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Billet de blog 26 mai 2008

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Airbus: une nouvelle sidérurgie ?

Airbus comme la sidérurgie? Dites ainsi, la chose parait totalement folle. Tout d'abord parce que la sidérurgie a été supplantée par des technologies plus conformes à l'époque.

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Airbus comme la sidérurgie? Dites ainsi, la chose parait totalement folle. Tout d'abord parce que la sidérurgie a été supplantée par des technologies plus conformes à l'époque. Dans les voitures par exemple, on a a remplacé l'acier par les matériaux composites. l'acier était donc mécaniquement condamnés à décliner. Ensuite parce que l'aéronautique est une industrie en pleine expansion. La preuve, Airbus à six ans de travail dans ses carnets de commande, et l'avionneur en a collecté 4% de plus au premier trimestre. Ensuite parce que la sidérurgie, industrie lourde, ne pouvait pas être physiquement délocalisée, Ce qui n'est pas le cas de l'aéronautique. On peut toujours construire ailleurs ce qui coûte trop cher ici. Cela dit, il y a des signes qui font redouter le pire et montre la fragilité du géant européen pour ses salariés et la région Midi Pyrénées , son principal lieu d'implantation en France avec environ cinquante mille emplois.

les signes sont multiples. Il y a ceux externes liés à une conjoncture qui s'annonce désormais comme une donnée de longue durée. Il s'agit du prix du baril de pétrole. Le temps d'un pétrole pas cher est fini. A 135 euros le baril, le kérosène devient un élément clé du fonctionnement quotidien des compagnies aériennes. Pour faire face, deux solutions déjà choisies par nombre de compagnies: augmenter le prix du billet et réduire la voilure, autrement dit, le nombre d'avions en vol, donc de places disponibles et de liaisons aériennes. C'est par exemple le cas d'América Airlines. Elle réduit sa voilure de 11 % sur son marché intérieur, de Delta airlines qui devrait supprimer 15 à 20 liaisons et deux mille emplois, idem pour United Airlines tandis que Northwest et continental comptent gagner 5% en supprimant notamment pour le premier cité un millier d'emplois ( cité par l'expanson.com) . Mais il y a surtout les signes de réorganisations internes.

Ainsi, après son échec de la vente des sites allemands et français à des partenaires de premier rang - Latécoère en France pour les sites de Meaulte et st Nazaire ville - Airbus reprend ses billes pour mieux les disperser. Son intention avouée par le pdg Thomas Enders dans un courrier aux salariés est clair:

"Dans une prochaine étape, les site de Méaulte et de St Nazaire-ville seront tous les deux externalisés d'Airbus. Comme pour les sites de Nordeham, Varel et Augsbourg, c'est une phase transitoire qui devrait mener à terme à la vente (...) à un ou plusieurs partenaires financiers" écrit le PDG. Autrement dit, les sites seront transformés en des filiales puis vendues à qui en veut: à des fonds de pensions comme à des fonds souverains. Une logique financière des plus instables pour une industrie qui a besoin de long terme. Fabrice Bréguier, le numéro deux airbus, met les points sur les i à sa manière en déclarant: " ce que Latécoère devait faire, nous le ferons nous mêmes". La perspective de la délocalisation des savoirs-faire après la vente des sites est donc bien un objectif affirmé. quand aux salariés d'airbus, ils doivent s'attendre dés cet été à un renforcement du plan poewer 8 puisque Thomas Enders précise dans le même courrrier que "des efforts conséquents seront sollicités afin, non seulement d'assurer les économies exigées par Poewer 8 mais aussi de maîtriser les coûts d'objectifs du programme A 350 XWB."

Au moins 5% de ce projet devrait aussi être réalisé par des partenaires russes et chinois qui ont pour eux d'être dans la zone dollar moins coûteuse que la zone Euro. Certains sous traitants d'Airbus, qui ont une partie de leur production délocalisée en Tunisie, au Maroc, notamment, sont dailleurs déjà payer en dollar. C'est déjà " le cas de Thalès et de Latécoère faisant peser sur eux le risque de change" note l'expert aéronautique Pierre sparaco.

Mais les salariés ont aujourd'hui une crainte plus forte encore. ils redoutent de faire les frais d'un marchandage étatique entre la France et l'Allemagne. le deal est révèlé par le journaliste Paul Betts du financial times deustchland. il explique que chaque président français - de Gaulle, Mitterrand, Chirac - ont eu une ambition national au sein de l'Europe. Celle de Sarkozy serait de postuler au leadership mondial en matière de nucléaire civil, d'où sa boulimie à vendre du nucléaire français à chacun de ses déplacements. Il proposerait donc à l'Allemagne de prendre en charge totalement eads contre un renoncement à concurrencer paris en matière énergétique. Autrement dit, à vous Airbus, à nous le nucléaire civil.

Il est naturellement difficile de valider, à ce jour, ce type d'option mais si tel était le cas, Airbus ne serait plus qu'une branche française d'une entreprise allemande qui n'aurait pas d'état d'âme a élaguer dans l'hexagone pour délocaliser chaque fois que le besoin s'en ferait sentir comme cela est déjà entrepris. Dans un an, la chine produire 8 avions par an. La version cargo de l'a 330 se fera aux Etats unis ou mille emplois doivent être crées, d'autres cargo seront montés en Russie, et nombre de sous traitant s'installent dans les pays à bas coût pour résister au laminage. Sans être la sidérurgie, le détricotage du système Airbus aura forcément des conséquences sur l'emploi dans une région hyper dépendante du deuxième constructeur mondial d'avion.

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