rappeur pédé assumé et suisse. Il est aussi son propre beatmaker. 

Son dernier EP Alexanderplatz envoie du lourd. Non seulement parce qu’il ne s’excuse pas d’être pédé, mais plus que ça il le revendique, pas de manière lissage d’intégration, “les LGBT sont nos amis, il faut les aimer aussi”. Non, Dibby sait parler de cul crûment, mais surtout en rappant bien (ce qui est rare). Avec cette volonté de reprendre les codes du rap tout en parlant en tant que pédé, il fait de la vraie bonne musique pour nous les TPG.

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Alexanderplatz © Dibby

Il n’est malheureusement pas encore assez connu et pourtant ce sont des punchlines propres, comme vous pouvez le voir dans le son No Homo : “Pédé comme un phoque, mais j’rappe bien mieux que ces mecs hétéros-cis-machos que je graille après avoir mis dans la sauce comme six nachos”. On soulignera la jolie paronomase digne des plus grands. 

On appréciera aussi les paroles de THUG LIFE : “Fallait que je parle de sexe anal dans mes sons pour qu’on m’entende, l’impression que c’est de l’egotrip en vrai c’est politique”. Si ça ne vous a pas encore convaincu d’aller streamer ALEXANDERPLATZ, on vous laisse avec le clip POPPERS, sorti l’année dernière avec des thématiques chères aux inverti.e.s, référence aux sacs guccis dans 3…2…1

Dibby Sounds - POPPERS © Dibby Sounds

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