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Billet de blog 7 mai 2009

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Un employeur veut délocaliser ses salariés en Inde

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C'est carrément du délire, et ça se passe justement chez Carreman, dans le Tarn. La société, qui fabrique des tissus haut de gamme pour les grands couturiers, propose à 9 de ses salariés un reclassement en Inde, au tarif de 3.500 à 4000 roupies par mois, soit de 53 euros 70 centimes à 69 centimes d'euros par mois, pour 6 jours de travail sur 7.

"C'est un salarié horrifié qui nous a amené ça" explique Edmond Andreu. Habitué aux stratégies loufoques de certains employeurs pour contourner la loi, le syndicaliste reconnait que "c'est la première fois que je vois ça". Evidemment, personne ne peut accepter ce type de mobilité géographique, "il est clair que le patron cherche simplement à licencier ses salariés sans avoir l'air de ne pas respecter la loi. Salariés qu'il licencie d'ailleurs par paquet de 9 pour ne pas avoir à mettre en place de plan social pour l'emploi" explique le syndicaliste CGT.

La société Carreman n'est pourtant pas finanicèrement aux abois. Elle fait partie d'un groupe qui, sur Castres, emploie sur deux sites distinctes - Carreman et Dynamic - environ 300 salariés. Elle dispose aussi d'une usine à Lavelanet en Ariège, et d'un site à New york. Mais depuis plusieurs années, elle a aussi entrepris de délocaliser au maximum les tâches techniques dans des ateliers en Chine, au Pakistan, en Inde, en Bulgarie. "parmi les licenciés, il y a d'ailleurs une ouvrière qui a justement formé des salariés bulgares à faire de l'échantillonnage" explique le syndicaliste. Des hommes et des femmes qui ont de 15 à 34 ans d'ancienneté et qui ont jusqu'au 15 Mai pour faire connaître leur décision.

L'employeur ne recule devant aucun cynisme. Pour convaincre les licenciés à se délocaliser, il leur propose, genéreusement, de payer leur déménagement à Bengalore en Inde et ajoute"un bonus de salaire d'un mois par an, une assurance maladie, et une caisse de prévoyance prise en charge par l'employeur et le salarié". Le pire, c'est que le Comité d'entreprise de la société n'a rien trouvé à redire à ce procédé. Aucun membre n'est en effet syndiqué ou ne représente un syndicat. De là à penser que sa composition dépend du bon vouloir de l'employeur, il y a un pas que la CGT franchi allégrement en affirmant que les représentants des salariés ont été choisis par la direction. ce que confirme d'ailleurs indirectement l'un des licenciés.

"Personne ne nous a défendu. Chez nous, il n'y a pas de syndicats. Je crois même que personne n'a pris la parole lorsque les propositions de reclassement ont été proposées au Comité d'entreprise. Plus personne ne se fait d'illusion sur l'avenir de Carreman" dit il encore. La rumeur locale affirme, en effet, que l'objectif du groupe est de supprimer les 90 emplois du site . De son côté, la direction garde le silence. Elle préfère simplement rappeler par la voix de sa directrice des ressources humaines que "cette proposition en Inde est une obligation légale".

Paradoxalement, elle n'a jamais envisagé de mutation aux Etats-Unis. Preuve, s'il en était besoin, que l'employeur cherche uniquement à diminuer ses charges salariales pour augmenter ses bénéfices, et que son rêve profond, ce serait de pouvoir payer au smic indien, ses salariés castrais. un vrai cauchemar pour une mondialisation de la misère !

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