Construire un avion, c’est comme monter un puzzle. Il faut assembler des milliers de pièces venues de toute l’Europe. A la moindre erreur, toute la chaine déraille. Airbus amplifie cette logique toute centrée sur des préoccupations économiques. Désormais, la Chine va officiellement participer à la fabrication de l’A 350. Vendredi, le constructeur européen a signé un accord qui cède à l’empire du milieu 5% de la production de l’A 350.
Boeing pratique cela depuis longtemps, l’internationalisation de la production, la division du travail, et la recherche du moindre coût. Cela lui joue d’ailleurs parfois des tours comme les difficultés rencontrées dans la production de son 787. Airbus qui a le même souci de rationalisation économique, illustré par ses plans d’économies Power 8 et Power 8 plus, y vient aussi par étapes. La répartition des volumes de travail se pratiquaient jusqu’alors essentiellement entre pays fondateurs du constructeur européen. La sous traitance à l’étranger était le fait des sous traitants de premier ou second rang, comme Latécoère dont certaines productions sont faites en Tunisie ou en Tchéquie. En quelque sorte, l’honneur était sauf. Airbus ne produisait directement qu’en Europe.
L’accord signait avec la Chine a deux explications intimement liées. Tout d’abord, tout ce qui est produit en zone dollar amoindrit les coûts. Ensuite, pour vendre des avions à la Chine et concurrencer ainsi Boeing qui détient plus de la moitié du plus grand marché mondial des avions, il faut donner aux chinois une part de travail. C’est cette logique qui a présidé à la construction d’une unité d’assemblage de l’a 320 à Tianjin, il y a quelques mois. C’est aussi l’objet visé par la cession de tâches concernant des pièces en matériaux composites pour le futur A 350 extra large. Airbus attend de cet accord un renvoi d’ascenseur, autrement dire que les chinois achètent ce type d’appareil pour leurs compagnies aériennes. Ce qu’ils n’ont pas encore faits alors qu’ils ont déjà acquis plusieurs dizaines de Boeing 787.
La chine devrait aussi produire dans plusieurs mois des ailes d’A 320, alors qu’elle ne produit pour l’instant qu’une partie de ces ailes, une partie métallique. Peu à peu, la Chine qui développe aussi des projets aéronautiques, notamment un appareil de 100 places et un autre de 150 places, entre dans le concert des nations qui ont une industrie aéronautique, capable aujourd’hui d’assumer de la sous traitance, mais capable demain de produire des appareils et de concurrencer Boeing et Airbus sur des segments précis.