Dharamshala: Une figure religieuse tibétaine de très haut-rang, et sa nièce, une nonne, sont morts par auto-immolation par le feu pour protester contre l'occupation du Tibet par la Chine.
L'administration centrale Tibétaine a fait état d'un rapport venant du Tibet-occcupé qui confirmait que la mort de Tulku Athup, alias Thupten Nyendak Rinpoché, âgé de quarante-cinq, et celle de sa nièce Atse, âgée de 23 ans, survenues il y a un an, le 6 avril 2012, au monastère Dzochen, au Tibet-occupé, et déclarées, aux autorités chinoises, comme accidentelles par les proches de Tulku Athup et de sa nièce Atse, qui craignaient, si la réalité des évènements et raisons des deux décès leur venaient aux oreilles, de voir les chinois fermer le monastère, que la mort, donc, était, en fait, due à un double suicide par auto-immolation par le feu.
Quelques jours avant leur immolation par le feu Tulku Athup a dit qu’il allumerait de nombreuses lampes à beurre pour tous ceux qui se sont auto-immolés pour la cause du Tibet. Il a également demandé à ses étudiants et disciples de s’engager dans des activités méritoires comme celles sauver des vies animales.
Le jour de son auto-immolation par le feu, au téléphone avec sa famille, et peu avant de mettre à exécution son acte de protestation contre l'occupation par la Chine du Tibet, il a dit : " Qu'aujourd'hui, je mets un terme à ma vie avec aise, par l'offrande de lampes à beurre pour tous les Tibétains qui se sont immolés par le feu pour la cause du Tibet " .
Immédiatement après ce coup de fil, sa nièce et lui se sont mis le feu ensemble.
Tulku Athup et sa nièce Atse
Les autorités chinoises s'étant immédiatement rendues sur les lieux, au monastère de Dzochen, les autorités responsables du monastère, terrifiées par les conséquences qu'allaient entrainer, pour toute la communauté tibétaine et sa région, le double suicide d'un très éminent religieux réincarné et de sa toute jeune nièce, ont déclaré qu'il s'agissait d'un incendie accidentel.
Depuis, ce ne furent plus que restrictions draconiennes de la part l'administration chinoise, répressions policières généralisés, et violences multiples aux funestes conséquences dans toute la région.
Qu'est ce un Tulku ?
Un Tulku est un réincarné.
" Le corps a une forme. Une couleur et une forme. Tandis que l'esprit est un phénomène sans forme qui a la capacité de connaitre des objets et dont la nature est clarté. Le corps est un phénomène substantiel, pas l'esprit. Ce qui continue dans la vie suivante, c'est l'esprit, non le corps; le corps ne se réincarne pas. "
La reconnaissance des Tulkous - litt. corps d'émanation - est un trait spécifique du bouddhisme tibétain. La première reconnaissance officielle d'un Tulku et son intronisation eurent lieu au Tibet en 1288, quand le troisième Karmapa Rangjoung Dorjé , 1284-1339, fut reconnu et intronisé en tant que réincarnation de Karma Pashki, 1204-1283, qui lui-même était le Tulku de Dusoum Kyenpà, 1110-1193.
La reconnaissance et la validation de l’identification d'un réincarné suivent un processus complexe qui peut être long et mobiliser de nombreuses énergies et exige la mise en place rigoureuse de multiples manifestations. Le trouver, finir par le trouver, où qu'il soit.
Parmi toutes les voies explorées susceptibles de fournir des indications d'ordre divers qui se révéleront précieuses, voir même, parfois, extrêmement précises - quand ce n'est pas, souvent, celui qui, peu avant de mourir donne des indications - et les multiples investigations qui permettent de trouver l'enfant, il est une voie toute naturelle, et des plus impressionnantes, présente - plutôt à peine dévoilée, suggérée, censée être secrète - dans le petit film ci-dessous dont le propos est la reconnaissance d'un Tulku. Il s'agit de s'adresser à l'oracle. Et à l'oracle de Drepung, du monastère - en partie détruit par les chinois - de Drepung, l'oracle des oracles, et, l'oracle des Dalaï-lamas.... Ne dit-on pas qu'il conseilla et indiqua au Dalaï-lama, le moment de sa fuite hors du Tibet, au travers de l'hiver himalayen jusqu'à son arrivée en Indes.
C'est au cours d'une séance des plus agitées - à extrêmement agitées pour cet oracle qui revêt pour ce faire, un magnifique costume rituel, mais au poids très contraignant - que l'oracle s'exprime. L'on a une idée de l'agitation qui prend l'oracle qui va s'exprimer quand son entourage tente de le maintenir afin qu'il ne se blesse pas dans ses contorsions.
Tulku Athup avait rejoint, encore très jeune, le monastère de Dragkhar Lhakang à Minyak, au Kham, l'une des trois provinces traditionnelles du Tibet-occupé, située à l'est de Lhassa, les deux autres étant l'Ü-tasang, et, l'Amdo, dont est originaire l'actuel Dalaï-lama. Tulku Athup a, plus tard, étudié, au monastère de Drepung, à Lhassa, et, au monastère de Kirti, à Ngaba.
Avant le 13em siècle, il y eut des cas de lamas réincarnés, mais ils ne furent pas reconnus officiellement comme des réincarnations de leurs prédécesseurs.
Depuis, le nombre des auto-immolations par le feu de Tibétains de tous âges, sans distinction de sexe, ni de classes ne fait que s'accroitre. Que continuer de s'accroitre. Il ne se passe guère de jour sans que la nouvelle d'un suicide par auto-immolation par le feu pour protester contre l'horreur chinoise au Tibet-occupé, ne parvienne.
Quand à la somme de ce qui ne parvient pas, l'on ne peut que l'imaginer sans, hélas, se risquer à forcer le trait. A ce stade de la mise en place et de l'organisation méticuleuse de l'horreur, comme en témoigne plus bas ... Il n'est rien qu'il ne soit pas à craindre. Mesures de rétorsions systématiques et de coercition généralisées, sur tout le territoire du Tibet-occupé, déplacements de populations de nomades décimés des hauts-plateaux, exactions constantes et planifiées, emprisonnements de supposés-opposants, mesures d'interdictions quant à l’utilisation des divers outils et moyens de communications, meurtres de tibétains tentant de s'insurger de la destruction de leurs terres et le saccage de la forêt par l'industrialisation aveugle à tout ce qui n'est pas de l'ordre du profit, et qui passe outre tout respect de la nature et met en branle un pillage systématique de tous les richesses, proprement inouïes, et c'est la raison de la présence de l'occupant-chinois en ce pays grand, il faut le rappeler pour prendre la mesure du forfait chinois, grand comme plus de deux fois l'Europe.
Et, comme suggéré un peu plus haut, il n'est rien qu'il ne soit pas légitime de craindre de la part de ce régime, très prés à tout, de ce régime, autrement dit très dangereux - comme on le dit d'un individu dangereux - pour assurer la pérennité de ses vues et de ses buts, qui n’entend pas bouger d'un iota la ligne qu'il s'est fixée, ligne de la prédation absolue sur tout ce qu'il peut s'approprier, et uniquement sensible, uniquement possiblement sensible, - et ce, jusqu'à quand ? - à la crainte que peut lui inspirer un concurrent commercial militairement crédible ...
Et ... Corollaire consécutif à tout ça, sur fond de nouvelle direction chinoise en prise avec, entre autres soucis, un enflammement général du Tibet-occupé, un soulèvement général qui ne dut pas son nom ... Nouvelle on-ne-peut-plus inquiétante.
Le dalaï-lama fait état d'éventuelles tentatives d'assassinat sur sa personne.
Divers observateurs, habitués de ses enseignements et conférence, avaient cru remarquer une inhabituelle tension, une étrange sensation d'absence dans parfois des attitudes de Sa Sainteté le dalaï-lama, ainsi qu'un rien de précipitation, une certaine hâte, parfois même à peine voilée - il se chausse rapidement, alors que Mathieu Ricard, à ses côtés, n'a pas fini de traduire, noue ses lacets, se lève, va saluer brièvement le public et s'en va, escorté de très prés... - lors de l'enseignement qu'il transmit ce samedi et dimanche dernier en suisse, à Fribourg.
Sa Sainteté le dalaï-lama, à Fribourg, Mathieu Ricard, à sa gauche.
" A son arrivée en Suisse vendredi, le chef spirituel des Tibétains a confié à la RTS avoir parfois reçu des informations de tentatives d'assassinat contre lui."
" Interviewé à Meyriez, près de Morat, le Dalaï-lama a confié avoir reçu des informations en provenance de la Chine faisant état de tentatives d'assassinat à son encontre en collaboration avec des agents de sécurité chinois. Le chef spirituel a cité plusieurs cas concrets, donnant en exemple un foulard avec du poison. "
" Tout en soulignant que la véracité de ces informations n'avaient jamais pu être vérifiée, le dalaï-lama, qui réside à Dharamsala, a indiqué que le gouvernement indien avait renforcé les mesures prises pour assurer sa sécurité. "
Entretien avec Sa Sainteté le dalaï-lama, ici ...
Ph. Manuel Bauer