Quand ils meurent dans la rue, on les pleure. Quand ils squattent, on les chasse. Dans tous les cas, les sans domicile fixe nous dérangent. C'est sans doute pour cela qu'à Toulouse, un propriétaire fait le coup de poing contre trois SDF
qui occupent depuis un mois environ l'un de ses nombreux logements vides.
Le coup de poing a eu lieu Mardi soir. Envoyés par le propriétaire, des ouvriers ont voulu murer l'entrée du 10 place Esquirol, en plein centre ville. C'est là que se trouve un immeuble de 4 étages inoccupé depuis 10 ans. Les trois jeunes, Soudjaï, Guillaume et Aurélie se sont installés au 1 er. Ils y vivent avec leurs chiens, s'allument à la bougie, et n'utilisent le rez de chaussée qui possède l'électricité que pour la douche et les wc. "on n'a pas voulu se faire remarquer. On est pas là pour faire des fêtes" explique Soudjaï. Le propriétaire, qui accompagnait les ouvriers, leur a demander de quitter l'appartement. Devant leur refus, il y a eu des mots, puis quelques coups échangés. Ensuite, il a voulu "nous payer pour partir" affirme Aurélie qui tient à rester dans ce logement. "j'ai vécu dans mon camion mais il est tombé en panne et donc je suis resté sur Toulouse, là je suis avec mon ami, c'est mieux que mourir à la rue" dit elle.
Droit au logement s'est aussitôt mobilisé. L'association rappelle que jusqu'à la mi Mars, pour expulser un locataire, avec ou sans titre de séjour, il faut une décision de la justice. Illégale, l'occupation des lieux n'est pas jugé illégitime par Florian, l'un des représentants de l'association: "Ce n'est pas illégitime au contraire puisqu'il y a à Toulouse, 22 mille logements vides, 30 mille demandes de logements sociaux, et 4 à 6 mille sdf. En plus, cet immeuble est vide depuis 10 ans déjà. Il vient d'être racheté par une société immobilière dont l'objectif est clairement d'en tirer le maximum, ce qui veut dire que ce ne sont pas les plus démunis qui, une fois encore, pourront se loger. Nous demandons à la mairie de toulouse de prendre un arrêté de réquisition des logements. Peu importe si le préfet le casse, il faut des gestes politiques forts" dit-il.
La tension a provisoirement baissé mais le problème demeure. D'autant que les trois occupants n'ont aucun revenu. Parce qu'ils ont moins de 25 ans, ils n'ont pas droit au RMI, et pour vivre ils sont donc contraints à faire la manche ou à travailler en intérim quand ils trouvent un emploi et un employeur.
Portée au nue lors de sa création, la loi Dalo ( droit au logement opposable ) est également jugé inéfficace par le DAL