
(Kai Littmann) – Le référendum du 7 avril 2013 portant sur la création d’un Conseil unique d’Alsace engendre de drôles de coalitions. Ce sont les extrémistes alsaciens qui se prononcent pour le «non», autant l’extrême-droite que l’extrême-gauche. Et, fait étrange, au moins une partie du PS bas-rhinois se joint aux forces extrémistes et anti-européennes. Incroyable, –mais vrai – le parti au pouvoir dans la capitale européenne défend la même position que les extrémistes de la droite et de la gauche.
La même position ? Si les représentants du PS bas-rhinois qui se prononcent contre ce Conseil unique d’Alsace ont certainement des raisons différentes de celles avancées par le FN et d’autres partis extrémistes, le résultat est là – tandis qu'une grande majorité des Alsaciens semble être favorable à ce nouveau Conseil, le PS bas-rhinois campe sur sa position avec un frêle «non - pas en l’état», comprendre : «on veut bien de ce nouveau conseil, mais uniquement à condition que tout se passera désormais à Strasbourg». Mais qui dit «non», se doit d’en expliquer clairement ses raisons aux électeurs et électrices alsaciens, de préférence en proposant des alternatives.
Mais à moins d’un mois du référendum, il est trop tard pour mener des débats de fond avec les citoyens ou pour trouver des alternatives – est-ce que le PS bas-rhinois n’a pas estimé ce dossier assez important pour proposer et négocier d'autres options en amont ? Maintenant, pour sauver ses meubles, il doit faire cause commune avec l'extrême-droite (et l'extrême-gauche) et le PS doit espérer que les électeurs aient la mémoire courte. Si jamais les électeurs se souviennent en 2014 que le PS bas-rhinois n'a pas soutenu ce projet d'innovation pour l'Alsace en acceptant ce «drôle de ménage» avec les partis extrémistes, il pourra déjà faire ses valises à la Place de l’Etoile à Strasbourg.
Bien sûr, il y a une grande différence entre les positions du PS bas-rhinois et celles du FN, d’«Alsace d’abord !» ou les partis de l’extrême-gauche. Si le PS craint pour son «rayonnement européen» (en considérant que l’installation de certaines directions de cette nouvelle administration dans les autres villes du Rhin Supérieur puisse ternir l’image de la capitale européenne, sans avoir jamais fourni des preuves que cela puisse réellement affecter l’image strasbourgeoise), les nouveaux compagnons de route du PS sont eux, carrément pour la sortie de la France de l’UE (le FN a lancé une pétition en ce sens sur son site Internet) et pour l’abolition de l’Euro. Evidemment, le PS ne soutient ni l’une, ni l’autre proposition, mais les électeurs sont en droit de s’attendre à une approche plus mature que ce «non au projet en l’état». Cette position fait penser à un enfant qui tape du pied parce que ses voeux ne sont pas exaucés.
Mais là, il ne s’agit pas d’un jeu d’enfants où les uns ou les autres peuvent se mettre à bouder, il s’agit d’un référendum qui pourra ouvrir la voie vers une Alsace plus moderne au sein d’une France plus moderne. Pour un tel dossier, il convient de laisser les sensibilités politiques de côté et se pencher sur la réalisation d’un pas important pour l’Alsace. Les Alsaciens qui se rendront aux urnes le 7 avril le savent désormais – il ne faut surtout pas voter d’après une recommendation de vote issue d’un parti politique. Chaque citoyenne et chaque citoyen doit voter en son âme et conscience, sans sacrifier son opinion sur l’autel des ambitions politiques des uns et des autres. Le spectacle que livrent les partis politiques dans le cadre de cette campagne est lamentable et verse de l’eau sur le moulin de ceux qui estiment que les partis politiques se soient trop éloignés des préoccupations des citoyens. N'importe le résultat du vote du 7 avril, quelque partis politiques l'ont déjà loupé.
Cet article est également paru dans eurojournal.net.