
La new wave n'est pas qu'un rêve enterré.Le groupe franco-allemand "Stereo Total" en est une illustration très récente. Sans être un revival de la nouvelle vague, ce duo a revisité les tubes yéyés à la sauce synthé. Il est parvenu à créer un véritable univers, perdu quelque part entre les années 1960 et 80, un univers fait de textes bilingues fantaisistes et d'ambiance cosmonaute, de références rock et new wave. Bref, un groupe qui est à l'image de sa ville, Berlin: déjanté et hétéroclite.

Véritable pépite berlinoise qui a vu le jour en 1995, "Stereo Total" se compose de Françoise Cactus et Brezel Göring, couple à la ville et sur scène. Mais tout a commencé de l'autre côté du Rhin, à Villeneuve l'Archevêche, un petit village de Bourgogne, où a grandi Françoise Van Hove. Adolescente, elle s'ennuie ferme, écoute du rock, se balade dans la serre du jardin familial ...et hérite du surnom de "Cactus". Qu'elle ne quittera plus.
Berlin, milieu des années 1980. La new wavebat son plein. Françoise "Cactus" donne quelques cours de français et fonde "Les Lolitas", un groupe de rock très sixty's, avec trois compères berlinois. Blouson en cuir sur le dos et baguettes en mains, elle tape sur sa batterie et hurle en français. Succès garanti. En 1986, après un premier LP ils signent chez New Rose. Trois albums et quelques tournées plus tard, le label se scratche et le groupe se dispatche. Un an après la réunification, la jeune Cactus se retrouve seule en ex-RFA.
Dans son quartier, elle fait la connaissance du fantaisiste Friedrich von Finsterwalde, alias Bretzel Göring, bricoleur multipistes du très électro "Sigmund Freud Experience". Elle sera la chanteuse französische et lui le bidouilleur d'électronique. Stereo Total est né. Ses premières performances auront lieu dans les boîtes et les galeries d'art. Car à Berlin, la contre-culture n'est pas qu'un concept qu'on affiche sur les murs des squats. L'enregistrement d'un quatre titres, "Allo j'écoute", en 1995, donne le vrai départ du duo. "Oh ah", le premier album sortira un an plus tard sous le label Peace 95.

L'influence des "Lolitas" est perceptible, mais François Cactus sort des chantiers battus avec des textes en allemand et en anglais, le tout enrobé d'un accent français volontairement prononcé. Cet album est un bon condensé du groupe: reprises yéyé à la sauce punk ("Souvenir souvenir", "Comme un garçon"), détournements de tubes discos ("Push it") et pépites made in/by Stereo Total, à l'image de "Dactylo Rock", une histoire délirante ...de ponctuation ("Quand je le vois virgule, je pense deux points"). Côté son, Brezel passe des claviers à la guitare, au chant. Mais il n'est pas (toujours) seul: Lesley Campbell l'a rejoint à la guitare et Iznogood à la basse.
Stereo Total passe alors chez un autre label, Bungalow, celui même qui abrite Andreas Dorau. Arrive leur deuxième opus, "Monokini", dont la pochette en scandalise plus d'un.

Cette fois-ci, c'est du Françoise Hardy que revisite - en allemand et à coup de synthé - le couple, dans "Ach ach Liebling" (à écouter ici) et du Sylvie Vartan avec "Dilindam". Françoise Cactus s'essaie même à l'Italien avec "Furore", d'Adriano Celentano. Sans oublier le single "Schön von hinten" ("Beau vu de derrière"), en six versions. Ce deuxième album sort aux USA et au Japon. Lesley Campbell partie, Angie Reed la remplace.
Le troisième album, "Juke Box Alarm", fait aussi dans les références 60's, avec un style rock plus affirmé. Il constitue sans aucun doute l'une des plus grandes réussites du duo.

Y figurent plusieurs tubes:
Le génialissime "Holiday inn", qui apparaît dans 8 mixes différents sur le single:
"Nouvelle vague", l'un de leurs titres les plus connus:
Une reprise hystéro du "Supercool" de Plastic Bertrand, en version allemande avec un accent à couper au couteau:
A écouter aussi: le très bon "Touche-moi".
Avec "Melody", en 1999, le groupe prend un tour plus electropop. On y trouve une fameuse reprise de "Joe le Taxi", mais aussi "Sous la douche", "Die Krise" (co-écrit avec Wolfgang Müller, ex-Tödliche Döris, un groupe allemand des années 1980). Côté reprises, on trouve deux Gainsbourg et les Japonais font leur entrée avec The Plastics (à écouter ici).

Le groupe, qui s'était transformé en trio avec Angie Reed, reprend bientôt la forme d'un duo et poursuit ses tournées à travers le monde (Europe, Japon, Russie, Etats-Unis, etc). En 2001, le groupe débarque en France, où il était jusque là inconnu, par l'ornière du festival "Les femmes s'en mêlent". Leur quatrième album, "Musique automatique", sort en octobre de la même année ...en quatre versions (allemande, française, anglaise, japonaise). Un quatrième opus très new wave, avec des références 80's très claires: Kraftwerk ("Ypsilon"), Lio ("Je suis une poupée"), les tueurs de la lune de miel ("Nationale 7"), à écouter en version live ici. On y trouve surtout le tube qui a fait connaître Stereo Total au-delà de la scène dite underground, et notamment en France: "L'amour à trois" (à écouter ici), ci-dessous dans sa version originale, en allemand ("Liebe zu dritt"):
En 2002, ils font la première partie des Strokes, rien de moins!
Suivent "Do the Bambi" (2005), "Discothèque" (2006) et "Paris-Berlin" (2007).

A lire et écouter:
- Le site officiel du groupe.
- Un site très complet de fans, avec de nombreux morceaux à écouter.
- "Comme d'habitude", revisité par Stereo Total à la sauce punk-rock.
- Un très bon medley disco, "Get down tonight"/"Pop Corn"