Le zéphyr n'est pas seulement un vent doux et agréable, c'est aussi le nom que la direction d'Airbus a donné à son plan de restructuration et d'économie. Zéphyr concerne la partie vente de six sites en France et en Allemagne. L'objectif de la direction est simple. Supprimer dans le cadre du plan power 08, dix mille emplois dont trois mille ont déjà disparu en un an et se recentrer sur son coeur de métier à la manière de Boeing, c'est à dire, concevoir les avions, les assembler, les vendre et les livrer.
Zéphyr rencontre cependant des vents contraires. En Allemagne, il n'y a plus désormais d'acheteur pour les sites proposés.L'acheteur potentiel OHB vient d'y renoncer. Du coup, en France, les salariés d'Airbus remontent au créneau sur le thème de l'égalité de traitement. Force ouvrier publie sur son site internet, la lettre qu'il vient d'adresser à Louis Gallois. Dans ce document, le syndicat interpelle le pdg sur ses promesses de "simultanéité et de équité" entre la France et l'Allemagne. Et il demande à ce que "si le projet Zéphyr est remis en cause en Allemagne, il doit, dans un souci d'équilibre et d'impartialité être remis en cause dans tout Airbus".
L'intention du syndicat est louable, comme la manifestation des salariés à st Nazaire ville - l'un des sites à vendre - le 9 Avril dernier. Mais l'analyse syndicale fait l'impasse sur une réalité. La fin de la dualité qui jusqu'alors dominait le fonctionnement d'Airbus. L'entreprise souhaite désormais fonctionner comme un groupe intégré, c'est à dire faisant fi des nationalités et des équilibres sociaux dans les pays où il est implanté. Pour preuve, la vente des sites de st Nazaire ville et Méaulte se poursuit et devrait être réalisée d'ici le 1 er Juillet prochain.
Le repreneur toulousain Latécoère a prévu une augmentation de capital de 300 millions d'euros par une mise en vente d'actions sur le marché. Il pourra ainsi reprendre 500 des 900 emplois à st Nazaire ville et les activités: fabrication de grands panneaux et cadres de fuselages métal ainsi que les structures planchers des avions tandis que Méaulte fabrique la pointe avant des appareils. L'acquisition de St Nazaire se fera sur quatre ans. Au début Airbus gardera 60% du capital tandis que Latécoère en possédera 40%. Avec une nouvelle usine à Méaulte et un plan de charge de + 40% d'ici 2010, Latécoère espère un chiffre d'affaire multiplié par trois, soit 1 milliard et demi d'euros au lieu de 500 millions actuellement, avec cependant des délocalisations dans les pays à bas salaires comme la Tunisie.
C'est ce second aspect du "développement" qui fait craindre aux syndicats un détricotage d'Airbus et une fragilité pour l'ensemble du constructeur européen à l'image de boeing. En effet, "le modèle Boeing évoqué comme référence à l'annonce du plan Power 08, il y a un an, a depuis montré ses limites" explique Frédéric Homez de FO. La preuve, "le programme dreamliner aura a terme plus de retard que l'A 380 et Boeing est contraire de faire marche arrière dans son processus d'appui sur ses partenaires à risque". Le concurrent de l'A 350 compte en effet déjà plus de 15 mois de retard en raison de problème technique sur le caisson central et Boeing envisage de revenir dans le capital de son sous-traitant pour éviter de nouveaux écueils.
L'autan toulousain l'emportera t-il sur le Zéphyr Airbusien ? Réponse au prochain round.
F. bey