Pendant ce temps (dans la série) : Paroles paroles... Emmanuel Macron explique qu'à la COP27, « la France et l’Europe ont réaffirmé leur engagement pour le climat. Nous avons besoin d’un nouveau pacte financier avec les pays les plus vulnérables. J’y travaillerai avec nos partenaires en vue d’un sommet à Paris avant la prochaine COP ».
Seulement, occuper l'espace médiatique il sait faire. Pour le reste, le problème avec l'inaction climatique c'est qu'à un moment on finit par ne plus le croire. On aimerait, mais c'est dur. D'autant que pas plus tard que le 13 novembre dernier, il s’est livré à un exercice de communication rare, en répondant à des questions sur l’écologie directement posées par des internautes sur les réseaux sociaux où il a dit sa vérité sans dire toute la vérité, rien que la vérité, il le jure. Ainsi, France Info a relevé trois affirmations inexactes.
Ici, à Strasbourg, ça ne nous surprend pas car nous savons ce que valent les mots du Président en matière d’écologie sous le goudron de ses amis de chez Vinci : une autoroute à péage de 24 km imposée par l’État le 30 août 2018 contre toute logique environnementale1. En 2022, l’action juridique suit son cour et nous sommes à 10 avis négatifs d’une autoroute qui fonctionne, mais illégale!2
Des paroles aux actes
Monsieur Macron parle. Il cherche à convaincre l’opinion publique que son action politique tient compte des problèmes environnementaux et climatiques auxquels nous sommes confrontés.
Seulement, si Emmanuel Macron veut que l’écologie soit la base de sa vision politique, il faut qu’il le prouve. Aujourd’hui, il brasse de l’air et ce sont nos espaces agricoles et naturels qui disparaissent. Pour le contournement Ouest de Strasbourg c’est 350 hectares de terres et d’espaces boisés qui ont disparu. S’il ne fait rien, l’encours projets d’infra routière identifiés par la coalition nationale La Déroute des Routes3 de 91 projets, menace 7 000 hectares de terres agricoles ou naturelles, soit l’équivalent de 7633 terrains de foot. Cet encours projets pèse plus de 26 milliards d’euros.
Un moratoire sur les projets d’infrastructure routière
La coalition La Déroute des routes sort d’un week-end de travail à Montpellier qui a été sa deuxième rencontre intercollective (11-13 novembre). Une vingtaine d’organisation étaient représentées.
Près de Montpellier notre conférence a démarré !
— La Déroute Des Routes (@La_Deroute) November 13, 2022
Pourquoi et comment se battre contre les dizaines de projets routiers qui prolifèrent partout en France, et avec les mêmes problématiques ?
On vous raconte ça ! 👇👇 pic.twitter.com/xSU7oRGqd9
Emmanuel Macron veut montrer qu’il agit en faveur du climat. Chiche, que notre moratoire national, qui appelle à une remise à plat complète de tous les projets d’infrastructures routières sur notre territoire, devienne une réalité.
La coalition, qui compte une cinquantaine d’organisations, a déjà fait valoir ses arguments dans un appel rendu public en juillet. Des parlementaires ont marqué leur intérêt. Une délégation de la coalition a été auditionnée le 15 septembre à l’Assemblée nationale et prochainement, la question sera débattue au Sénat4.
Mettre en déroute les routes, c’est ouvrir des possibles. Emmanuel Macron a l’occasion de mettre ses paroles en acte à commencer par ce moratoire.

Agrandissement : Illustration 2

1. 7 avis négatifs au moment de la signature de l’Autorisation unique. Nous sommes à 10 avis négatifs
2. En juillet 2021, le tribunal administratif de Strasbourg a donné raison aux opposants sur 5 des 6 recours jugé sur le fond. Le TA avait donné 10 mois à Vinci pour revoir son dossier des compensations environnementales (retoqué par le CNPN et l’Ae) et à l’État de refaire une enquête complémentaire sur le volet environnemental (avis négatif en avril 2022). En ce 14 novembre 2022, le collectif GCO NON MERCI attend toujours la date d’audience. En attendant, l’autoroute fonctionne, mais reste illégal.
3. La Déroute des Routes est une coalition nationale né en janvier 2022 et qui regroupe à ce jour une cinquante d’organisation représentante autant de point de lutte contre un projet d’infrastructure routière sur notre territoire.
4. la question du moratoire a été saisie par le sénateur Guillaume Gontard qui a déposé une question orale qui sera débattue d’ici fin novembre. Il « interroge M. le ministre délégué auprès du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargé des transports sur la demande d’un moratoire sur tous les projets routiers[…] » afin de « connaître sa position sur la demande de moratoire des projets routiers et autoroutiers et la nécessité de les réexaminer au regard des stratégies fixées par l’État et des enjeux climatiques, écologiques et sanitaires auxquels nous faisons face. »