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Billet de blog 3 janvier 2009

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les pommes découvrent l'effet papillon

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

C’est une histoire de pommes où les producteurs sont les dindons de la farce. Ils voulaient envahir le monde, ils sont aujourd’hui dévastés par lui, au point que 7 producteurs agricoles et leurs salariés sont contraints de payer le prix fort.

Le Tarn et Garonne, c’est le verger de Midi Pyrénées. Partout des arbres fruitiers, pêches, poires, pommes, partout des arboriculteurs qui taillent, traitent, récoltent et livrent des coopératives fruitières chargées d’approvisionner le marché local et mondial. Leurs fruits sont ainsi sur les étals du proche et du lointain grâce à une société d’import export avignonnaise Hexago. Achat, vente, mise en circulation par avions camions frigo, c’est son métier qui, comme tous les métiers, n’est pas sans risque.

Pour jouer des distances et des saisons, Hexago a ainsi misé sur les fruits produits en Amérique Latine. La société a acheté des fruits sur pieds, non encore poussés. Un pari économique et financier perdant. Les fruits n’étaient pas aussi goûteux, pas aussi beaux que souhaités. Résultat, les fruits se sont peu ou pas vendus face à un concurrent particulièrement agressif commercialement, la Chine, qui en autres, inonde les marchés de l’hémisphère sud. Hexago a ainsi accumulé les pertes jusqu’à se mettre, le semaine dernière, en cessation de paiement. Du coup, les agriculteurs Tarn et Garonnais sont fragilisés et font leurs comptes qui sont mauvais. Hexago leur laisse sur les bras une ardoise de 7 millions d’euros d’impayés dont une partie sera peut-être récupérée grâce à un fond de garantie.

Plus que tout autre mode de développement économique, la mondialisation est sensible à l’effet papillon, ce fameux battement d’ailes aux antipodes dont l’effet dévastateur se fait sentir à l’autre bout du monde. Impossible dans ces conditions de maîtriser quoi que ce soit, d’anticiper une situation d’une quelconque manière tant le nombre de paramètre du mécanisme de la formation du prix, de l’ouverture ou la fermeture d’un marché, sont nombreux. La chute d’Hexago a ainsi pour conséquence que les arboriculteurs Tarn et Garonnais concernés ne peuvent plus exporter vers deux marchés porteurs, le Moyen Orient et la Russie, tandis que nos étals sont envahis de pommes canadiennes qui elles aussi font le tour du monde.

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