C’était une demande des associations de victimes et des parties civiles. Elle est finalement acceptée par la justice toulousaine. Le procès AZF, prévu pour durer quatre mois, à partir du 23 février prochain, sera filmé en totalité.
L’enregistrement sera effectué par l’Ina, l’institut national de l’audiovisuel qui doit déjà assumer, pendant le procès lui-même, la retransmission des débats que les nombreux journalistes accrédités pourront suivre depuis la salle Jean Mermoz, situé à 500 mètres du tribunal lui-même. La salle des débats est en effet trop petite pour l’importance du procès qui va mettre en présence 52 avocats, 200 témoins et parties civiles, prenant appui sur 105 tomes de pièces à conviction, d’expertises et contre expertises en tout genre. Rien que l’arrêt de renvoi de la société Grand Paroisse devant le tribunal devrait prendre une bonne journée de lecture.
Ce procès AZF sera le premier procès civil filmé pour la postérité. Les précédents concernent en effet des procès historiques. Par exemple, le procès du collaborateur Papon et de celui de Paul Touvier, le procès du nazi Klaus Barbie. Là, pour obtenir gain de cause, l’avocate Agnès Caséro a fait valoir plusieurs arguments. Tout d’abord, la dimension historique elle-même. En effet, cette explosion est un fait exceptionnel qui marque la conscience populaire, bien au-delà des victimes immédiates, comme cela se produit lors d’un évènement historique. Ensuite, il s’agit de l’histoire d’une industrie et de l’histoire de la justice. La première relève de notre rapport au temps et à l’espace, à notre manière de produire, à notre rapport à la science mis en œuvre pour obtenir le résultat escompté. Le second concerne l’institution elle-même, sa propre histoire et sa manière de faire émerger la vérité tiré des faits, des arguments, des rapports. Il s’agit donc de donner à voir aux générations futures comment, dans une catastrophe collective, la justice fonctionne, comment, jour après jour, elle fait émerger des débats la lumière sur les faits tels qu’ils se sont passés. Enfin, il s’agit aussi de permettre au public de visionner, plus tard, ces documents. La justice doit en effet se rendre publiquement, or dans le cas présent, en raison de la durée du procès et du nombre de participants, le public n’aura pas la possibilité technique d’y assister.
La justice est donc convenue que le mieux est de filmer ce procès d’où les victimes comme la défense espèrent une vérité conforme à la réalité.
 
                 
             
            