bourgade

Abonné·e de Mediapart

Billet publié dans

Édition

Toulouse

Suivi par 20 abonnés

Billet de blog 30 mars 2009

bourgade

Abonné·e de Mediapart

Avis de tempête pour l'Airbus A 400 M

bourgade

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

L’A 400 M joue les arlésiennes. L’appareil militaire européen a déjà 4 ans de retard et désormais Thomas Enders, le patron d’Airbus, met les points sur les i. « Dans les conditions actuelles, nous ne pouvons pas construire l’avion » affirme t-il au journal Der Spiegel. Une annonce qui est moins catastrophique qu’il n’y parait. Airbus se livre en effet à une stratégie pour contraindre les pays clients à se mettre enfin d’accord sur un avion standard plutôt que du cousu main.

Ce n’est pas le premier déboire que connaît cet appareil destiné à remplacer dans les armées de 7 pays européens, les avions Hercules C130. Des appareils qui sont à bout de souffle et que l’armée utilise pour transporter des troupes et du matériel sur les terrains d’opération. Prévu pour être livré dés l’an prochain, l’appareil n’a cessé de connaître des retards dus essentiellement à des problèmes techniques de motorisation et à l’informatique embarquée. Dans un premier temps, Airbus a fait porter la faute de ces retards au groupe Safran. Mais il apparaît que les difficultés ne lui sont pas toutes imputables. Deux sénateurs, l’ump Jacques Gautier et le socialiste Jean Pierre Masseret ont en effet rendu en Février dernier, un rapport qui n’est pas tendre pour l’avionneur.

« Industriellement, Eads a sous estimé l’ampleur du défi et, managérialement, n’a pas mis toutes les chances de son côté pour le remporter. Eads s’est engagé à réaliser un avion qu’il n’avait jamais fait sans se doter de la meilleure organisation pour le faire. Il a de surcroît formalisé cet engagement dans un type de contrat inadapté. Le dialogue indispensable entre l’industriel et le donneur d’ordre a fait défaut. Enfin, la faible capacité de l’Occar (organisme qui regroupe les pays clients ) à prendre des décisions, au moins au début du programme, et le manque de dialogue entre EADS et les sous-traitants, ainsi que les problèmes d’organisation du consortium ont conduit à retarder l’identification des problèmes et donc leur résolution ».

Conséquence, l’A 400 militaire n’a toujours pas effectué son premier vol d’essai. Et désormais les armées sont aux abois, car elles ont impérativement besoin de cet avion.

L’annonce fait par Thomas Enders est plus stratégique que catastrophique. « Nous avons déjà trop investit pour renoncer. Et puis, si on arrêtait le programme, cela aurait une influence sur l’emploi à Séville en Espagne et dans l’usine de Filton en Angleterre » explique Jean françois Knepper, du syndicat Force Ouvrière. « C’est un moyen de pression sur les pays clients » analyse Xavier Pétracci de la CGT. « Une pression au moment où se réunit le G20 dans lequel se trouve tous les pays clients » poursuit-il. « L’idée, c’est sans doute de fabriquer un avion standard plutôt qu’un avion avec des spécificités qui en compliquent la construction. »

La manœuvre est manifestement est la bonne. A peine énoncé, EADS a pondéré son propos et s’est déclaré « toujours pleinement engagé dans la construction de l’A 400 M ». Durant sa visite au camp militaire de Caylus dans le Tarn et Garonne, Hervé Morin a lui aussi nuancé la situation. « Nous sommes, il y a quelques jours, convenus d’un contrat de dialogue de trois mois qui doit justement nous permettre de trouver des solutions. Je souhaite que ce programme européen soit préservé. C’est un programme européen phare, un programme majeur pour l’industriel, un programme extrêmement bien placé et unique dans le monde. Il n’y a pas d’avion comparable. Il a de belles perspectives à l’exportation. Je fais tout pour sauver ce programme et que pour les pays européens restent ensemble. C’est un programme militaire, avec un saut technologique considérable, et donc y’a toujours du retard dans les programmes d’armement. Pour prendre un programme comparable américain, le C 17, y’a eu 4 ans de retard. Moi ce que je veux, c’est un calendrier clair, net qui nous permette de savoir quand nous aurons l’avion. Les espagnols sont exactement sur la même longueur d’onde que nous, les allemands souhaitent la poursuite du programme, reste à le faire partager à tout le monde ».L’évolution du programme A 400 M pèse en tout cas déjà sur les finances de l’avionneur. Le développement et la construction de l’appareil ont coûté 20 milliards d’euros. Le surcoût du programme est de 2 milliards d’euros lequel est déficitaire de 8%. Eads a également provisionné 1, 8 milliards dans ses comptes. Et si le programme devait s’arrêter – ce qui parait inenvisageable – Airbus devrait en plus des pénalités rembourser 5, 7 milliards d’euros consentis par les pays clients.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.