bourgade

Abonné·e de Mediapart

Billet publié dans

Édition

Toulouse

Suivi par 20 abonnés

Billet de blog 18 décembre 2008

bourgade

Abonné·e de Mediapart

L'extrême droite s'offre une flambée de violence

Il y a deux façons de voir les extrémistes de droite, soit comme des super beaufs alcoolisés, soit comme de dangereux idéologues. Dans les deux cas, qu’ils aient bu ou pas, ils affectionnent les croix gammées, et brûlent à l’occasion des mosquées et des kebabs. A Toulouse, le tribunal correctionnel vient de condamner 10 jeunes néo nazis.

bourgade

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Il y a deux façons de voir les extrémistes de droite, soit comme des super beaufs alcoolisés, soit comme de dangereux idéologues. Dans les deux cas, qu’ils aient bu ou pas, ils affectionnent les croix gammées, et brûlent à l’occasion des mosquées et des kebabs. A Toulouse, le tribunal correctionnel vient de condamner 10 jeunes néo nazis.

I

ls se faisaient appeler les Languedoc wars. Mais en ces temps de pénurie de guerre dans le Languedoc, ils ont fantasmé celle dont-ils pourraient être les héros. Une guerre de résistance à la présence musulmane. Et pour se faire bien comprendre de leurs ennemis, ils n’ont pas lésiné sur les symboles. Ils ont choisi le 20 avril, jour de naissance de « tonton Adolphe » comme ils disent, pour passer à l’action.

L’action, c’est d’abord une alcoolisation collective. Sans doute pour avoir ce courage qu’à jeun, ils n’ont pas. Puis, après avoir bû quelques packs de bières, ils ont imaginé plusieurs scénarios. Faire « une ratonnade place St Pierre » comme l’expliquait un inculpé. Mais finalement, ils ont opté pour un lieu plus discret, plus symbolique. Ils sont allés dans la zone industrielle En Jaca à Colomiers. C’est là, non loin des usines Airbus, que se trouve depuis 1996, une discrète mosquée qui peut accueillir 500 fidèles. Le groupe, composé de 7 jeunes hommes et 3 jeunes femmes de 18 à 27 ans, met le feu à un container poubelle dont les flammes se propagent à la salle des ablutions bientôt dévastées. Puis, fiers de leur forfait, ils disparaissent dans la nuit.

L’incendie provoque une vive émotion dans la communauté musulmane qui obtient le soutien amicale du Crif, le Conseil Représentatif des Institutions Juives de France. Même la Ministre Michèle Alliot Marie s’émeut de cette violence. Quelques jours plus tard, plusieurs jeunes sont interpellés dans plusieurs communes de la région. Parmi eux, deux soldats du 3 ième RPIMA de Carcassonne et un pseudo légionnaire qui, de la légion, n’a connu que les locaux d’engagement. La police ne voit pas en eux des fachos, mais les décrit plutôt comme « une bande de Pieds Nickelés ». Mais Croquignol, Ribouldin et Filochard, ont, ceci de particulier, qu’ils ont gravé sur le bras le chiffre 88 qui signifie Heil Hitler. Le plus âgé revendique même, durant son interrogatoire policier, son appartenance au Front National.

« Ce ne sont pas les néos nazis qu’on à bien voulu dire, ce sont justes des jeunes gens à la dérive » ont plaidé leurs avocats. Une dérive haineuse qui n’est manifestement pas passagère. Quelques jours après l’incendie de la mosquée, un membre du groupe met le feu à un commerce de Kebab. Au tribunal, les accusés - cuisinier, chômeur, apprenti, livreur, soldats- se montrent peu diserts, et pour 9 d’entre eux repentants. Prenant un à un la parole, après le réquisitoire du procureur qui a requis de la prison ferme allant de 18 mois à 5 ans, ils demandent pardon aux représentants de la communauté musulmane dont Amar Mokrane. Magnanime, l’iman de la mosquée incendiée leur accorde son pardon « malgré tout le mal que vous nous avez fait ». Au terme d’une bonne heure de délibération, la justice leur inflige des peines de prison ferme allant d’un an à 3 ans assortis de moitié de sursis. Elle les condamne aussi à des dommages et intérêts de 1.500 à 10 mille euros pour les parties civiles, parmi lesquelles SOS Racisme.

Un racisme ordinaire, de plus en plus prégnant, sur la région toulousaine où la LCR dénonçait, il y a peu l’apparition d’autocollants d’un groupuscule identitaire dénommé « Renouveau Français » tandis que dans une autre caserne, à Montauban, des soldats se photographiaient drapés dans un oriflamme à croix gammée en train de faire le salut nazi.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.