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Billet de blog 8 décembre 2008

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Plus près de Dieu et de ses sous

A Lourdes,depuis cent cinquante ans, on aime les apparitions. C’est pain bénit pour attirer le pèlerin. Par contre, les disparitions sont une mauvaise publicité qu’à l’image de la grande muette, l’Eglise préfère taire. Le père Zambelli aussi qui vient d’écoper d’un an de prison avec sursis pour détournement d’argent.

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A Lourdes,depuis cent cinquante ans, on aime les apparitions. C’est pain bénit pour attirer le pèlerin. Par contre, les disparitions sont une mauvaise publicité qu’à l’image de la grande muette, l’Eglise préfère taire. Le père Zambelli aussi qui vient d’écoper d’un an de prison avec sursis pour détournement d’argent.

Dans le flot de l’actualité, l’information est un peu passé inaperçue. Sauf des confrères locaux de la Dépêche du Midi, malgré l’effort de discrétion manifesté par le père Zambelli. L’ecclésiastique est en effet passé devant les juges de Lourdes, le 5 Décembre dernier, de manière furtive. Un tribunal que le prêtre a transformé en confessionnal puisqu’il a reconnu, devant les juges, avoir égaré, sur son compte personnel, l’argent de plusieurs dons. Faute avouée n’est cependant pas entièrement pardonnée. La procédure utilisée, le «plaider coupable », lui permet juste de limiter les dégâts, soit un an de détention avec sursis.

Toute l’affaire a démarré par une enquête du Tracfin. Ce service a été crée pour lutter contre le blanchiment d’argent. Sur le compte du père Zambelli, il repère des sommes anormalement élevées. Rien qui ne puisse relever du traitement que touche un prêtre. Les sommes sont en effet de presque 500 mille euros. L’affaire est mise à jour par le Canard Enchainé dans une de ses éditions de juin dernier. De son côté, le père Zambelli, recteur des Sanctuaires de Lourdes, plaide sa bonne foi. Mais la justice confie au Srpj de Toulouse le soin d’éclaircir la situation.

Les policiers ont ainsi épluché tous les chèques encaissés par le prélat. Ils ont également contacté tous les donateurs pour en vérifier le montant exact et la provenance. Et au total, le détournement ne porte que sur 50 mille euros. Ce qui représente l’équivalent de 250 chèques. Mais 427 mille euros ont également transité par le compte du religieux. Cette somme qu’il a réinvesti correspond à un don d’une maison fait par une paroissienne de Courcelles sur Mer, maison qui a été revendue et transformée en argent. Interrogé, le père Zambelli explique qu’effectivement il a péché mais c’est un peu par peur de l’avenir, de la retraite, par simple précaution qu’il a thésaurisé.Un argument entendu par la justice qui lui inflige du sursis mais aucune amende et aucun dédommagement pour les plaignants. Cinq d’entre eux sont à l’origine de la procédure.

La peine infligée suscite quelques remous parmi les avocats Tarbais. En effet, pour des sommes bien moindres, ils voient devant le tribunal des justiciables qui écopent de peines plus conséquentes et à qui la justice n’applique pas la procédure du « plaider coupable », à la fois plus rapide et moins infamante. Depuis, le religieux fait pénitence. Il a remboursé les plaignants et le Sanctuaire, victimes de ses agissements. Il a démissionné de sa fonction «pour raison de santé ». Et promis-juré, il ne se consacre plus qu’aux voies impénétrables du seigneur plutôt qu’aux chemins escarpés qui conduisent au mur de l’argent.

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