Souvent les historiens se demandent comment les hommes politiques, surchargés d'activités, trouvent le temps d'écrire des livres. Un essai politique, on le conçoit, dans le feu de l'action. Mais une biographie historique, dont chacun sait à quel point l'ouvrage demande, temps, méthode et investissement, cela ne laisse pas d'étonner. Les plus mauvaises langues, ou les mieux informés, invoquent les nègres qui préparent les fiches, ou, mieux, rédigent entièrement le volume. Dans le milieu, des noms circulent..., qui pour tel ouvrage sur la Banqueroute de Law, qui pour tel volume sur François Ier... Les historiens les plus méchants ou les plus taquins s'amusent à souligner la platitude ou les faiblesses de tel ou tel volume. Evidemment tout l'enjeu réside dans la position du biographe : que veut-il dire et à quoi cela sert-il de l'attaquer sur ses piètres qualités historiennes ? Adrien Le Bihan dans le "contre-journal" de Libération de ce matin présente son livre sur le Georges Mandel de Nicolas Sarkozy (La Fourberie de Clisthène) pour dénoncer bourdes, méthodes étonnantes et autres présentations étranges. Il peut y avoir mauvaises querelles à traquer des erreurs : tout livre historique en comporte, Antoine Prost l'a souligné dans ses Douze leçons sur l'histoire. La question tient à leur importance dans le raisonnement, à leur quantité... et leur qualité pourrait-on dire... Celles relevées par Adrien Le Bihan, sont, il faut le reconnaître assez piquantes. En attendant de lire son propre volume, une pièce sur les enjeux politiques de l'histoire aujourd'hui.
N.O.
Sur les usages de l'histoire par Nicolas Sarkozy, on renverra au site du Comité de Vigilance sur les Usages de l'histoire, http://cvuh.free.fr