L’A 380 vole depuis un an. Il a déjà transporté 700 mille passagers pour Singapour Airlines, Emirates et Quantas. Mais aujourd’hui, le problème d’Airbus, c’est de vendre. D’où cette idée d’aider les compagnies à financer leurs achats d’avions.
Le constructeur européen prend ainsi acte de la crise actuelle qui provoque plusieurs goulots d’étranglement. Il y a tout d’abord eu la flambée du prix du pétrole qui a réduit les marges de bénéfice des compagnies aériennes. Il y a eu ensuite une baisse du trafic aérien plus importante que celle vécue en 2003 au moment de la panique créée par la grippe aviaire, y compris parmi les business class. Selon les Echos, les compagnies aériennes américaine et asiatique auraient enregistré une baisse de 10% en Octobre et même - 40% pour British Airways. Une baisse « particulièrement rapide et étendue » selon le directeur de l’association internationale du transport aérien qui a pour conséquence une perte de 5,2 milliards pour les compagnies aériennes. Une compagnie comme Air France prévoit du même coup une croissance nulle d’ici 2011 et une baisse de 3% de ses effectifs par le nom remplacement des départs en retraite. Il y a désormais en plus la restriction du crédit. Or, les compagnies ont besoin d’acheter de nouveaux avions plus compétitifs, moins gourmands, pour rester au top.
C’est pourquoi Airbus se propose aujourd’hui d’aider ses clients à financer leurs achats d’ avions. Révélé par le Financial Times, l’information a été confirmée par Fabrice Bréguier, le Directeur Général de l’avionneur européen. « Nous ne sommes pas des banques, nous n’allons pas nous substituer à elles, mais nous pouvons participer à une partie du montage financier » a-t-il expliqué. Cette mesure n’est pas en soi nouvelle. Elle a déjà été mise en œuvre lors d’une précédente crise. « Nous avons déjà fait du financement de ventes après le 11 septembre 2001 pour maintenir un niveau correct en soutenant nos clients. Il y a eu 18 mois difficiles, mais on a pu vendre ensuite nos créances, nous n’avons pas perdu d’argent, ce n’était pas un argent mal placé ». Cette mesure vise en particulier des compagnies indiennes et américaines qui connaissent des difficultés et qui sont de gros clients d’Airbus. En d’autres temps, il est arrivé à Airbus de consentir des rabais conséquents. En 2007, le Times, citant des sources industrielles, évoquait des rabais de 46 à 53% pour placer auprès d’Emirates et de Finnair l’a 350 800 et 900.
Pour certaines compagnies, les difficultés sont apparues dés cet été. En Août dernier, United Airlines faisait savoir à la SEC, le gendarme de la bourse américaine, qu’ « il est hautement improbable qu’UAL prenne livraisons de ces appareils ». Il s’agissait en l’occurrence de 42 A 319 ET 320 d’un montant total de 2, 2 milliards de dollars.
On comprend mieux dans ce contexte pourquoi, il y a une dizaine de jours, Airbus a décidé de ne pas monter en puissance la production de ses A320 qui restera à 36 avions par mois, au lieu des 40 prévus.