Tibet, Offrandes au feux, fééries ineffables et autres joies !

Puissent tous les êtres sensibles connaître le bonheur et les causes du bonheur !
Puissent tous les êtres sensibles être délivrés de la souffrance et des causes de la souffrance !
Puissent tous les êtres sensibles ne jamais être séparés de la joie suprême qui est au-delà de la peine !

Puissent tous les êtres sensibles demeurer dans l’équanimité, libres de partialité, d’attachement et de haine !

Puissent tous les êtres sensibles ne jamais être séparés de la joie suprême qui est au-delà de la peine !

Le Palais du Potala à Lhasa, by F. M. Bailey,Tibet, 1903-04

Tibet, Offrande aux feux et fééries ineffables ...

Tomoyo Ihaya   " Pour un moine inconnu ..."  Qui s'enflammait ce Jeudi 9 Juillet 2015.

Pour un moine, dont le nom est inconnu, inconnu, à l'heure actuelle, qui s'est immolé par le feu à Kyegudo, Kham, Tibet-occupé, le 9 Juillet à 2015.
Tout ce que nous voyons sont quelques photos de lui, la proie des flammes, sur la rue pavée, avec des gens autour. Tous les moyens de communication ont été immédiatement après sa protestation ultime, coupés.

Sur les quelques photos qui ont fuité, se sont faufilées, comme le jeune Dalaï-lama, il y a six décennies, au travers de la plus haute chaine montagneuse du monde pour gagner l'exil et, de fil en aiguille de ses bonnes paroles par myriades incandescentes de lumière aimante qu'il répandra sur le monde, sans qu'il s'en fut à l'époque le moins du monde douté, pour incarner, comme vient encore d'en témoigner les cérémonies inouïes qui se sont déroulées, à l'occasion de son anniversaire, de ses 80 ans, dans tous les pays de la planète et jusque dans nombres de lieux sacro-saints du pouvoir politique de ces états, pour incarner, et de quelle façon, le magister moral du monde entier, entre les méandres des pièges terribles installés partout par l'occupant et maitre sans état d'âme, sur les quelques photos, chargées d'âme et de larmes, qui ont échappées à la chiourme Han, le moine-inconnu prie les mains jointes, les mains serrées. L'une contre l'autre.

Très serrées.

Qu'on imagine si pleine de douleurs du feu qui lui fait atrocement mal, qu'elles ne s'en serrent que toujours davantage encore plus, jusqu'au roidissement ultime de la carbonisation accomplie.

Toute l'immense et invraisemblable douleur de la morsure du feu qui lui dévore les chairs dans ses mains serrées, dans ses deux mains jointes à jamais dans sa supplique silencieuse qui s'en va zébrer et l'espace et le temps.

Témoignage muet, empreinte désormais indélébile, sceau à même l'âme, à même l'esprit de chacun et de tout ceux qui l'ont vu.

Le pouvoir des Hans ne fait que se durcir, et à sa tête, se déroulent des purges que le pouvoir soviétique ne saurait, n'eût su, en son temps, en rien renier.

Le président chinois nettoie autour de lui, tout autour de lui, c'est au tour de tout un chacun qui lui déplait, autour de lui et même au-delà, de façon appliquée et terriblement efficace, les caciques tombent les uns après les autres, il fait  place nette et lustre à tel point son trône à la bonne huile sans pareille du culte absolu de la personnalité, que c'est un authentique dictateur au pouvoir total et sans conteste  qui, si rien ne l'en empêche, ne vient contrarier son ascension, qui va s'y asseoir pour et jusqu'à, pense-t-il certainement, pour et jusqu'à bien après lui ...

L'homme qui s’assoit chaque jour, et nuit, un peu plus confortablement  - pour lui et lui seul ce confort - sur le trône du pouvoir absolu de la première puissance économique du monde et troisième puissance militaire de ce même monde pas mal tétanisé devant la puissance terrifiante de ce dragon qui réactive à lui seul et ses presque deux d'administrés, les pires scénarios catastrophes et autres godzillas de l’abomination dernière, dont furent, en des temps anciens, friands ses voisins nippons qui entament, à leur tour, leur surarmement, à l'instar d’ailleurs, de leur voisin du sous-continent-indien, et bien ...

Cet homme qui s’assoit chaque jour et nuit ... est un homme perclus de ces  rhumatismes si spécifiques aux tyrans et aux hommes qui tirent leur pouvoir de la puissance qu'ils ont su mettre en exergue, et ne s'y maintiennent que par l'usage qu'ils en font, cet homme est un homme bouffé aux mites de l'angoisse et de la peur.

Le Président Chinois Xi Jinping semble vivre des heures noires empreintes d'une hantise extrême. Son entourage et ceux qui le côtoient ou l'observent ne s'y sont trompés.

L'homme, qui a su et pu émerger d'entre les 80 Millions de militants du Parti Communiste Chinois, à peu prés la population de l’Allemagne, et qui a pris les rênes et donc initie et conduit la politique de la formidable  - adjectif employé ici dans son acception première, " Qui est à craindre ou qui inspire une grande crainte, qui est dangereux de nature ou terrifiant d'aspect" -  puissance économique du monde, devenu l'atelier de production du reste de la planète, et qui s'attribue inexorablement des pans entiers de secteurs très divers d'à peu prés tous les pays sur l'économie  des cinq continents,  deuxième vendeur d'armes au monde  - il vient de coiffer la France  -  dont les laboratoires de recherche financés et soutenus par l’État chinois  qui entretient sans regarder à la dépense des écuries de très brillants chercheurs, souvent jeunes,  mettent au point  et innovent dans tous les domaines,  comme, un exemple parmi des centaines d’autres,  des transports par voie ferré sur coussin d'air qui propulsent les machines à des vitesses qui relègue le Tgv au rang d'aimable tortillard, Xi Jinping semble hanté jusqu'à la sidération par la peur, tenaillé par elle, habité, quasi momifié  par cette peur, qu'étrangement il incarne et inspire dans toutes chancelleries au moins occidentales, pour ne dire du reste du monde.

Xi est hanté par le spectre, collé à ses basques, le spectre de l’assassinat. De son assassinat.

Lors de l’assemblée du Peuple qui s’est déroulé le 3 Mars dernier, 3 mars 2015, l’homme vers lequel tous les regards sont en permanence tournés, culte oblige, est apparu gourd, empreint d’une lourde lassitude totalement apathique.

Quand on sait que l’Assemblée du Peuple est l’évènement politique chinois le plus important de l’année, et que l’homme, le néo-timonier qui relance, pour se glisser dans l'étoffe de sa sacralité,  le sacre perpétuel de Mao, et que l'homme auquel revenaient tous les honneurs semblait épuisé, au bout du rouleau,  paupières gonflées, lourdes, rideaux baissés, lassitude extrême de ses traits, le silence, même s'il fut bref, le silence, l'instant de silence et la qualité de ce silence, qui l’accueillirent furent éloquents, qui dit la surprise générale, qui la trahit.

Tous de faire, comme les choses se font en pareil cas, de façon discrète et presque anonyme, sur le ton de la confidence à oublier, touts de faire l’analogue constat. «  Il avait l’air distrait » témoigne un délégué présent lors de l’évènement. «  Il s’est comporté comme s’il pensait en permanence à quelque autre chose de première importance ».

Les sept membres du Comité permanent du Bureau politique, l'organe suprême de prise de décision de la Chine, furent au cœur au cours de la session qui dura de deux semaines et donna aux journalistes étrangers une chance rare d'observer de près le staff de direction de l’Empire du Milieu.

L’allure générale et très particulière du président, sa fatigue ne furent pas uniquement  ce qui attira l’attention de tous les regards. Ils se focalisèrent sur les deux gardes du corps de la sécurité du Président chinois qui ne quittèrent pas des yeux, en lui emboitant le pas, une serveuse qui déposait une tasse de thé à la place qu’allait, sous peu, venir occuper Xi Jiping.

L’événement est suffisamment rare pour qu’il ne manque de surprendre. En fait, il ne s’était jamais produit. Et aucun garde n’avait été jamais, lors des sessions précédentes, jusque là présents et aussi explicitement visibles dans la salle.

« Leur rôle est de garder un œil sur les femmes qui servent le thé pour prévenir toute tentative d'empoisonnement »  a déclaré une personne  proche de la sécurité.

« Ces hommes sont extrêmement bien formés et seraient  en mesure de faire face à tout agresseur »

 L'épisode met en lumière la méfiance de Xi qui va jusqu'à se porter jusqu’aux personnes qui lui servent le thé. Il ne peut pas exclure la possibilité que quelques proches de l'un quelconque parmi le très  grand nombre de fonctionnaires que Xi a évincé de l’appareil militaire et de la sécurité de la Chine ne soit parvenu, à l’aide de complicités, à s’infiltrer dans la conférence, et à ourdir quelque complot visant à l’assassiner.

En coulisses, lors des jours de fermeture de la session, le nombre de gardes qui surveillaient la serveuse attitrée de Xi est passé de deux à un. Qu'est-ce que cela veut dire ?

Les tensions restaient vives au sein du Parti communiste, début  Mars, suite à un remaniement majeur qui concerna des fonctionnaires chargés de la protection de Xi ainsi que nombre d'autres dirigeants.

Signe explicite qu'il craignait pour sa sécurité, Xi a fait brusquement remplacé tous les hauts responsables du Bureau de la sécurité centrale du Parti communiste et du Bureau municipal  de la sécurité publique de Beijing.

Le Bureau Central de la Sécurité est chargé de protéger les dirigeants chinois et d’assurer  la sécurité dans la zone de Zhongnanhai à Beijing, où ils sont basés. La plupart des gardes du corps du Bureau de la sécurité centrale sont des militaires. Mais les effectifs du bureau sont placés sous le contrôle du directeur de Bureau Général du Parti communiste, un poste habituellement tenu par un proche collaborateur du président.

Le directeur du Bureau ainsi que nombres de ses autres fonctionnaires remplacés par Xi avaient mis en place par M. Ling Jihua, un ancien directeur de l'Office général. Ling, un proche collaborateur de l'ancien président chinois Hu Jintao et l'un des adversaires politiques de M. Xi, a été mis en examen l'année dernière.

La rumeur veut que Ling ait fomenté un complot, et que se soit ourdi   « un coup d’État à quatre » bande des quatre qui comprenait Bo Xilai, l'ancien chef emprisonné du parti de la ville de Chongqing; Zhou Yongkang, l'ancien membre inculpé du Comité permanent du Bureau politique;  et l’ancien général de l’Armée de Libération du Peuple,  Xu Caihou,  mort en Mars.

Les quatre auraient intrigué pour paralyser l'inauguration de l'administration Xi.

Lutte de pouvoir. « Au cours des dernières années, il y eu près de 20 occasions avérées au cours desquelles  Xi fut l’objet de possibles tentatives d'assassinat ». Selon une personne proche du premier cercle,  « La province de Jiangsu, fief de Zhou Yongkang,  est la plus dangereuse ».

Le remaniement soudain et radical du personnel de sécurité en dit donc effectivement long sur les craintes du président.

Peut-être, soyons ironique et un brin irrespectueux, les vigoureux efforts tant vantés de Xi pour renverser - se débarrasser définitivement .. -  ses ennemis politiques, au nom et au prétexte de sa campagne anti-corruption, l’ont-ils laissé sans sommeil et, en, somme toute, grande détresse.

"  clame héroïquement devant " vous-voyez-quel-genre-de-froid-lascar ", un fort courageux tibétain qui s'est emparé d'un micro  "

Quant au " Loup dans un habit de moine ", tel que le définissent les apparatchiks Han et leur consortium d’industriels à la solde du régime qu'ils dirigent, le contraste est saisissant d'avec Xi.

Le monde entier a fêté son anniversaire.

Toutes les chancelleries furent de la fête. Presque toutes. Pas le Quai d'Orsay. On le sait frileux, craintif voir pleutre. Et sujet aux coups de froid, sensible aux courants d'air. Les poumons, forcement les poumons ...

Mais le groupe Tibet du Sénat, peu de temps après que leurs homologues de l'Assemblée se soient inquiétés du sort des Ouïghours et des manquements - pour rester diplomate -  graves dans les relations de la France, bien trop compréhensives, complices par couardise, avec la Chine, le groupe Tibet du Sénat rendit, donc, hommage au Chef religieux du Tibet, et se réunit pour fêter dignement les 80 ans de l'émissaire mondial de la paix, Sa Sainteté Le Dalai-lama qui fit, excellente synchronicité diplomatique, parvenir un courrier manuscrit pour les en remercier et leur témoigner sa reconnaissance et son amitié.

L'instant d’après, sur même pas un signe de tête perceptible du froid-serpent à lunettes noires, l'insolent courageux tibétain est embarqué, manu-militari, par une horde en uniforme verdâtres, soustrait à tous les regards et ne reparaitra plus ...

Sa Sainteté reçu et écouté dans toutes les capitales occidentales.

Les témoignages de sympathie et les souhaits de longue-vie à l'adresse de Sa Sainteté affluèrent de ... C'est bien simple, affluèrent de partout.

Du monde entier. De mémoire d'univers, jamais une planète ne rendit pareil hommage à un homme pour son anniversaire.

Statistiques et témoignages, entretiens et parutions, radios et TV dans toute les langues, le  " Grand - Quatorziéme ", comme l'a appelé, voir vidéo ci-dessous - en référence aux mythiques et bien réels et très actifs " Grands-Cinquiéme "  et " Treiziéme Dalai-Lamas " -  Sykiong, Lobsang Sangay, dynamique Premier Ministre du Gouvernement Tibétain en exil, lors de la cérémonie officielle donnée, en l'honneur et en présence de sa sainteté, à Dharamsala, le " Grand - Quatorziéme " est bien celui que les chinois, il y a prés de quatre-vingt ans, craignaient, par-dessus tout, de voir succéder sur le trône du XIII ème Dalaï-lama, un homme énergique.

Ils ne furent pas, dans leur crainte, déçus.

Le jeune homme désigné qui lui succéda et prit en main les rênes du pays des neiges était celui-là même dont les qualités justifiaient toutes leurs craintes. Celui qui s'asseyait sur le trône était cet homme énergique.

D'aujourd'hui 80 ans, l'homme toujours aussi énergique, Tenzin Gyatso, " bstan 'dzin rgya mtsho ", XIV ème Dalai-lama, Incomparable Maître qui a répandu le Bouddhisme Tibétain, jusqu’alors, confiné et protégé à l’intérieur de ses infranchissables frontières érigées par la nature, civilisation préservée sept siècles, dans sa densité réflexive et son extrême sophistication philosophique, qui l'a sur toute la surface de la planète.
Et le bouddhisme tibétain se répandit ainsi sur toute la surface de la terre. Les Chinois, vainqueurs du coup de force,  ne pouvaient pas imaginer pire scénario. Rêver pire cauchemar. La Présence fut partout. Partout sur la planète bleue.

Et, ne s'y trompent pas, ces jeunes, pourtant très grands maitres, tout autour de lui, ces moines de haut-rang, responsables d'écoles et de lignées prestigieuses, tous très versés et expérimentés dans tant de domaines hors de portée, à des années-lumière de tout un chacun, qui, très en deçà d'eux-mêmes et du respect incommensurable qu'ils lui portent, qui, tout au fond sans fond de leur être à la sagesse pourtant immense, n'en reviennent, tout simplement, pas de l'énormité du phénomène que représente le  " Grand - Quatorzième ", n'en reviennent pas du " Bonhomme ", de ce " Bonhomme de Bouddha vivant " qu'ils ont devant eux et qui leur sourit, radieux, et se marre carrément sous leur nez de leur mine parfois un brin déconfite. Ils en restent sidéré, époustouflé.

Le " post-ado " qui fuyait, avec une poignée de fidèles, les troupes chinoises de Mao est devenu, quelque soixante ans plus tard, l'homme le plus respecté de la planète.

Le plus aimé de cet amour qu'il a, tout au long de ces années de lutte pour la survie de son peuple et de sa culture, dispensé devant des auditoires, des publics, des spectateurs et télé-spectateurs par milliards.

L'homme est la joie, l'homme est le bonheur qu'il distille de par la planète, l'homme, le dernier Dieu vivant sur terre, le simple moine qu'il s'ingénie malicieusement à dire être, l'homme est l'incarnation sensible, aimante et empreinte de compassion de " La joie suprême qui est au-delà de la peine !  ", de " La joie suprême qui est au delà de toute peine ". " Au delà de toute peine ...", la joie suprême.

Toute peine. Au delà de toute peine, pourtant immense. La peine est et fut immense et continuelle.

Les Chefs communistes des Hans, voir au dessus, s'y emploient et ne semblent pas vouloir en refréner un tant soit peu la virulence. Dans ce régime capitalo-communiste sans autre foi que la puissance de la Chine et l'arriéré de rancœur à l’égard du monde entier pour les " vexations coloniales subies .. ", certes déplorables et tout aussi inouïes que celles qu'ils font maintenant subir aux tibétains dont ils se appropriés le pays par la force et le conserve de la même façon, sans autre loi que celle de la loi du plus fort, toutes les minorités qui en composent un important substrat souffrent, morflent, et chacune de réagir selon, et ses moyens et ses méthodes et sa culture et son histoire.

Un patchwork complexe et hétéroclite de minorités. De minorités agissantes aux intensités insurrectionnelles qui ne peuvent, en écho à l'exemple des protestations tibétaines qui pourraient faire mouche, que s'enflammer. Le régime a tout à craindre de certaines de ces minorités qui n'ont pas forcement dont le credo pacifique des peuples des hauts-plateaux-occupés aussi bien chevillé au corps et à l'âme, dont chaque enflammement résonne comme le flamboiement avant-coureur d'une aurore de la révolte pour recouvrir la liberté, cette liberté confisquée des décennies de décennies.

Et pour peu, comme cela se déroule actuellement, sans que nos médias ne nous en rendent trop compte, que les valeurs boursières chinoises connaissent un Krach retentissant ... Un tsunami financier, une perturbation cataclysmique ...

Tibet, Offrande aux feux et fééries ineffables

Puissent tous les êtres sensibles ne jamais être séparés de la joie suprême

Long Live His Holiness ! Presque 5 heures de cérémonie et de célébrations en l'honneur du Dalaï-lama pour ses 80 ans.