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Billet de blog 15 septembre 2014

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Le Dalai Lama ne veut plus de successeur

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Le Dalai Lama ne veut plus de successeur

Der Dalai Lama will keinen Nachfolger mehr haben

Das geistige Oberhaupt der Tibeter glaubt, dass die "Institution Dalai Lama" ausgedient habe. Er lobt im "Welt am Sonntag"-Interview den Reformprozess in China und kritisiert Putin deutlich.

Par  Jörg Eigendorf

Traduit de l'Allemand par Catherine Quattrone.

Le chef spirituel des Tibétains pense que l’Institution Dalai Lama » a fait son temps. Dans un interview du « Welt am Sonntag », il félicite le processus de réforme en Chine et critique Putin très clairement.

Chef spirituel des Tibétains, le Dalai Lama ne voit plus l’utilité d’un successeur.

Le Dalai Lama déconseille de lui trouver un successeur après sa mort :

« Si l’Institution « Dalai Lama » est devenue quelque chose d’important, c’est par son pouvoir politique. Il n’existe plus aujourd’hui », dit le chef spirituel des Tibétains dans le journal « Welt am Sonntag », à la retraite depuis 2011. « Je mets ainsi à presque cinq cents siècles de la tradition Dalai-Lama – et ce, de mon plein gré. Il faut que les penseurs politiques se rendent à l’évidence, avec ses 450 années d’existence,  l’Institution a fait son temps».

Toujours selon le Dalai Lama, plus besoin d’un successeur spirituel.

 « Le bouddhisme tibétain ne dépend pas d’une personne. Nous avons une très bonne organisation avec des moines et des érudits de formation exceptionnelle ». Dans les cinq dernières décennies on a construit pas à pas une forte communauté ici en Inde.

Le prix Nobel de la Paix, 79 ans, qui a fui son pays en 1959, garde bon espoir de pouvoir agir encore longtemps. « Selon les médecins qui ont vérifié mon état physique, je vais jusqu’à 100 ans. D’après mes rêves, ce serait 113 ans. Mais 100 ans, c’est sûr ».  

Par ailleurs, le Dalai Lama voudrait revenir sur Terre en gardant à l’esprit que selon le  bouddhisme tibétain les gens renaissent en tant qu’êtres sensibles. « Une de mes prières quotidiennes préférées est que je subsiste tant que subsistera la souffrance des êtres sensibles dans le monde. Pas forcément dans le même corps, mais en tant qu’âme et esprit ».

La Chine « n’a pas à s’isoler »

Le moine tibétain le plus haut placé garde l’espoir de pouvoir revenir un jour dans son pays. « Oui, j’en suis persuadé », dit le Dalai Lama au journal »Welt Am Sonntag » La Chine ne peut plus s’isoler ;  à sa façon, elle doit devenir une société démocratique ».

« Avec le président Xi Jinping une nouvelle ère a commencé » est persuadé le Dalai Lama. « Il aimerait créer une société plus harmonieuse que celle de son prédécesseur Hu Jintao ». Xi Jinping lutte avec détermination contre la corruption, donc contre une des sources de la méfiance. Il est courageux, poursuit le Dalai Lama, il s’est fait beaucoup d’ennemis parmi les vieux cadres . « De plus, lors de sa visite à Paris en mars de cette année, il a désigné le bouddhisme comme une part essentielle de la culture chinoise. »

En même temps, poursuit le Dalai Lama, il enjoignait à la Chine d’entrer avec plus de vigueur plus dans le monde politique : « Il faut maintenant que la communauté mondiale moderne encourage la Chine à devenir un pays démocratique – avec des droits de l’Homme, un Etat de droit et une liberté de la presse. L’intégration, c’est bon, elle profitera aussi au Tibet. »

En revanche, le Dalai Lama a violemment critiqué le président russe Wladimir Putin. « Mr Putin a d’abord été président, puis premier ministre, pour redevenir président. C’est un peu beaucoup », dit le Dalai Lama au journal « Welt am Sonntag ». « Cela démontre un état d’esprit très égocentrique : moi, moi, moi ! » C’est ça l’origine du problème. « La Chine et la Russie sont deux cas très différents.

Illustration 2

 L'écrivaine tibétaine Tsering Woeser  devant le Potala

La décision, que vient d'annoncer Sa Sainteté le XIVeme Dalai-lama, Tenzin Gyatso, « bstan 'dzin rgya mtsho  », qui en soixante-quinze ans d’inlassable activité a répandu l’idée de l’amour universel, de la non-violence absolue, et du bouddhisme tantrique tibétain sur toute la surface de la terre,  de mettre un terme à plus de six siècles de réincarnations consécutives du Chef spirituel et jusqu’à lui, politique, du Tibet, depuis prés de sept décennies sous occupation et sévère férule chinoise, déclenche des réactions en cascades, des vents de commentaires qui soufflent  en tout sens, et parachève, ainsi, l’œuvre immense, incommensurable, l’œuvre mirobolante, qu’a accompli, au vingtième et vingt et unième siècle, le moine  Tenzin Gyatso,  bstan 'dzin rgya mtsho,  ce moine, ce simple moine, incarnation du Bouddha, Dieu vivant, papillon multicolore aux dix mille éclats de rires, paroles d’amour et de paix en perpétuelle bandoulière,  ce moine, ce simple moine, terriblement, immensément érudit, ce moine éveillé, attentif au moindre souffle des choses, ce moine qui a arpenté le monde entier, le pli de sa robe safran dans sa main, sourire et rires radieux à l’adresse de tous et à tout un  chacun, a arpenté le monde entier, à l’exception d’au moins deux pays, deux pays mitoyens, que d’aucuns, celui à la population les plus nombreux, ou du moins ses dirigeants, voudraient voir définitivement et résolument indistincts l’un de l’autre, deux pays, l’immensément peuplé qui terrifie le monde, et le presque-à-peine peuplé, ce presque-à-peine délaissé par le reste très pleutre et  plutôt craintif du monde à son très malheureux sort, ce presque-à-peine qui est le sien, aux ressortissants tenus en esclavage, ce presque-à-peine occupé, militairement, policièrement, administrativement, sa culture bafouée, et sa population carcéralisée magnifiquement résistante, si-même noyée, chaque jour davantage, depuis les routes, les trains et les avions qui les déversent ostensiblement et quotidiennement,  noyés dans une mer d’envahisseurs Hans, sa population indigène, historique, pacifique et pieuse,  mise en danger de disparition par un long supplice  génocidaire continuel  qui ne dit pas ouvertement son nom, en danger permanent, où il ne se passe pas un jour, une nuit, sans que l’inacceptable violence qui mène à la destruction escomptée de ces gens, ne se déchaine, ce moine qui a franchi tous les océans, sillonné mers et airs, traversé tous les nuages du monde entier et les populations au dessus desquelles ils croisaient, ce moine, originaire de l’Amdo, ce moine, corps, parole et esprit du Bouddha,  vigilance bienveillante et immarcescible du bouddhisme, ce moine, estimant le travail terminé, fait et bien fait, dissipe, d’un coup d’un seul, de par la puissance de sa parole, la sainteté de son esprit, de par son état de bouddhéité accompli, dissipe, à son tour, parce que le temps est venu, et que la résonnance de l’œuvre accomplie est acquise, et la présence assurée par delà les apparences, Sa sainteté Tenzin Giatso, quatorzième de la lignée des Dalaï-lamas, successeur du grand Treizième qui avait quant à lui, dans son testament, couché par écrit toutes ces choses, dissipe  ce grand mandala, le grand mandala sacré qu’est l’institution du Dalaï-lama et son cycle de réincarnations, et, ce, à l’Aube naissante de ce millénaire.

L’œuvre de Sa Sainteté le quatorzième dalaï-lama est planétaire, accomplie dans tous les registres des temps et des espaces, et les convoque tous. Temps et réincarnés. Le grand Tulku qui présidera aux destinées du très grand nombre est d'ores-et-déjà actif.

Il est coutume d’entendre dire que celui qui approche, sans forcement tout de suite la côtoyer, de la sphère d’influence du Bouddhisme en a, par son action, son comportement, ses aptitudes positives mises en mouvement, obtenu les mérites.

A considérer la pléthore de réactions mondiales et de surprises d’ordre très divers, à l’annonce faite au Monde de sa décision de suspendre là, l’institution historique et phare du  bouddhisme, quatrième « religion » au monde, qui embrasse des centaines de millions d’adeptes dans toutes les sociétés aussi diverses soient-elle de par le monde, à considérer les foultitudes de femmes et d’hommes touchées par sa décision, l’on peut mesurer la somme astronomique de mérites accumulés, engrangés pour le bien de tous les êtres, et de par le monde entier, en ces quelques dizaines d’années seulement, par ces millions par centaines de femmes et d’hommes, toutes au moins déjà émues par « quelque chose du Corps, de la Parole, de l’Esprit du Bouddha »,  et, auxquels, le Tibétain originaire de cette région du Tibet qui s’appelle l’Amdo, et qui, désigné Quatorzième Dalaï-lama à l’âge de trois ans, quitta son enfance et tout ce qui y était attaché, pour rejoindre le lieu, l’espace et l’esprit de la fonction immense dont il allait avoir la charge, pour rejoindre la capitale du Tibet, Lhassa, le Potala, l’inouï  Palais des Dalaï-lamas, édifié par Lozang Gyatso,  Ngawang Lobsang Gyatso, « Blo-bzang Rgya-mtsho » ,  ངག་དབང་བློ་བཟང་རྒྱ་མཚོ་,  le Grand cinquième  (1617- 1682 ), afin de recevoir les enseignements dignes de son rang, avant que, d’à son tour, les répandre de si belle, de si magistrale et de si élégante façon, et auxquels mérites, l’immense simple moine, à l’ouvrage incommensurable, « bstan 'dzin rgya mtsho », Tenzin Giatso, Quatorzième et dernier (?...) Dalaï-lama, participa du mieux qu’il le put, du mieux que le put un Bouddha, et tout le monde, par centaines de millions de par le monde, petites et grands, hommes et femmes, en prirent de la graine …

En prirent de la graine …

Bien entendu, la position du Dalaï-lama quant à la suspension de l'institution-phare du Bouddhisme Tantrique tibétain est un peu plus complexe que ne le laisseraient penser ou apparaitre les divers propos qui veulent en rendre compte, sans veiller toutefois forcement à en saisir toutes les réalités et précisions énoncées par Sa Sainteté.

Les consultations nombreuses avec les chefs religieux bouddhistes, ainsi que l'analyse des contextes multiples et fort complexes dans lesquels pourrait se dérouler la venue  - ou pas ... -  d'un quinziéme Dalaï-Lama  -  réincarnation de l'actuel -  participeraient du choix définitif, bien évidemment pris en une certaine forme de collégialité de la Sangha.

Illustration 3


" Drag-'Khor " Cakra, utilisé contre les esprtis maléfiques.  Les visions secrétes du Ve Dalai-Lama.

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