Ce jeudi, pour la plus grande joie de l'ami Nippon, et du reste du monde qui observe tout ça, l’inéluctable qui se précise, d'un œil pas forcement très réjoui, la Chine commémore en grande pompe, ciel tout propret et tout frais, tout nettoyé et tentures impériales, avec force tambours et trompettes, le retour de l'hyper-géant, première économie mondiale et grand investisseur international, de la méga-puissance chinoise sur la scène planétaire dont elle a fait en quelques courtes décennies sa cour de récré, son territoire, son excroissance qu'elle raquette goulument et dont elle vampirise toutes les forces vives.
Xi Jinping, le président chinois, vient de se payer, en un tantinet moins réussi, tout le monde n'a pas, et au Parti Communiste Chinois personne ne lui arrive à la cheville, le talent, bien mal utilisé, de la cinéaste, égérie du cinéma nazie, Leni Riefensthal, et d'offrir au monde sa réplique Han du Nuremberg de la faste période de l'envolée nazie vers les sommets de l'ignominie.
Image léchée et moyens colossaux, écrans géants à tous les coins de rue et chaines T.V. diffusèrent des avalanches d'images des archives de la guerre sino-japonaise, qui fit, entre 1937 et 1945, quelque 20 millions de morts chinois, déclaration officielle et parutions qui prennent la réalité historique à rebrousse-poil et qui attribue la victoire contre un occupant et envahisseur nippon bien plus militairement performant, au seul Parti communiste chinois, dramaturgie qui connait son point d'orgue avec le début des festivités guerrières, l'arrivée impériale de Xi, debout avec quatre micros devant lui, dans une limousine noire, qui passe ses troupes - et son arsenal nucléaire bien aligné - en revue et, depuis son véhicule, les harangue, qui lui réponde sur un mode ternaire, point de convergence de tous les sons et de tous les regards et objectifs par dizaines de milliers de par le monde, des représentants des 17 nations invitées, point de convergence et de fixation du narcissisme phénoménal du premier chinois, qui entend sceller, de cette magistrale et abrupte façon, sceller définitivement, à l'intérieur comme à l'extérieur, son indiscutable accession au trône qu'il entend conserver sans plus aucun partage ni contestation d'aune sorte et de qui que ce soit. De qui que ce fut.
Ils ont léché l’image jusqu’à nettoyer le ciel, et y sont parvenus. Ils sont très forts les chinois. Surtout très riches. Et la suite de la cérémonie nuptiale du régime de Pékin d'avec la guerre qu'il couve de ses milles attentions laisse augurer qu'ils sont aussi très dangereux. Mais ça, le reste du monde le savait.
Et les quelques millions de Tibétains moins un, - million -, qui manque à l'appel, un environ, un bon million disparu dans les oubliettes de l'histoire sanglante que lui a servit l'hôte de l'empire du milieu, le savent en tout premier chef, eux qui le vivent au quotidien depuis six atroces décennies, qui le vivent et l'expérimente en leur corps, en leur pays, sur toute son étendue grande comme deux fois l’Europe, Bod, chasse gardée personnelle pékinoise, Bod ou l'Anschluss ouvertement réalisée, réussie, aux yeux du monde indifférent et lâche, sans coup férir, Tibet annexé et intégré de force à la mère-patrie. Tibet-occupé.
Ils ont léché l’image jusqu’à nettoyer le ciel, et y sont parvenus.
On imagine ...
Des Hans par millions, sur leurs échelles dressées en l'air comme des cordes de fakir hindous, des millions de petites mains nerveuses qui s'agitent mécaniquement, comme naguère elles agitaient le petit livre rouge, le grand timonier est toujours en bonne place et sa photographie trône qui du les observer, placide et imperturbable, frotter et astiquer la coupole spleenétique jusqu'à lui restituer sa tonalité initiale, jusqu’à en extraire l'impavide bleu de chine qu’ils entendent lui donner pour servir de fond de toile à l’un des plus fastueux et terrifiants défilés militaires qu’ait jamais organisé le parti communiste chinois, un parti fort de ses quatre vingt millions d'encartés.
Les ardeurs Han bien astiquées par le Parti ...
Et toute une région dépoussiérée.
Parce qu'il entendait que soit synchrone la perfection de pureté de l'image avec la démonstration de force, la démonstration de la puissance de la force de frappe nucléaire chinoise avec la présentation d'un interminable cortège effarant d’énormes missiles intercontinentaux dans leur tube et autres dingueries atomiques avec leur rampes de lancements dont le dragon menace maintenant tout bonnement le reste du monde, encore plutôt libre, parce qu'il entendait offrir au monde la vision de sa collection de gadgets nucléaires sertis dans un écrin de bleu, le président chinois a fait fermer pas moins de 10.000 usines qui polluaient la région, ce qui a participé, s'il ne l'a pas provoqué, au crash boursier chinois.
C'est dire la portée du caprice du tyran qui peut tout, c'est dire son assurance de n'être plus contesté de l’intérieur, c'est dire la portée de la menace, c'est dire sa puissance.
10.000 usines fermées, la presse et les médias en ont fait état, des millions de voitures interdites de circulation, c'est très en amont de ce D.Day de dingue à la Han que se sont mises en place les choses.
Les moyens mis en œuvre sont colossaux, les pertes financières et les couts à la mesure - démesurés - des moyens, et la résultante de ce type de stratégie qui fait fi de l’économie pour atteindre un but éminemment politique, est identique à la très terrifiante doctrine, jadis émise par les responsables chinois, doctrine de l'acceptation la plus bonhomme qui soit de la guerre nucléaire, et qui leur faisait dire que leur capacité à encaisser des frappes nucléaires, et donc des destructions massives, était, du fait de la configuration du pays et du nombre d’habitants, sans commune mesure supérieures à celle de n'importe autre pays ou ennemi potentiel.
Ou de son propre peuple comme mise potentiel sur le tapis de jeu des affrontements politiques.
Avec cette ignominie qui ne connait ni bornes et ignore le ridicule, c'est quand même étrange pour " des gens si fiers ", Xi a mis la responsabilité de la crise économique qui ferait quelque peu tressauter l'économie boursière chinoise, sur le dos du Dalaï-lama. Mais la rancune assure souvent la mémoire de sa pérennité. Vieille haine rance contre le voisin nippon qui, du coup, se réarme.
70e anniversaire de la capitulation du Japon, fin de la Seconde Guerre mondiale, Pékin et son maitre s'offrent l'un des plus imposant défilé militaire de sa paisible histoire.
Le message est envoyé au reste du monde. Quel uppercut !
Même le Russe, invité par Xi, ainsi que 17 autres nations, même Poutine, obligé d'en passer par les fourches caudines du protocole chinois, et poussé, jeté, l'un et l'autre, dans leurs bras respectifs pour une alliance contre-nature entre l'Ours et le dragon, par une politique internationale hasardeuse quant à ses conséquences pour la paix mondiale, semblait faire grise mine.
En revanche son homologue aux allures de dictateur, bien campé dans ses certitudes, avec ses plans bien en tête, prenant à pleine main la rambarde devant lui exultait. Les exultations des dictateurs n'annoncent absolument rien de bon.
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Plusieurs centaines d'aéronefs, avions et hélicoptères, idem pour tout ce qui roule ou chenille gaillardement, tanks et autres forteresses blindées made in china, canon dressé, canons dressés tendu vers l'avenir.
" La victoire totale de la guerre contre le Japon a refait de la Chine un grand pays dans le monde " a déclaré le président chinois Xi Jinping.
L'expression militaire et spectaculaire d'un grand pays dans le monde vu par la lunette de son président.
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Li Nanyang, la fille de l'ancien secrétaire de Mao Zedong, Li Rui, aujourd'hui âgé de 98 ans, déclarait ainsi cette semaine à l'AFP: " D'après le récit de mon père, il est clair que la guerre contre le Japon n'a pas été dirigée par le Parti communiste ".
" La majorité des grandes batailles classiques ont été livrées par les forces alliées aux nationalistes du général Tchang Kaï-chek, l'ennemi juré des communistes " objecte Rana Mitter, historien de cette période à l'Université d'Oxford.
Et " l'aide internationale des Alliés a été le facteur décisif pour la victoire ", rappelle-t-il.
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et sous un ciel bleu tout neuf
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Missiles intercontinentaux sous un si joli ciel.
Sous la férule chinoise, prise en tenaille dans les mâchoires du monstre qui affiche par sa superproduction militaire et propagandiste, à visée économico-politique, qui-plus-est erronée au regard de l'histoire que Pékin et son maitre révisent allégrement à la soumettant à ses besoins, la population tibétaine du toit du monde se consume à feu constant, et le 28 août dernier, une mère de 5 ans enfants, âgée de 55 ans, Tashi Kyi originaire du village de Ngura, dans l'Amdo, protestait par le feu contre l'occupation chinoise et en mourrait.
La veille, un peu à l'image des habitats des Rroms de France et d'Europe, bulldozers, fonctionnaires et soldatesque avaient investi le village de Tashi Kyi pour le mettre à sac et détruisirent les maisons de nombre d'habitants.
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Pour donner une idée de l'abime abyssal qui sépare le Maitre de Pékin de la population dont il occupe le pays qu'il maintient sous sa férule, le texte de l'hymne national tibétain.
Tel un trésor qui exauce tous les vœux de bonheur et de bienfait,
La parole du Bouddha s’élève scintillante comme un diamant.
Vous Protecteurs qui veillez sur l’immense royaume du Dharma et des êtres,
Puissiez-vous étendre votre amour et votre compassion
Tel un océan sur le monde et dans l’univers.
Que la tête de l’Empereur, couronné de cent vérités, puisse atteindre le zénith.
Qu’une joie et un bonheur infinis recouvrent l’ensemble des trois provinces du Tibet,
afin que rayonne la gloire prestigieuse du pouvoir spirituel et temporel.
Que l’enseignement du Bouddha irradie dans les dix directions,
Et amène tous les êtres de tous les univers jusqu’au bonheur et à la paix.
Les qualités du Dharma et du peuple tibétain,
Resplendissent tel un soleil aux cent mille rayons bienfaisants.
Puisse leur pouvoir éclatant être victorieux du combat contre la sombre ignorance.
" Je ne considère pas ce défilé comme patriotique mais comme un étalage d'ignorance ", déclare en vitupérant Chen, artisan pâtissier chinois de 69 ans, dont la famille a rempli de hautes fonctions sans le gouvernement et l'armée nationalistes qui avaient combattu - victorieusement avec l'aide internationale - les forces japonaises.
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Thomtok Rinpoché, abbé du monastère de Namgyal dirige la prière pour Tashi Kyi, le 4 Septembre à 2015.
Deux heures de défilé, de prises de vues sous tous les angles, depuis tous les points de vue, pilote d'avion de combat de face dans son cockpit à la tête de sa formation, pilote d’hélicoptère, plan pris dans les mâchoires d'acier des chenilles à crémaillère des tanks et de discours officiels, après un matraquage d'images d'archives, sous un ciel splendide et un soleil radieux, parcourus par 200 avions. Ici et là, les vidéos de la chaine qui a couvert le défilé.
" La victoire totale ".
Quel est le but de la Chine en s'offrant une parade militaire à grand spectacle au milieu des récents événements en Chine ?
Par Thupten Gyatso
le 3 Septembre 2015,
Quel est le but de la Chine en s'offrant une parade militaire à grand spectacle au milieu des récents événements en Chine ?
Dans cette Chine d'aujourd'hui, le pouvoir politique ainsi que tous les services de l’État ne servent qu'aux intérêts du Parti communiste pour la pérennité de sa dictature.
Par conséquent, pas de parti politique d'opposition, ni de presse libre et indépendante, encore moins de séparation des pouvoirs puisque il s'agit d'un régime totalitaire de type Stalinien, qui a embrassé avec son pragmatisme l'économie du marché afin de pouvoir déployer ses ailes "d'une puissance mondiale".
Dans un pays, où il n'y a que propagande officielle alors que toutes les informations relatant les réalités du terrain sont censurées systématiquement par le gouvernement. C'est un black-out total pour l'opinion chinoise en terme d'accès à l'information.
Cette parade militaire n'est autre qu'une mascarade bien chinoise où, on dit tout sauf la vérité sur l'état réel du pays:
Les événements récents dans la ville portuaire de Tianjing et d'autres villes seraient une illustration de la tension politique, qui règne entre les différents clans au sommet du Parti communiste. Le comble du ridicule, le gouvernement chinois a attribué récemment la responsabilité de la crise boursière chinoise à Sa Sainteté le Dalai-Lama !
Le mouvement des étudiants de Hong-Kong est dans l'impasse et les affrontements violents entre les populations chinoises et les forces de l'ordre sont quotidiens et ces affrontements ne font pas la Une de la Presse nationale.
Malgré tout cela pourquoi ce coup de communication ?
Le Président chinois, Xi Jingping veux régner sur la Chine avec une main de fer comme ses prédécesseurs.
La politique intérieure de Xi a mis l'accent sur les répressions systématiques des opposants chinois, et de ceux qui revendiquent l'autonomie, ( les Tibétains comme les Ouighours ). Il veux se débarrasser de ses rivaux politiques avec sa prétendue lutte contre les corruptions qui vise à la fois "les tigres et les mouches" dit-on. Le gouvernement chinois prend le peuple chinois pour son ennemi numéro un, car il y a une défiance totale de l'un envers l'autre et le divorce entre les deux est bien consommé.
Une démonstration de force:
Xi Jingping a adopté une stratégie à la fois économique et Géo-politique. Elle est d'abord, économique, car la Chine a récemment dévalué la devise chinoise afin de booster l'export et la Banque Centrale chinoise a injecté également de la liquidité, par centaine de milliards de dollars, dans le marché boursier chinois, afin de faire face à la crise financière.
Dans ce cadre, la parade militaire du 3 septembre à Pékin sert comme un coup de marketing pour vendre des armements de fabrication chinoise de la nouvelle génération afin de relancer son économie. Du moins, c'est le calcul de ces manœuvres politiques.
La Chine souhaite s'engager progressivement dans une opération de la tertiarisation de son économie. Pour l'heure, tous les indicateurs de l’économie chinoise sont passés du feu vert de la croissance au feu jaune, ce qui suscite une incertitude chez les acteurs économiques.
La Chine est perçue par les uns comme la locomotive de l'économie mondiale qui est en train d'éternuer alors que les autres pays émergents du sud sont grippés par l'impact du ralentissement de l'économie chinoise.
Cette crise économique de la Chine s'accompagne d'une instabilité politique à l'intérieur du pays. La colère des populations délaissées par la croissance chinoise et des victimes de l'injustice se manifeste au péril de leurs vies. Les Tibétains comme les Ouïghours ne reconnaissent pas leur appartenance à la Chine, au contraire, ils revendiquent la mise en place de l'Autonomie de substance. La situation globale en Chine est à la fois inquiétante et incertaine.
Le deuxième message de cette parade militaire, est hautement politique et comporte une dimension géostratégique.
La Chine veut affirmer sa puissance régionale en ajoutant une parade militaire à la commémoration du 70ème anniversaire de la capitulation japonaise après la victoire des alliés durant la deuxième guerre mondiale.
Le destinataire de cette démonstration de force vise directement le Japon qui est l'allié principal des Etats-Unis dans la région, ainsi que tous les pays de la région qui ont des contentieux maritimes avec la Chine.
C'est une mise en scène assez habile pour exhiber au monde entier sa "capacité militaire de l'offensive" dans les opérations maritimes etc. Le Président chinois est celui qui porte "le rêve chinois" et il est le père de ce nouveau concept. La réalisation du "rêve chinois" doit se traduire par l'accession de la Chine populaire au statut de la première puissance du monde. De ce point de vue, elle envoie également un message bien militairement ficelé aux U.S.A.
Par Thupten Gyatso.
Thupten Gyatso, qui fut le brillant et dynamique Président de la communauté tibétaine de France, est candidat à la députation au parlement du gouvernement Tibétain en exil à Dharamsala.
" Tous les Tibétains qui résident en Europe constituent une circonscription dotée de 2 députés. Pour l'heure, 5 prétendants et une jeune femme également candidate d'Oslo, Namgyal Tsomo. Le scrutin est à deux tours. Le 18 Octobre prochain aura lieu le premier tour de l'élection dans les différents pays européens ".
Thupten Gyatso fut l'un des organisateurs de La Marche européenne pour le Tibet qui s'est déroulée à Paris le 14 mars 2015 et qui commémorait le 56ème anniversaire du soulèvement du peuple tibétain contre l’occupation chinoise du Tibet le 10 mars 1959 dans Lhassa, la capitale tibétaine du Tibet-occupé.
C'est à cette occasion que le Premier Ministre tibétain, Lobsang Sangay, adepte et âpre défenseur de l'Approche de la Voie médiane, prônée par Sa Sainteté Le Dalaï-lama, déclarait :
" Depuis les manifestations pacifiques qui ont éclatées en 2008, et les auto-immolations de Tibétains sur le plateau, le Tibet est quasiment verrouillé. Les restrictions sur les déplacements des Tibétains se sont fortement intensifiées. A de multiples points de contrôle dans les principaux centres urbains, sous surveillance constante des caméras, les Tibétains doivent présenter leurs cartes d’identité incorporant des puces sophistiquées de deuxième génération.
Cette situation de restrictions accrues est si excessive que même les touristes chinois ont été touchés au point de décrire les conditions actuelles au Tibet comme étant celles d’une “ zone de guerre ”."
" Alors que extrémisme et conflits violents sévissent dans le monde, le Tibet reste un modèle de modération et de non-violence digne de votre soutien constant. Nos exprimons notre profonde reconnaissance au peuple et au gouvernement de l’Inde pour leur générosité et hospitalité."
Zone de guerre et victoire totale ...
Nous retiendrons outre cette actualité molaire et harassante chinoise, que la petite machine à grand rendement continu de paix tibétaine poursuit son inlassable labeur, labeur de persuasion des êtres, que la solution de tout problème réside tout d'abord en soi. En soi et en les préceptes du Bouddhisme tantrique tibétain, amour et compassion.
Le gouvernement tibétain en exil, sa résistance pacifique, démocratique, entêtée et courageuse, remarquablement organisée est d'une grande efficacité.
Et parce que la joie suprême est au-delà de la peine, de toute peine ...
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