Le Tibet, l'enfer sur terre!
C'est là le titre d'un fascicule écrit par un jeune moine nommé Bagdro, qui a vécu dans cet enfer, et -s'il a réusi à en sortir- n'arrivera jamais à guérir de ses blessures. L'enfer, c'est ce que vivent (peut-on encore employer le mot vivre?) les millions de Tibétains piégés dans cet enfer, qui de jour en jour devient plus effrayant. Voilà qu'à présent, l'oppresseur chinois ne parvenant toujours pas à soumettre sa victime, s'emploie à effacer les traces de la présence tibétaine dans son lieu le plus sacré, sa capitale Lhassa.
Le site officiel du gouvernement tibétain en exil communique cette dernière information, qui glace d'effroi tous les amoureux du Pays des Neiges et de ses habitants: La destruction de Lhassa est engagée
Destruction et "modernisation" au coeur du quartier sacré de Lhassa
dimanche 12 mai 2013 par Monique Dorizon , Rédaction
Ignorant aussi bien la liberté religieuse que le tollé du peuple tibétain, les autorités chinoises ont commencé à démolir l’ancienne capitale Lhassa, y compris l’un des sites bouddhistes les plus importants de la ville, le temple le plus sacré du Tibet, le Jokhang [1].

Barkhor. Place du Jokhang, 2006.Photo © Mireille Brousset.
Les autorités chinoises ont l’intention de détruire l’ancienne capitale bouddhiste de Lhassa, et de la remplacer par une ville touristique semblable à Lijiang, renommée "Shangri-La" [2], dans la province du Yunnan. Plusieurs projets de construction de grande envergure sont en cours pour un certain nombre de centres commerciaux autour du temple bouddhiste ainsi qu’un parking souterrain dans la rue du Barkhor [3].
"Des bâtiments traditionnels tibétains de cette ville ancienne sont de nouveau confrontés à la destruction dans le cadre de la modernisation chinoise", dit l’écrivaine tibétaine Woeser au service en mandarin de Radio Free Asia. Elle lance également un appel aux institutions internationales, dont l’UNESCO et aux Tibétains à travers le monde pour "sauver Lhassa".
Woeser, qui vit actuellement à Pékin, a publié un article sur son blog [4] avec des photos de constructions en cours dans la ville ancienne de Lhassa. Elle a appelé à une intervention internationale au sujet de la grave conjoncture dans la ville, où des bâtiments traditionnels vieux de 1 000 ans sont en train d’être détruits par les Chinois au nom de la modernisation et de la stabilité sociale.
"Le projet de construction près des rues du Barkor et du temple du Jokhang couvre une superficie de 150 000 mètres carrés, utilisés pour de nouveaux centres commerciaux et 1 117 mètres carrés pour les places de parking souterrain", précisent les sources.
Woeser dit que beaucoup de visiteurs venus récemment ont déjà émis de vives inquiétudes sur les constructions ainsi que sur le sort de Lhassa. Elle exprime sa préoccupation au sujet des activités des autorités chinoises et condamne la démolition des anciens symboles de la civilisation tibétaine. Elle fait allusion à des photos des constructions en cours qu’elle a reçues : "Les photos reflètent la situation dans la vieille ville de Lhassa, c’est un grave sujet de préoccupation".
Woeser prétend qu’il s’agit d’un acte illégal, visant directement plusieurs buts. Il y a un vieux dicton tibétain : "d’une pierre deux coups" [5], qui vient à l’esprit.
Elle dit que ce n’est pas seulement pour le développement économique, mais qu’il y a également d’autres objectifs. "Si nous regardons attentivement les photos du projet de centre commercial, il y a plusieurs exigences pour les transformations de la vieille ville tibétaine, y compris celui qui est appelé « évacuation ». Cela signifie que les vendeurs des rues du Barkhor vont dégager, il s’agit peut-être plutôt de « destruction »".
L’écrivaine tibétaine dit que la Chine a été critiquée après la conversion des deux villes chinoises antiques, Lijiang [2] dans le Yunnan et Hunan [6] en villes touristiques modernes, deux projets aujourd’hui largement considérés comme de mauvaises décisions.
En fait, une telle reconstruction a déjà eu lieu au Tibet. La Chine veut maintenant que la "Région Autonome du Tibet" ressemble à la ville de Zhongdian (Comté de Gyalthang). Après sa reconstruction, Lijiang est devenue "Shangri-La", principalement pour attirer les touristes. Woeser dit que ce genre de destruction a causé de grands dégâts et doit être considéré comme "colonialisme touristique".
Les expériences antérieures du soi-disant développement économique du comté de Gyalthang, ayant causé la disparition de nombreux symboles culturels tibétains, y compris la disparition du patrimoine culturel et des coutumes du peuple tibétain, posent la "question la plus préoccupante de toutes". Le gouvernement chinois a également appelé au développement de divers "intérêts", y compris des mesures gouvernementales et économiques, quelles que soient les conséquences. Le régime cherche davantage "l’entretien de la stabilité sociale", ce qui signifie que les autorités ont considérablement accru la surveillance et le contrôle de la région, en particulier dans la ville de Lhassa, provoquant une escalade de mesures de sécurité.
Le Palais du Potala a été ajouté à la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO en 1994. En 2000 et 2001, le Temple du Jokhang et Norbulingka ont été ajoutés à la liste des extensions des sites. La modernisation rapide a été une préoccupation pour l’UNESCO, qui a exprimé sa préoccupation sur la construction de structures modernes immédiatement autour du palais, menaçant l’atmosphère unique du palais.
Le gouvernement chinois a réagi en adoptant une règle interdisant la construction de structure de plus de 21 mètres dans la région. Cependant, des sources ont indiqué qu’il existe de nouveaux bâtiments modernes faisant plus de 21 m de hauteur dans les environs.
Woeser a en outre déclaré que le Temple du Jokhang à Lhassa devrait se voir accordé un statut protégé en vertu des règlements du patrimoine culturel de l’UNESCO. L’UNESCO a par ailleurs été préoccupé par les matériaux utilisés lors de la restauration du palais, commencée en 2002 pour un coût de plusieurs millions de dollars, bien que les autorités chinoises aient promis que seuls les matériaux traditionnels et artisanaux aient été utilisés.
Source : The Tibet Post International 9 mai 2013
Vous pouvez agir pour dénoncer cette entreprise de destructionSignez la pétition pour l’UNESCOVoir les photos sur le blog de Woeser
Cette impassibilité et cette grandeur de l'homme sans espoir, cet éternel présent, c'est cela précisément que des théologiens avisés ont appelé l'enfer. (Camus)