Depuis plus de quinze jours, les IUT de Toulouse sont en action. Manif, opération péage gratuit, happening, occupation de locaux, ils multiplient les opérations, comme encore ce mardi 16 Décembre, pour faire entendre leur spécificité auprès de la Ministre de l’Université Valérie Pécresse. Ce qu’ils redoutent ? Leur dilution, pure et simple, dans la loi LRU
Cette loi a une ambition. Elle doit permettre aux Présidents d’universités de gérer leurs établissements comme une entreprise et de gérer leur personnel en fonction d‘objectifs. Ils vont ainsi recevoir un budget global annuel qu’ils devront répartir entre les différentes unités de formations qui composent leur université. La répartition se fait généralement en fonction du nombre d’heures de cours et du nombre d’étudiants. Ce système permet ainsi de définir le prix que coûte un étudiant en formation. Mais il est en complet décalage avec les réalités des IUT, les Instituts Universitaires de Technologie.
A ce jour, les 113 IUT de l’hexagone gèrent seuls leur propre budget. Ils sont donc autonome au sein des Universités qui les englobent administrativement. Cette situation s’explique à la fois par leur création et leur rôle. Depuis 1966, ils forment à bac plus deux des étudiants - plus d’un million depuis leur création - qui ont vocation à rejoindre rapidement la vie professionnelle avec un bagage technique qui les rend capable de s’adapter et de produire rapidement. Les IUT forment ainsi des salariés pour le génie civil, le commerce, le journalisme, la gestion des entreprises, etc.. Au total, les 643 départements proposent 377 formations pour l’accès à des métiers du secondaire et 256 pour des métiers du tertiaire. Les enseignants sont à la fois des théoriciens de ces métiers et des professionnels en exercice. Ces enseignements sont donc en phase avec les réalités des entreprises. Elles fournissent d’ailleurs sous forme de taxe professionnelle, une partie du financement des IUT.
La loi LRU représente une menace car, disent les étudiants, « le Président d’université pourrait être tenté d’appliquer aux IUT les critères économiques des autres formations » . Or, il n’y a rien de comparable. Un étudiant en IUT reçoit 1 620 heures de cours par an, soit des semaines de 35 H. A quoi s’ajoutent 300 heures de projets tutorés, plus un stage de dix semaines en entreprise. Un étudiant de formation classique a peu de cours et beaucoup de travail personnel en bibliothèque Tout déséquilibre financière provoquerait donc une fragilité de ces diplômes au moment où l’université se pose la question de l’efficacité de ses propres formations. Dans l’esprit de la Ministre, ce critère doit, parmi d’être, permettre d’identifier les pôles d’excellences des autres universités, créant par là même une sorte de concurrente interne. Les présidents d’universités affirment qu’ils ne changeront rien à la situation actuelle, mais rien n’est moins sûr. D’où l’inquiétudes des IUT qui redoutent qu’on ne casse une formation qui marche.
La 5 ième enquête annuelle sur les formations d’IUT portant sur l’année 2005 montre en effet que les diplômés trouvent leur place dans les entreprises. Au terme de 28 mois après l’obtention du diplôme, 92% des 51% qui ont décidé de ne pas poursuivre d’études complémentaires en Licence ou ailleurs, ont un emploi. Leur salaire moyen est de 1.300 euros. Et au terme de dix ans de travail, certains d’entre eux, par exemple, les DUT génie civil sont devenus cadres.
 
                 
             
            