L'homme à l'étrange destinée ... L'homme dont c'est l'anniversaire ... Le monde bouddhiste tout en émoi festif, de par le monde ... De par le monde, l'homme a mobilisé les énergies ... C'est un tracé de lumière ... Il a pour tâche d'attirer à lui ... C'est l'une des tâches dévolue à sa fonction. Les foules se rassemblent en foule autour de lui. Des foules en liesse rassemblent leur liesse autour de lui. Il rencontre tout le monde et tout le monde l'a rencontré. Le rencontre. Tous l'ont vu. Tout voyage commence par un premier pas. Ceux qui ne l'ont pas rencontré n'ont pas désiré faire ce premier pas. Tous, de par le monde, s'ils le désirent, le peuvent. Il n' y a pas d'exception. L'exception ne sied pas au Bouddhisme. Puisque les voies qui y mènent sont ouvertes à tous. Et chacun la peut emprunter. Un temps, plus ou moins long, intense. Ou de façon définitive. Tous ont accès. Tout un chacun le peut.
Seuls les siens captifs dans la citadelle du toit du monde ne l'ont pu. Ils brandissent l'image de lui. En posséder une était passible du pire. La brandir était s'y exposer, s'y condamner. Inexorablement. Homme, femme, enfant ... Brandis l'image et tu seras occis. L'opprobre étoilée de rouge s'abattra sur ta famille, les tiens et leurs amis ... Trafiquants d'image... Elle court, elle court, l'image ... L'insaisissable furet de la citadelle des neiges ... L'absent est partout. Il est sa personnification. l'Absence. Elle est partout ressentie. Il en est devenu la présence. La présence partout détectable. Détectée. L'absence s'est faite préhensile. Par tous, de tous. Tous la ressentent, elle est le trait d'union, ce dont est composé l'air, ce qui lie les regards, elle est l'agilité de la pensée dans le silence, elle réside partout. Jusque dans les fleurs, les cours d'eaux, les nuages. Nuage qui passe rapporte la parole du maître. A cœur qui sait l'entendre. Et tous l'ont très à cœur. Cours d'eau qui frissonne, frondaison agitée, imperturbable granit, tous les règnes de la vie sont sa manifestation. Il est la manifestation. Il est le dieu vivant. Un ami me disait : le dernier dieu vivant. ... Voir le dernier dieu vivant.
Brandis l'image et tu seras occis. Étrange geste. Étonnant savoir. Détermination première. Se départir de tout soi. Où tout est passé dans l'image. Vois cette image et par le geste qui y est attaché et te la fais voir, je ne suis plus rien mais tout est là, et toi, à qui je dis ça, et qui voit ça, est réduit à moi. Moi qui suis tout dans cette image; et toi avec. C'est le grand bain amniotique auquel tout le monde est renvoyé. Au sortir duquel la pureté seyait à tous. Étrange puissance de l'image. Étrange perpétuelle ascension que ce cheminement lent, long, patient et douloureux pour parvenir à Sa Sacralité. C'est une image vaillante qui parcourt courageusement son bonhomme de chemin drôlement accidenté tout en thésaurisant pour le meilleur de tous les autruis. C'est une image qui atteint à la force de la constance sa sacralité. C'est une image sacrée. C'est ce que dit le geste ... Voyez notre émissaire, voyez l'image, elle est la manifestation visible du sacré. Elle est nôtre, comme nous sommes elle.
Voici la manifestation du sacré. Voici ce avec quoi nous avons partie liée. Avec ce qui est. Et ce qui est, par ce geste dans lequel nous sommes et derrière lequel nous ne sommes plus que la détermination effectuée de l'avoir commis, ce qui est est est sous vos yeux. Notre abnégation solidaire par l'esprit et le cœur ainsi brandie vous abasourdie comme la révélation celui qu'elle illumine. Nous en sommes l'une de ses multiples manifestations. Nous sommes le temps dans sa reptation perpétuelle, dans son éternité imperturbable.
L'homme dont c'est l'anniversaire aujourd'hui et qui de par le monde est fêté, une caravane jadis partait à sa recherche. Il n'était qu'un enfant, et il le leur fallait trouver. Lui savait déjà que des émissaires l'allaient venir chercher. Il le savait ; il le savait comme les enfants savent les choses. Il le savait confusément et intuitivement. Comme les enfants savent des choses. Il le savait comme parfois les enfants savent des choses qui surprendraient bien les parents s'ils le savaient. Les enfants qui se souviennent encore un peu des choses d'antan. Il savait la quête de cet étrange équipage parti sans destination plus précise que ça depuis longtemps et pour un périple à tâtons depuis la très lointaine Lhassa. Savait-il ... Combien se sont penchés sur la réflexion à mener et à comment la mener à bien cette réflexion et convoquer, réunir tous les éléments, tous les savoirs, tous les pouvoirs, et conduire l'équipage à bon port au travers des immensités sans fin apparente.
Toujours est-il qu'enfant ils trouvèrent, et preuve est aujourd'hui faite, force est de constater qu'il n'était pas n'importe quel enfant. Que ce n'était n'importe quel enfant. Que celui qui les attendait. N'importe quel enfant que cette savante et hétéroclite caravane à force de tâtons inspirés, de tâtons réflexifs et terriblement attentifs au moindre souffle des choses, a ramené, entouré de tous les soins et de toutes les plus infimes attentions et précautions, de tous les honneurs dus à son rang, dans ses bagages, dans son palanquin d'or et d'avenir.
Tenzin Gyatso
Savait-il, l'enfant en route lorsqu'il soulevait légèrement le voile de la fenêtre de son palanquin et laissait sa tête apparaître un instant pour jeter un œil curieux, pour regarder dehors, ces gens qui le regardaient tout le long du chemin passer, lui et son attelage, savait-il, quelle destinée l'attendait, imaginait-il, quel avenir allait sous ses pas dérouler le tapis ininterrompu du resplendissement, de la resplendissance d'une sacralité en perpétuels mouvement ascensionnel et expansion, savait-il, vers et auprès de quelles foules, telles une roue incomparable et multicolore déployée aux milliards d'ocelles, allait-il être conduit depuis sa petite aire de jeu d'enfant qui s'essaie aux premiers pas prés de sa maison dans son village natal de la province de l'Amdo ?
Ceux qui surent, par la reconnaissance des signes de son élection, présider à son choix, présidèrent à la sauvegarde de leur peuple. De son peuple. A la sauvegarde de l'âme de son peuple, auquel il aura été arraché, et, dont, il aura été privé. Dont tous deux auront été, l'un de l'autre, privés. Ont été, jusqu'à présent, au grand dam du monde, cruellement privés.
Dharamsala fête les 77 ans de Sa Sainteté Le Dalai Lama
Des milliers et des milliers d'années
Ne suffiraient pour dire
La petite seconde d'éternité
Où tu m'as embrassé
Où je t'ai embrassée.
Le jardin - Prévert
DHARAMSALA, le 6 juillet 2012,
A l’occasion heureuse et très spéciale de son soixante-dix-septième anniversaire et au nom de tous les Tibétains, au Tibet et de par le monde, ainsi qu’au nom de l’Administration centrale tibétaine, nous présentons à Sa Sainteté nos pensées les plus respectueuses, nos prières et nos souhaits les plus chaleureux.
Ce jour est des plus propices non seulement pour le Peuple du Pays des Neiges mais aussi pour le monde entier. Bien que les Tibétains aient à affronter une tragédie sans précédent dans notre histoire, nous avons néanmoins réussi à établir et maintenir dans la durée une communauté de réfugiés exemplaire sous la conduite spirituelle et inspirée de Sa Sainteté. Les Tibétains se doivent de chérir et respecter les principes de non-violence et de démocratie ainsi que les nombreuses autres contributions faites par Sa Sainteté, comme la dynamique impulsée par lui pour créer un monde meilleur et plus pacifique.
Sa Sainteté fut identifiée durant une période des plus difficiles de l’histoire du Tibet. Il eut à assumer le pouvoir spirituel et temporel au jeune âge de seize ans. Ensuite, à peine âgé de vingt-quatre ans, il fut forcé d’abandonner son pays et prendre l’exil ...
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A cette occasion, nous souhaitons exprimer notre profonde gratitude au gouvernement et au peuple indiens et, en particulier à l’Etat d’Himachal Pradesh, pour leur généreuse hospitalité et leur soutien pendant plus de cinquante ans. Nous tenons également à remercier tous ceux qui apportent leur soutien au peuple tibétain.
Pour terminer, à l’instar du Grand Cinquième qui réunifia le Tibet et du Grand Treizième qui put rentrer d’Inde au Tibet, nous faisons le serment de faire tous nos efforts pour permettre le retour de Sa Sainteté le 14e Dalaï Lama dans son palais du Potala, ainsi que le souhaitent tous les Tibétains et comme le crient au monde tous ceux qui se sont immolés.
Avec nos ferventes prières pour la longue vie de Sa Sainteté et afin que toutes ses prières soient exaucées. Puisse la vérité prévaloir au Tibet.
Message du Kashag à l’occasion du 77e anniversaire de Sa Sainteté le Dalaï Lama.